Il est des villes qui par l'aura qu'elles dégagent sont prédestinées à refléter l'art et la culture. Après New York, Paris, Madrid, Berlin et Londres, Marrakech est-elle en train de devenir la capitale de l'art moderne et contemporain mondial ? En constatant l'envergure de la première édition de Marrakech Art Fair qui aura lieu du 8 au 11 octobre courant, il est certain que la ville ocre jouera un rôle prépondérant dans le rayonnement du marché de l'art au Maroc. Le prestigieux palace Es Saâdi qui témoigne d'un passé culturel glorieux (visites inoubliables de la diva de la chanson arabe Oum Kaltoum, de la célèbre chanteuse américaine Joséphine Baker ou encore du mythique groupe britannique Rolling Stones), abritera cette foire internationale, la première du genre au Maroc. Un cadre qui correspond parfaitement à l'esprit de Marrakech Art Fair : mettre en avant l'art marocain, tout en s'ouvrant sur les cultures arabes, africaines et occidentales. «À travers cette foire nous aspirons à constituer une passerelle entre deux cultures, entre les grands noms de l'art moderne et contemporain occidental et les artistes marocains contemporains déjà cotés sur le marché ou qui restent encore à découvrir», explique Hicham Daoudi, président d'Art Holding Morocco et initiateur de l'événement. Un programme diversifié Pour cette première édition, les organisateurs n'ont pas manqué d'ambition : 31 exposants (10 galeries du Maghreb, 19 d'Europe et deux du Moyen-Orient), un programme diversifié touchant toutes les formes d'art (peinture, sculpture, photographie, installation et mixed médias), des tables rondes animées par des spécialistes du marché de l'art international débattant de sujets d'actualité, notamment «les Mécènes et les collectionneurs» ou «le Maroc de l'art à l'heure de la globalisation». Marrakech Art Fair c'est aussi un événement dédié au Street art marocain. En effet, ce programme qui sera organisé en marge de la foire propose à des graffeurs d'investir les huit appartements d'un immeuble privé en plein centre de Marrakech. «Vous savez, la nouvelle génération est très créative et travaille très différemment de l'ancienne en s'intéressant à de nouvelles déclinaisons de l'art. C'est le cas du Graff' qui a longtemps été ignoré par le monde de l'art. En organisant le Street art marocain, nous voulons confirmer la place qu'occupe cet art dans le paysage national et surtout démontrer que c'est un art à part entière», souligne Daoudi. Une fois encore, Marrakech sera sous les feux des projecteurs. Les galeristes installés au Palace Es Saâdi depuis jeudi suscitent l'engouement et la curiosité des amateurs d'art. Toutefois Daoudi tient à préciser que Marrakech Art Fair n'est point une place commerciale, telle Londres, célèbre par sa foire Frieze. «Tout est réuni : les médias, les spécialistes, les galeristes... Il s'agit vraiment d'un début très prometteur. Mais, il nous reste un long chemin à parcourir pour atteindre un niveau international. Nous ne pouvons pas nous comparer pour le moment à Londres où à New York où les milliardaires font le grand magasin de l'art actuel. À défaut d'être une place commerciale, Marrakech est un carrefour de rencontres entre les artistes marocains et étrangers». À quelques semaines du grand événement cinématographique, le FIFM, voici donc un avant-goût des manifestations qui font de cette ville un haut lieu de la culture. Ihssane Andaloussi