Un médicament vital a graduellement disparu du marché marocain, laissant un grave creux dans les tiroirs des pharmaciens qui tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme sur l'absence d'une alternative thérapeutique. Sintrom, traitement prescrit aux sujets cardiaques le plus souvent "à vie", est passé d'une pénurie partielle à une rupture complète depuis près de deux semaines. Ce médicament contient de l'acénocoumarol, un anticoagulant oral dérivé de la coumarine. Son mode d'action consiste à inhiber la synthèse de la vitamine K. Ce médicament est utilisé en traitement des maladies thrombo-emboliques ou en prévention des états d'hypercoagulabilité. Sa rupture mettrait des vies en danger surtout "en l'absence d'un médicament de substitution pouvant remplir le rôle de prévention d'accident thrombo-embolique chez les patients présentant des problèmes cardiaques", nous explique le pharmacien Abderrahim Derraji. Il faut dire que le Sintrom est la seule molécule d'anticoagulant vendue à "prix accessible" au Maroc. "17,60 DH est le prix de vente du médicament en pharmacie. Un traitement de l'ancienne génération qui a été remplacé par de nouveaux génériques plus coûteux (aux alentours de 500 DH, Ndlr) et pas très disponibles dans le marché marocain", ajoute Dr. Derraji. Ce retrait du produit peut être expliquée, selon des professionnels du corps pharmaceutique, au prix très bas du médicament, qui ne comble pas les charges du laboratoire. Pour l'heure, aucune communication officielle n'a encore été faite du côté du ministère ou encore du laboratoire qui produit ce médicament, mais les tiraillements entre ces deux parties autour du principe de relèvement du prix de vente au public du Sintrom nourrissant déjà les bruits de couloirs du secteur. La solution? Pour les professionnels de la pharmaceutique, elle est toute simple: "Le prix du médicament devrait être revu à la hausse, un ou deux dirhams en plus doivent être tolérés par le patient afin de régler cette pénurie".