Chaque été, la famille Sebti plie bagage à destination de la Costa Del Sol. Cette famille de quatre personnes ne jure que par les plages de la province de Malaga. Ils sont de plus en plus nombreux, ces Marocains qui traversent le Détroit pour des vacances sur l'autre rive de la Méditerranée. Historiquement, ce sont les Allemands et les Anglais qui déferlaient dans cette région tout au long de l'année. À présent, les Marocains constituent une clientèle à part entière, faisant le bonheur et le business des hôteliers de cette région. «À la Costa Del Sol, un touriste sur quatre qui séjournent dans les établissements d'hébergement est Marocain», assure ce responsable d'une agence de voyages espagnole. Cette donne, les professionnels du tourisme de cette région balnéaire l'ont bien saisie. Selon Julia De Toledo, responsable des relations publiques du patronat du tourisme de la Costa Del Sol, le marché marocain acquiert de plus en plus d'intérêt. «Le vacancier marocain suscite un grand intérêt auprès des entrepreneurs de Malaga. De plus, les attractions destinées à cette clientèle sont nombreuses et diversifiées comme le tourisme de l'arrière-pays, le shopping, le golf, ou les diverses offres en matière de santé et de bien-être», nous explique cette responsable espagnole. Selon les statistiques fournies par ce département qui chapeaute toutes les actions en matière de promotion du tourisme, chaque année environ 300.000 nationaux optent pour les plages de la Costa Del Sol comme destination d'estivage. La dernière saison estivale, le nombre des Marocains ayant afflué sur les côtes malaguènes a enregistré une augmentation de 5%, avec 2,1 millions de nuitées. Selon ce département, cette hausse confirme la notoriété dont jouit cette région auprès du touriste marocain. Contactés par nos soins, certains hôtels comme Triton hôtel Benalmadena confirment cette tendance haussière. «Les touristes marocains effectuent un séjour d'une moyenne de 10 à 15 jours», assure cet hôtelier. Cet établissement qui affiche complet en mois d'août coûte environ 109 euros la nuit. Un séjour d'une quinzaine de jours d'une famille composée de quatre personnes en demi-pension avoisine les 4.000 euros, voire plus. Destination bon marché ? Si auparavant cette destination était l'exclusivité des familles aux revenus importants, aujourd'hui la clientèle marocaine présente sur les plages ou piscines de Malaga est hétéroclite. Les bourses moyennes peuvent prétendre à cette escapade. Le profil varie entre la petite famille en quête d'un cadre agréable pour les enfants, aux jeunes cadres qui viennent en groupe pour se bronzer le jour et faire la fête le soir, vu que les soirées espagnoles durent jusqu'à l'aurore. La saison coïncide aussi avec la période des soldes en Espagne qui s'étale sur une période de deux mois. Les professionnels du tourisme de Malaga réalisent, depuis quatre ans, des actions de promotion auprès de leurs homologues du Maroc pour stimuler la demande. Avant le lancement de l'actuelle campagne, plusieurs actions de marketing ont été réalisées à Casablanca, Tanger et Rabat. Le département maintient un contact avec 1.500 entrepreneurs dans le secteur du tourisme au Maroc. Et environ 25 entreprises de Malaga participent à ces actions de promotion. Outre les hôtels, le business des résidences et des appart-hôtels fleurit dans cette zone et la demande bat son plein. Un appartement en première ligne dans une résidence avec piscine coûte entre 75 et 140 euros la journée avec un minimum de 7 jours de séjour, pour une capacité d'hébergement allant jusqu'à 5 personnes. Un logement dans une résidence avec terrain de golf avoisine les 280 euros par jour en haute saison. La demeure permet l'hébergement de huit personnes. Conscientes de cette manne que représente le touriste marocain, plusieurs autonomies et villes aspirent à leur part du gâteau. Dans une étude publiée récemment, le conseil économique et social de Sebta a exhorté les autorités de la ville à mettre en place des mécanismes pour booster l'arrivée des touristes marocains, dans l'objectif de ravigoter l'économie de l'enclave. Sebta courtise les nationaux Le conseil a déploré dans son rapport le retard dans la mise en place d'un dispositif administratif permettant de délivrer des visas ad hoc aux Marocains désireux de se rendre à l'enclave pour des motifs de tourisme ou de shopping. «Cet ajournement nuit à l'économie de la ville», regrette-t-on. En guise de propositions, le rapport conseille vivement d'améliorer les relations avec le Maroc afin de revigorer l'économie locale de l'enclave. Les autorités de la ville érigent cela en priorité pour faire sortir l'économie du préside de son marasme. L'organisme consultatif a suggéré la récupération du caractère service public de la ligne maritime Sebta-Algésiras afin de proposer des tarifs abordables, capables de drainer des touristes potentiels. L'étude prévoit que sans cette démarche toute tentative de consolider le tourisme en provenance du Maroc restera un coup d'épée dans l'eau. Dans cette même lignée, le gouvernement de Sebta a procédé durant la dernière semaine de juillet à la distribution de 5.000 tracts et flyers dans toutes les résidences d'été au nord du Maroc. Son intention est de faire la cour aux touristes marocains en vacances dans cette région pour les emmener visiter la ville. Selon les initiateurs de cette action, le touriste marocain représente un potentiel important à ne pas négliger. Il était question au début de recourir aux moyens de communication traditionnelle, mais finalement les initiateurs ont opté pour cette démarche directe. Sebta a confié cette action promotionnelle à une entreprise marocaine, laquelle a procédé à la distribution de prospectus contenant le plan de la cité avec des informations détaillées sur les hauts lieux du commerce et les diverses activités nautiques dont dispose l'enclave.