Ce vendredi 4 décembre, le groupe jeune de l'Association Forum des alternatives Maroc organise sa première projection publique à partir de 18h à la salle du 7ème Art à Rabat. «La journée du film documentaire sur le patrimoine et la mémoire». C'est ainsi que les organisateurs ont choisi de baptiser la première sortie publique du projet «Regards Croisés sur le patrimoine marocain». Cofinancée par l'Union européenne, cette initiative vise à promouvoir et à valoriser un legs culturel et civilisationnel datant de plusieurs siècles. «Le projet se veut un espace d'expression pour les jeunes. On leur donne la parole pour exprimer artistiquement leurs visions et leurs idées», explique Ghassan Waïl El Karmouni, coordinateur des programmes Jeunesse du FMAS. Après dix mois de travail, les onze jeunes marocains ayant participé au projet vont pouvoir enfin montrer le fruit de leur engagement. L'événement du vendredi verra, ainsi, la projection de trois documentaires aux thématiques différentes. Il s'agit de «Grain de sable, une histoire d'eau» évoquant un savoir faire ancestral en l'occurrence la pratique des Khettarat très répandue dans la région du Tafilalt ; mais aussi de «Génération spontanée ?» traitant du brassage de musiques actuelles et traditionnelles. Le troisième film, intitulé «Ombres et lumières», relate quant à lui les expériences de revitalisation des Kasbah de Mehdia et de la Tour de Cigogne de Larache. «Autant de films avec autant de thématiques liées au patrimoine marocain et à ses différentes composantes qu'elles soient artistiques, matérielles ou immatérielles», relève El Karmouni, qui insiste sur le côté interactif de la manœuvre. «Cette projection publique sera également l'occasion de susciter des interrogations et d'échanger des idées à propos de notre héritage culturel, mais également de sa perception par les jeunes et par le public en général», ajoute-il. Cinéastes en herbe Mais avant d'en arriver là, les cinéastes en herbe ayant participé au projet «Regards Croisés sur le patrimoine marocain», ont du passer par plusieurs épreuves avant de pouvoir s'exprimer. D'après le coordinateur du projet, un appel à participation a été lancé au mois de mars 2009. «C'était assez ouvert. Etudiants, jeunes issus du milieu associatif... la seule condition était de présenter un CV, une lettre de motivation et , le plus important, une idée de film documentaire», précise-il. Les initiateurs de «regards croisés» ne vont pas tarder à recevoir plus de 70 demandes de participation. Filles et garçons, vont suivre un cursus assez corsé pour pouvoir participer à ce projet aux grandes ambitions pour être «examinés» lors d'une nouvelle journée de «sélection». «Après les différentes présentations, les jeux de rôle et entrevues individuelles, 11 candidats ont réussi à être sélectionnés», raconte Ghassan Waïl El Karmouni. Filles et garçons, vont suivre un cursus assez corsé pour pouvoir participer à ce projet aux grandes ambitions. Au menu, formation aux différents métiers du film documentaire à l'Institut spécialisé du cinéma et de l'audiovisuel à Rabat ; exercice à la médiation interculturelle à la faculté des sciences de l'éducation de l'Université Mohamed V. Ceci en plus des différentes rencontres avec des professionnels du film documentaire et autres acteurs associatifs. Au bout de cette expérience, les jeunes se sont constitués en trois groupes de 2 à 7 personnes pour réaliser collectivement ces trois premiers documentaires. Prochaine étape ? «Après la journée du documentaire à Rabat, les films partiront en tournée dans les régions où ils ont été tournés. C'est notre façon de croiser le regard des jeunes réalisateurs et celui des populations locales à propos des questions patrimoniales évoquées», nous annonce El Karmouni qui nous informe par la même occasion d'une prochaine tournée en France et en Espagne, grâce notamment aux partenaires européens du projet. D'autres projections sont prévues lors d'évènements culturels nationaux. L'édition 2010 des Rencontres internationales du film transsaharien à Zagora verra la programmation de ces documentaires précurseurs. Notons que le fameux documentaire «Le blues des shikhat» de Ali Essafi sera de la partie pour rappeler les heures de gloire et de disgrâce de l'art de la Aïta, de ses femmes et de ses hommes porteurs d'une grande tradition. Se présentant comme une interface d'échange, la journée s'ouvre sur le public l'invitant au débat juste après les projections. «Le rôle de l'image pour la sauvegarde du patrimoine», thème qui clôturera en beauté cette première rencontre publique. Documentaire, mon amour «C'est un bon support, durable et largement diffusable», répond El Karmouni quant au choix du film documentaire comme support. D'après le coordinateur de «Regards croisées», pour promouvoir le patrimoine, le documentaire se prête vraiment à la chose étant donné que «ça parle en images, ça interpelle et implique forcément». Bilingues, les trois documentaires programmés sont, tour à tour, présentés en arabe ou en français avec sous-titrage à l'appui. Les thématiques choisies rappellent la grandeur du patrimoine tout en contribuant au renforcement de son rôle dans l'intégration sociale, le développement durable et le rapprochement culturel entre jeunes marocains et européens. Ces thématiques abordent ainsi la création artistique actuelle s'inspirant du patrimoine culturel marocain (le groupe Azoul comme exemple), le patrimoine matériel à travers les expériences de revitalisation des Kasbah de Mahdia et de Larache par la société civile et les savoir-faire et autres pratiques traditionnelles tels les Khettara du Tafilalet.