Le programme Ibhar 2 risque-t-il de connaître le même sort que son prédécesseur ? C'est la question qui taraude actuellement bon nombre de professionnels de la pêche côtière et artisanale, opérant dans la région du sud. Près d'une année après son lancement, le programme peine à maintenir le cap. Alors que cette 2e édition avait promis une réussite, notamment à travers la signature de la convention d'opérationnalisation sur la période 2011-2014 et l'implication des professionnels, via les Chambres de pêche maritime, les résultats escomptés ne sont pas encore probants. La cause, cette fois-ci, est liée essentiellement au retard de déblocage des subventions destinées à la modernisation et à la mise à niveau de la flotte côtière et artisanale. Aucune subvention n'a été accordée et les professionnels pointent du doigt le ministère de l'Economie et des finances. Résultat, la majorité des chantiers navals lancés par les armateurs au niveau de la région, ont été bloqués ou arrêtés momentanément. Rappelons que l'accord afférent à la deuxième phase du programme de modernisation et de la mise à niveau du segment côtier et artisanal, avait été signé le 16 mai 2011, entre la tutelle et le ministère des Finances. «On a réussi à dépasser les dysfonctionnements liés à la première phase, via l'adhésion des professionnels à ce programme. À tel point que l'on est parvenu a impliquer 480 barques appartenant au segment artisanal pour la mise à niveau, ainsi que 30 dossiers relevant de la pêche côtière. Ces requêtes sont toujours en suspens face au mutisme (5 mois) des autorités concernées», déclare Abderrahmane Sarroud, président de la Chambre des pêches maritimes de l'Atlantique-centre Agadir. De plus, ce blocage «intervient au moment où les banques ont déjà commencé l'octroi des crédits aux armateurs, avec des taux préférentiels fixés à 5,9% au lieu de 6,9%», ajoute la même source. En effet, le mode de financement du programme est réparti entre l'Etat, dont la contribution est fixée de 20 à 30% (selon le package) du montant de l'investissement, le prêt bancaire plafonné à 60% et l'autofinancement de l'armateur à 10%. Il y a lieu de noter que le taux de la subvention a été revu à la hausse par rapport à la précédente édition, de 15 et 20% à 20 et 30% pour les bateaux en bois et en fer. S'agissant de la composition globale du programme, il se décline autour de deux principaux volets. Il s'agit du 1e axe, dédié à la mise à niveau de la flotte côtière et artisanale. Ce sont ainsi 15.000 barques et 1.600 navires côtiers qui sont visés. Par ailleurs, la modernisation de la flotte côtière est l'autre volet du programme Ibhar 2. Il a pour but d'introduire 400 nouveaux navires de conception moderne, d'ici 4 ans (2011-2014). Dans ce sens, deux packs on été confectionnés. Il s'agit du pack Safina pour la substitution des navires vétustes par d'autres en bois. L'appui de l'Etat est fixé à hauteur de 20% du montant de l'investissement du navire, avec un apport personnel minimal de 20% pour l'armateur. Pour Safina, l'objectif est d'introduire de nouveaux prototypes de navires. L'appui financier de l'Etat se fixe à 30% du montant de l'investissement du navire armé, tandis que l'apport personnel minimal de l'armateur est fixé à 10%. La stratégie Halieutis s'articule autour de trois axes dont celui du renforcement de la compétitivité via la réorganisation du secteur. Or, de l'avis d'Abderrahmane Sarroud, sans la mise à niveau et la modernisation de la flotte côtière et artisanale, ces deux segments ne peuvent pas accompagner les plans d'aménagement mis en place par le département de tutelle, mais aussi exercer leur travail dans des conditions optimales de sécurité, d'hygiène et surtout de qualité.