La HACA a du pain sur la planche. Cette institution nationale vient d'ouvrir des dossiers stratégiques dont l'annonce a été faite, hier mardi à Rabat lors d'un point de presse, un an après la nomination des nouveaux membres du Conseil supérieur. Ces dossiers concernent, en premier lieu, le modèle économique de l'audiovisuel marocain dans le nouvel environnement numérique. Une analyse détaillée permettra de faire le point sur l'état des lieux du secteur en vue de proposer des solutions concrètes adaptées au contexte national qui est marqué par «un affaiblissement des sources de revenus traditionnels, en particulier les ressources publicitaires au profit des médias électroniques et plateformes numériques». La HACA projette, dans ce cadre, de lancer incessamment une enquête sur le marché publicitaire audiovisuel. Les sages de la HACA sont conscients que cette mission ne sera nullement aisée à cause de la rétention de l'information sur le marché publicitaire. Les résultats de cette enquête qui devra tracer les grandes lignes de ce que devrait être ce marché dans les 3 à 4 années à venir sont très attendus par les professionnels. C'est une initiative louable qui devra s'accompagner d'un effort législatif de la part du gouvernement. Il s'avère en effet nécessaire de remplir les lacunes juridiques en la matière, comme en témoigne l'affaire Bab Darna. La présidente de la HACA, Latifa Akharbach, est on ne peut plus claire sur cette question : la HACA n'a pas d'appui juridique pour se prononcer sur des dossiers ayant trait à la publicité. Ainsi, une loi s'impose pour réguler les différents volets de ce secteur dont la publicité comparative. La HACA a ouvert un autre dossier de la plus haute importance : «Régulation et nouveaux médias numériques». Précisons que le contenu audiovisuel numérique non linéaire échappe au contrôle de la HACA alors que le besoin se fait sentir d'assurer cette régulation. La HACA va-t-elle faire une proposition pour amender la loi en vue de lui permettre de réguler le contenu audiovisuel numérique ? «Il faut qu'on étudie cette question», selon Latifa Akharbach, en réponse à une question des Inspirations ECO. Une réflexion approfondie sur ce dossier épineux est d'ores et déjà entamée. Pour la journaliste Narjis Reghay, membre du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle et présidente du groupe de travail chargé de ce dossier, l'idée est de mettre en place un modèle marocain de régulation numérique. Toutes les questions doivent être passées au crible dont le journalisme citoyen en vue de garantir la liberté d'expression et de prévenir les dépassements. À cet égard, l'éducation au numérique est un volet stratégique auquel est dédié un autre groupe de travail. L'objectif est de réfléchir aux moyens d'immuniser le citoyen, de développer son sens critique vis-à-vis du volume important d'informations qui circulent dans les médias et de l'aider à bien gérer la pluralité de l'offre en informations. Le Maroc est appelé à rattraper le retard accusé en la matière pour lutter contre «la désinformation et l'aliénation». Cela passe notamment par la mise en place d'une stratégie basée sur l'éducation en milieu scolaire. Par ailleurs, un autre groupe de travail, présidé par Fatima Baroudi, membre du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle planche sur le discours de violence et de haine dans les contenus médiatiques. Le défi est de taille au vu des dépassements enregistrés en la matière. C'est l'une des missions de la HACA qui traque ce genre de discours dans les médias audiovisuels.