La photographie. Ce 8e art en mal de cimaises dans le «plus beau pays du monde». Entre ancienne génération et autre montante, ce n'est pas par manque de talents ou de photographes tout court que l'image peine à s'afficher dans les lieux d'art, mais bien par carence de galeries d'art qui préfèrent se prêter aux caprices des autres plasticiens, jugés plus porteurs en termes de ventes. Si la photographie ancienne a depuis 20 ans fait l'objet d'une hausse constante de sa cote, c'est au tour de la photo contemporaine de profiter de l'euphorie du marché. Elle est définitivement ancrée dans les objets de collection, comme en juge la galerie 127 et Nathalie Locatelli Gomes de Almeida, sa créatrice. Avec son espace exclusivement dédié à la photographie, la galerie 127 s'impose comme pionnière dans le monde de l'image au Maroc mais également dans tout le Maghreb. Un pilier de la culture qui vient se rajouter à Marrakech, pour qu'elle se distingue mieux par son ouverture sur le monde, souvent excessivement, et son cosmopolitisme. Depuis sa date d'ouverture en 2006, de grands noms de la photographie contemporaine y sont passés, accueillant à raison de quatre, cinq expositions annuellement. On aura tout vu ! En effet, c'est toute l'année 2010 qui vit aux clichés des 22 artistes qui ont prêté leurs regards aux négatifs développés et accrochés sur les cimaises de la galerie. Ils viennent tous d'horizons différents. Parmi eux, Toni Catany, Carole Bellaïche, Delphine Warin, Philippe Lafond Alan Keohane, Leila Gandhi et Ali Chraïbi pour les deux seuls Marocains. Le premier est photographe espagnol de Majorque, de formation autodidacte qui a obtenu d'importants prix photographiques. Pour Carole Bellaïche, la presse internationale s'arrête sur sa photographie des enfants et dit : «Il y a du bonheur dans les photos de Carole Bellaïche. Il y a du bonheur parce qu'il y a des enfants qui font des gâteaux, qui courent vers le bord de la mer, qui plongent dans l'eau miroitante d'une rivière. Qui regardent des fleurs !». Delphine Warin, après des études de russe et de théâtre, elle, se dirige vers la photographie en 1988 en suivant des cours aux Etats-Unis. De retour à Paris, elle approfondit sa recherche avec un intérêt pour le portrait et entame des recherches personnelles avec pour priorité : révéler ce que les gens ont de plus intime. Pour le duo marocain, Leila Ghandi ne se présente plus, elle qui est qualifiée pour son humanisme au front du monde, via ses voyages et ses traductions par l'image. Bien des instants et des leçons à saisir à la galerie !