Le football se féminise. La FIFA voudrait en faire un tremplin d'émancipation de la femme et compte investir énormément dans ce créneau. Qu'en est-il du Maroc? Le succès du Mondial 2019 en France a donné des idées à la FIFA qui revoit sa copie en matière de football féminin. Le président de l'instance du football mondial, Gianni Infantino, a déclaré à la presse vouloir fortement investir dans ce créneau afin d'asseoir une politique du genre à la FIFA. Des milliards en perspective À la veille de la Coupe du monde féminine de football en France, l'équipe américaine a exprimé son ras-le-bol vis-à-vis de ce que la capitaine de la team US avait appelé «discrimination». Elle a dénoncé le barème de primes largement inférieur à celui accordé à l'équipe masculine. Le président de la fédération américaine s'est dit compréhensif et a promis de remédier à ce traitement injustifié. Un mois plus tard, l'armada féminine américaine remportait la coupe du monde, une prouesse que les US boys n'avaient jamais réalisée! Il y a quatre jours, Infantino annonçait qu'il allait débloquer 500 millions de dollars pour développer le football féminin durant les quatre prochaines années, une décision approuvée hier à Shanghai par le Conseil d'administration de la FIFA. Plus encore, et afin de drainer davantage de business vers le football féminin, la FIFA réfléchit à la création d'une Ligue mondiale du football féminin afin de multiplier les possibilités de compétitions et renforcer le potentiel marketing. Par ailleurs, la FIFA prévoit de renégocier les contrats de la coupe du monde (CDM) féminine pour offrir des primes beaucoup plus importantes aux joueuses, selon un membre du Conseil d'administration. Infantino a déjà annoncé le passage de 24 à 32 équipes lors de la CDM 2023 avec, à la clé, le doublement de l'enveloppe destinée aux joueuses qui passerait de 30 à 60 millions de dollars. Pour information, la FIFA distribue 400 millions de dollars de primes lors de la CDM masculine. Le Maroc à la traîne Quand Naoual Moutawakil a été nommée présidente de la Commission féminine à la FRMF en 2015, la décision avait été interprétée comme une volonté de développer -enfin- le football féminin au Maroc. Quatre années plus tard, il n'en est rien. Moutawakil n'a jamais eu les moyens à même de traduire sa copie sur le terrain. En revanche, depuis que la sélection féminine U20 a décroché le bronze aux Jeux africains, il y a eu un regain d'intérêt envers ce segment. Fouzi Lekjaâ a promis de créer une ligue du football féminin et de la doter des moyens nécessaires à son essor. Concrètement, il y a lieu de commencer par mettre en place un championnat régulier avec un cahier des charges encourageant les clubs à lancer des sections féminines et en leur allouant des subventions d'encouragement. Ainsi, si sur le colossal budget de 800 MDH par an, la FRMF ne réservait que 10% au football féminin, ce dernier décollerait sur le continent. Pour ce faire, il faut absolument avoir une compétition équilibrée, continue et bien motivée au lieu d'avoir une seule équipe, qui pioche les quelques perles rares ici et là, et qu'au final elle joue avec elle-même et engrange des trophées qui n'ont aucun sens! La FRMF, qui développe de bonnes relations avec la FIFA, pourrait adopter l'initiative de cette dernière et drainer des subventions en plus.