Le Maroc célèbre mercredi la journée internationale de l'alphabétisation, une occasion d'évaluer les réalisations accomplies sur la voie de la lutte contre l'analphabétisme et de prendre la mesure de la distance qui reste encore à parcourir pour l'éradication complète de ce fléau. Droit humain fondamental et outil indispensable de développement, l'alphabétisation constitue la clé de voute de toute entreprise de développement socioéconomique en ce qu'elle libère les énergies enfouies des groupes et des individus et favorise l'épanouissement de leurs ressorts profonds. Conscient du rôle vital de l'alphabétisme dans la promotion de la vie économique et sociale, le Maroc s'est engagé, depuis plusieurs décennies, à relever ce défi à la faveur d'une série de plans et de programmes, notamment à travers la promotion de l'éducation non formelle. Les premières initiatives dans ce sens remontent au lendemain de l'indépendance quand feu Mohammed V avait lancé, en 1956, la toute première compagne nationale visant l'alphabétisation d'un million de personnes. Depuis, le Maroc n'a cessé de multiplier les initiatives en matière de lutte contre ce fléau tant est si bien qu'entre les années 60 jusqu'aux années 90, le pays a réalisé un taux d'alphabétisation de 8%, particulièrement à la faveur de l'appel lancé par feu Hassan II en 1990 pour une mobilisation générale contre l'analphabétisme. Ces efforts allaient se conforter et se poursuivre sous le règne du Roi Mohammed VI avec autant d'engagement et d'enthousiasme, à telle enseigne que, conformément aux Hautes orientations royales, la lutte contre l'analphabétisme a été érigée à la tête des priorités de la politique sociale du gouvernement. Cet intérêt particulier s'est concrétisé par la création du Secrétariat d'Etat chargé de l'alphabétisation et de l'éducation non-formelle et de la Direction de l'éducation non-formelle, en plus de l'engagement d'autres ministères et l'implication des entreprises et des acteurs du tissu associatif dans l'élan général visant à intensifier l'action contre l'analphabétisme. La collaboration des différents intervenants dans cet effort revêt une importance particulière au regard de la complexité du problème de l'analphabétisme, quoique certains départements aient réussi avec plus ou moins de bonheur, à réaliser des avancées considérables en la matière. A titre d'exemple, le ministère des Habous et des affaires islamiques qui s'est, à lui seul, fixé pour objectif l'alphabétisation de 500.000 personnes durant la période 2005-2010, dans le cadre du programme national de lutte contre l'analphabétisme dans les mosquées, a réalisé au titre de l'année en cours un taux de réussite de 83,9%. Les efforts déployés par l'Etat en matière d'alphabétisation, ont permis de réduire le taux d'analphabétisme de 43% en 2004 à environ 30% en 2010, indique un communiqué du ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique. Parallèlement à ces efforts, le Secrétariat d'Etat a signé plusieurs conventions de partenariat avec des organisations internationales en vue de tirer profit des expériences des autres pays et de favoriser la collaboration avec les associations œuvrant dans le domaine de l'encadrement pédagogique. A cet effet, le gouvernement a lancé plusieurs programmes visant la concrétisation des ambitions définies par la stratégie nationale d'alphabétisation et d'éducation no-formelle mise en place une année après le lancement par le Roi Mohammed VI de la campagne «Massirat Nour» (La marche vers la lumière). Toutefois, malgré les avancées réalisées, le taux des femmes analphabètes reste alarmant, sachant qu'au Maroc comme partout ailleurs, les femmes viennent en tête des catégories les plus touchées par ce fléau. Rien d'étonnant donc à ce que l'Unesco, qui célèbre la journée internationale de l'alphabétisation sous le thème «l'alphabétisation et l'autonomisation des femmes», lance un appel à la communauté internationale afin d'accorder davantage d'intérêt aux femmes analphabètes. Selon l'organisation onusienne, deux tiers des 796 millions d'adultes analphabètes sont des femmes et les petites filles représentent encore plus de la moitié des 67,4 millions d'enfants privés d'école dans le monde.