Après révision, le taux de chômage global au titre de l'année 2018 passe de 9,8 à 9,5%. Audit de l'ensemble de la ligne de production des données de l'Enquête Nationale sur l'Emploi depuis 2017. Est-il permis que la machine de production des statistiques, qui alimentent toutes les institutions du pays, tombe en panne ? Le Haut-commissariat au Plan est le fournisseur en chiffres de Bank Al-Maghrib, du ministère des Finances et des institutions monétaires internationales et de rating. Toute erreur serait alors fatale puisqu'elle compromettrait l'exactitude des évaluations, provoquant un effet boule de neige sur l'ensemble des indicateurs d'un ou de plusieurs secteurs. A plus forte raison quand il s'agit de données liées à l'emploi et au chômage qui a fait récemment l'objet de confrontations entre les parties prenantes sur l'exactitude des chiffres avancés. Dans un récent communiqué, Ahmed Lahlimi reconnait l'existence d'une coquille au niveau de l'exploitation des données sur l'emploi et le chômage dans les régions à partir du 2ème trimestre de 2018. Selon les termes du communiqué, «cette exploitation a connu, au niveau de la division de l'emploi relevant du HCP, un traitement inapproprié dont les effets ont affecté en chaîne les indicateurs relatifs aux trimestres suivants portant sur l'emploi, l'activité et le chômage». Il fallait donc réagir avec une célérité et une rigueur à la mesure de l'enjeu. Ainsi, le HCP s'est vite avisé de publier la révision des résultats de l'Enquête nationale sur l'emploi à partir du deuxième trimestre de 2018, en volume et en taux et notamment ceux relatifs à l'activité, à l'emploi et au chômage. Et ce, conformément, est-il précisé, aux valeurs professionnelles et éthiques de la statistique et aux recommandations édictées, dans de pareils cas, par les principes fondamentaux de la statistique officielle. Ces derniers étant consacrés par la Commission statistique des Nations unies. Le HCP s'excuse aussi auprès des institutions et des personnes qui ont recours aux résultats de cette enquête. Il les informe, par ailleurs, de la reprise normale des publications trimestrielles des données régionales de cette enquête après la suspension de celles relatives au 2ème trimestre de 2018. Décision a été donc prise de charger le nouveau directeur de la statistique de procéder, conjointement avec la direction des systèmes informatiques, à un audit de l'ensemble de la ligne de production des données de l'Enquête nationale sur l'emploi depuis 2017. C'est pendant cette année que l'enquête a connu, avec la prise en compte du nouvel échantillon-maître issu du Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2014, le passage à un échantillon de 90 000 ménages au lieu de 60 000. Ainsi que l'adoption des nouvelles nomenclatures des activités, des professions et des diplômes et la couverture de nouvelles thématiques à caractère sociétal. Cette mission d'audit, est-il indiqué, a quand même salué la qualité du travail en amont. A ce niveau, il n'y a pas de doute, le HCP dispose d'outils aussi performants que ceux utilisés dans les pays développés. La qualité des données collectées par les enquêteurs, au niveau des directions régionales, et leur maitrise, ainsi que les contrôleurs et les superviseurs, est incontestable. Idem pour l'usage du système de Collecte assistée par l'informatique (CAPI) dont les applications, avec plus de 900 tests de validité et de cohérence, assurent l'apurement quasi-total des fichiers de l'enquête avant leur importation à la division de l'emploi de la direction de la statistique. La mission d'audit n'a pas manqué d'insister sur la pertinence des applications statistiques prescrites dans l'exploitation centrale de ces fichiers. Même appréciation de la qualité des indicateurs calculés et publiés sur cette base, notamment au titre des quatre trimestres de l'année 2017 et du premier trimestre de l'année 2018. Après révision, les résultats au titre de l'ensemble de l'année 2018 ont été rendus publics. Ainsi, l'on remarque que le taux de chômage indiqué a été de 9,8%, mais après révision il a été ramené à 9,5%. Dans le milieu urbain, l'écart a été plus important entre le premier calcul et le second puisque le taux de chômage passe de 14,2 à 13,8%. Tandis que dans le milieu rural, la révision a permis de passer d'un taux de 3,5 à 3,6%.