En attendant d'accueillir le sommet pour la région de l'Afrique du Nord et du Moyen Orient du World Economic Forum (WEF) en octobre prochain, le Maroc est passé au crible de cette institution. En effet, le Think tank, célèbre pour son Forum de Davos, vient de publier la version 2010-2011 de son rapport sur la compétitivité mondiale. S'il n'y avait qu'une chose à retenir de cette étude, ce serait que le Maroc arrive par son actuel niveau de compétitivité au 75e rang sur 139 pays classés par le WEF. Ce faisant, le Royaume perd deux places par rapport au classement de l'année dernière qui ne couvrait toutefois que 133 pays. Pour situer le Maroc au niveau régional, on notera qu'il arrive deuxième derrière la Tunisie. A ce titre, il fait mieux que l'Algérie (qui arrive au 86e rang), la Lybie (100e) ou encore la Mauritanie (135e). En revanche, la Tunisie semble avoir creusé l'écart en ayant pris la tête du classement dans la région du Maghreb sachant aussi qu'elle arrive 32e à l'échelle mondiale. À l'instar de la démarche adoptée pour l'ensemble des pays classés, le WEF dresse un profil complet de la compétitivité du Maroc en l'approchant à travers trois grandes catégories de critères : les conditions de base, les catalyseurs du rendement ainsi que les facteurs d'innovation et de sophistication. La première catégorie de critères, sur laquelle le Maroc est classé 64e , évalue le Royaume sur ses institutions, son infrastructure, sur l'environnement macroéconomique ainsi que la santé et l'éducation de base. Sur ces champs, qui figurent comme autant de pré-requis à la compétitivité, c'est en termes d'environnement macroéconomique que le Maroc est le mieux classé puisqu'il figure parmi les 30 premiers pays. De quoi ravir le ministre de l'Economie et des finances, Salaheddine Mezouar qui n'a eu cesse de rappeler que les équilibres budgétaires du Royaume sont maintenus et qu'ils sont sources de confiance pour les investisseurs. S'agissant toujours de pré-requis à la compétitivité, la prestation du Maroc pour ce qui est des institutions et des infrastructures, le positionne dans le milieu du classement. Il n'empêche que, sur ces deux derniers volets, on relève quelques points noirs à l'image de la protection des investisseurs sur laquelle le Maroc est classé 127e sur 139 pays. Enfin, les voyants sont au rouge pour la santé et l'enseignement primaire qui classent le Maroc au 94e rang. En poussant plus loin, sur le volet de la santé, ce sont spécifiquement la mortalité infantile, ou plus étonnamment, l'impact du Sida et de la tuberculose sur les affaires qui enfoncent le Maroc, le classant 105e quant à ces aspects. S'agissant de l'enseignement primaire, c'est sa qualité et les taux d'inscription qui le caractérisent qui positionnent le pays dans le tiers inférieur du classement sur ce volet. Cela nous amène aux catalyseurs du rendement. Cette catégorie, où le Maroc est classé 88e, évalue l'éducation supérieure et la formation, l'efficacité du marché des biens, l'efficacité du marché du travail, le développement du marché financier, le développement technologique et la taille du marché. Comme l'on pourrait s'y attendre, c'est en termes de formation et d'éducation supérieure que le Maroc est le moins bien classé (102e). Là encore, ce sont les critères de qualité et de taux d'inscription qui justifient ce mauvais classement. Notons, néanmoins, sur le même registre de l'enseignement supérieur, une mention positive : le Maroc se classe dans le top 50 s'agissant de la qualité de ses écoles de commerce. Il paraît également à la traîne quant à l'efficacité de son marché du travail qui le positionne 130e dans le classement général. L'explication de cette mauvaise prestation se retrouve dans une participation des femmes manifestement insuffisante dans le monde du travail, une rigidité de l'emploi et une coopération salariés-employeurs encore perfectible... En effet, sur ces trois derniers points, le Maroc arrive au mieux 120e. Une note positive est à relever particulièrement et elle concerne étonnamment le rapport salaire / productivité qui classe le Royaume 50e sur 139 pays. Sur le critère de l'efficacité du marché de biens, la prestation du Maroc ressort moyenne avec un classement au 77e rang. En la matière, le Royaume se distingue en termes de nombre de procédures et de temps requis pour créer une entreprise, puisqu'il est classé 34e quant à ces critères. Toutefois, il occupe un rang plus médiocre en ce qui concerne ses droits de douane qui le positionnent 128e. La prestation du Maroc ressort également moyenne, en termes de préparation technologique (75e rang). Sur ce volet, aux deux extrêmes, l'on retrouve d'une part, les Investissements directs étrangers ayant trait à la technologie ainsi que le transfert technologique qui lui valent une 45e place et, d'autre part, l'Internet à haut débit pour laquelle le pays s'affiche 87e. Le Royaume affiche toujours une performance globalement moyenne enfin pour le critère de développement du marché financier avec une petite place au 74e rang. Mention spéciale sur ce volet néanmoins pour quelques points de performance enregistrés, notamment pour ce qui est du financement sur le marché de capitaux local (31e rang), et la disponibilité du capital risque (40e rang). Considérant tout cela, c'est sur le critère de la taille du marché que le Maroc affiche le meilleur classement en se positionnant 57e. Viennent enfin les facteurs d'innovation et de sophistication. Sur ce volet, le Maroc se positionne au 79e rang. Deux critères sont appréciés : la sophistication commerciale et l'innovation. Sur le premier point, si le Maroc bénéficie d'un classement au 52e rang en termes des quantités de produits disponibles chez les fournisseurs locaux, il est desservi par le contrôle de la distribution internationale (103e place). En terme d'innovation, la disponibilité des scientifiques et des ingénieurs compte comme un bon point pour le Maroc puisqu'il arrive 46e en la matière. En revanche, un retard reste à combler au niveau de la collaboration Université-Entreprise sur le volet recherche et développement (104e rang).