Le débat autour du label «université privée» n'a pas lieu d'être. Cela semble, en clair, être la position du management de l'école des Hautes études de management ( HEM) quant à la polémique autour de l'appellation «université privée» pour certains établissements de formation supérieure. L'école a organisé hier une rencontre à Casablanca pour lever le voile sur sa perception des choses. «Il ne faut pas que ces préoccupations soient l'arbre qui cache la forêt». C'est la recommandation principale qui est ressortie des discussions. «Notre motivation n'est pas de se démarquer en organisant ce débat. Nous ne sommes pas contre tel ou tel établissement, nous pouvons tous coexister dans le même environnement. Nous sommes inquiets des proportions que prend cette polémique», avoue Hassan Sayarh, directeur général adjoint de HEM. Clivage public/privé Ainsi, plutôt que de rester cantonné à des questions de forme qui poussent les établissements à s'observer mutuellement, il serait préférable qu'ils restent concentrés sur leur objectif commun : assurer une bonne qualité de l'enseignement à leurs étudiants. «Il est nécessaire d'augmenter les parcelles entre public et privé. Le clivage entre les deux n'est bénéfique pour personne», souligne Driss Ksikes, directeur du Centre d'études sociales, économiques et managériales (CESEM) de l'établissement privé. «À titre d'exemple, il suffit d'observer la stratégie des universités étrangères qui intègrent des business schools». Culture générale et rapprochement du monde de l'entreprise peuvent faire bon ménage, il suffit de s'en donner les moyens. Ainsi, au-delà des appellations «université privée», «campus universitaire», ou «école», l'essentiel est donc l'enseignement qui y est prodigué. Et l'enseignement privé, qui est lancé depuis des décennies dans une chasse juridique à l'accréditation et à la reconnaissance, a déjà du pain sur la planche. Un Etat régulateur Et l'Etat dans tout ça ? «Il doit jouer son rôle de régulateur entre public et privé, et pas uniquement un rôle d'acteur», conseille Hassan Sayarh. Le flou créé par la nouvelle polémique n'est pas là pour rassurer, ni les étudiants, ni leurs parents. «L'Etat devrait autoriser ces ouvertures d'établissements, tout en instaurant les mêmes règles pour tout le monde. Sans cette transparence, nous resterons concentrés sur des problèmes de forme qui risquent de polluer la qualité de l'enseignement et des relations entre établissements», conclue Sayarh. La part de l'enseignement privé dans l'enseignement marocain, qui est aujourd'hui d'environ 7%, n'est pas à la hauteur des espérances des professionnels du secteur. Le ministère de tutelle prévoit qu'à l'horizon 2015, il atteindra les 20%. Encore faut-il s'en donner les moyens.