Promouvoir l'entrepreneuriat pour répondre aux problématiques de l'emploi, développer les échanges entre les pays du Maghreb afin d'assurer le développement économique de la région, profiter de l'expérience américaine pour rattraper le retard dans le développement... tels sont les principaux enjeux de la deuxième édition du PNB-NAPEO qui se tient à partir d'aujourd'hui (mardi) à Marrakech. La ville ocre se retrouve, le temps d'une conférence, capitale de «la diplomatie économique» américaine. Celle-ci a pris, en effet, un nouveau tournant depuis que Barack Obama avait prononcé ce célèbre discours au Caire en 2009, dans lequel il avait insisté sur la nécessité pour son Etat de se rapprocher des Etats islamiques. Il semble donc que le Maghreb soit la première étape de cette conquête. «Pour un nouveau départ entre les Etats-Unis et les musulmans à travers le monde, un départ fondé sur l'intérêt et le respect mutuel», avait-il déclaré. Aujourd'hui, Marrakech se retrouve au cœur de cette nouvelle stratégie américaine visant à insuffler une dynamique dans le partenariat américano-maghrébin. Il faut dire que cela tombe à pic pour le Maroc. Depuis l'avènement du printemps arabe, la pression sur le marché de l'emploi n'a jamais été aussi pesante même pour un pays qui a su faire preuve de réactivité avec les revendications sociales de la population, comme le Maroc. Or, le PNB-NAPEO version Marrakech vise justement à lancer le débat sur les mécanismes à même de soutenir l'entrepreneuriat, ce dernier étant jugé par les participants à cette édition comme «seule véritable solution aux problématiques de création d'emploi». C'est du moins le point sur lequel s'accordent l'ensemble des experts sondés par Les Echos quotidien à la veille du lancement de cet événement. Le gouvernement coopératif Il faut dire que cela coïncide parfaitement avec la vision du nouveau gouvernement. On se rappelle de cette sortie du nouveau chef de l'Exécutif, Abdelilah Benkirane, il y a quelques jours pour calmer les ardeurs des diplômés chômeurs. Pas question d'ouvrir des postes dans l'administration publique. Il sera plutôt question d'encourager les jeunes à créer leurs entreprises, avait insisté Benkirane. C'est dans ce sens que le PNB-NAPEO constitue une véritable aubaine pour le Maroc dans la mesure où il lui permettra de bénéficier d'un partage d'expertise à la fois avec les pays autant touchés par la pression sur le marché de l'emploi que sont les pays du Maghreb, mais aussi avec les Etats-Unis, qui ont souvent su faire preuve de réactivité afin de remédier au fléau du chômage. C'est du moins sur ces espérances que repose aujourd'hui le PNB-NAPEO. Cet enjeu a, semble-t-il, été bien assimilé par le nouveau gouvernement qui devrait dépêcher sur place ce mardi, son nouveau ministre de l'Economie et des finances, Nizar Baraka. Ce responsable y fera ainsi sa première grande sortie officielle depuis son investiture. Concrètement, l'événement de Marrakech vise essentiellement à mettre en place un réseau intra-maghrébin permettant de promouvoir l'entrepreneuriat. «Ce réseau sera le catalyseur servant aux deux communautés pour identifier, initier et faire vivre des projets qui favoriseront l'entrepreneuriat et la création de l'emploi, essentiellement pour les jeunes», soutient-on auprès des initiateurs de ce projet. Pour ce faire, le Maroc pourra compter sur un parterre de personnalités politiques et économiques, américaines et maghrebines, pour consolider son «relationship» dans le domaine de l'entrepreneuriat. Madeleine Albright, ancienne secrétaire d'Etat américaine sous le mandat de Bill Clinton, José Fernandes, Secrétaire d'état adjoint de l'administration Obama à l'économie, l'énergie et les affaires... en plus de tout le gotha du secteur privé marocain, prendront part à la manifestation. Objectifs : encourager les partenaires du monde des affaires dans le Maghreb et les Etats-Unis à travailler étroitement. Sur un autre registre, la manifestation de Marrakech est également une opportunité pour favoriser les opportunités d'investissement via un engagement humain et financier américain dans la région avec comme cibles prioritaires : Toucher, à travers les réseaux mis en place, 100.000 jeunes sur les cinq prochaines années pour en faire des entrepreneurs. Point de vue : Hind Benmiloud, Représente la délégation algérienne au NAPEO S'agissant des attentes de la délégation algérienne par rapport à cet événement, la principale est celle d'avoir enfin un Maghreb économique. Dans le NAPEO, il s'agit notamment de consolider les relations entre les pays du Maghreb et de créer des synergies.Dans le lot des secteurs identifiés, il y a le secteur de la culture, pour lequel nous tentons de développer des choses ensemble. Il y a aussi les IT et les services, où des expériences qui existent déjà au Maroc et en Tunisie commencent à peine à se développer en Algérie. Il serait donc intéressant de profiter de cette expertise pour développer au mieux ces secteurs. Des projets d'échanges d'étudiants existent également entre les pays du Maghreb dans différentes formations. L'enjeu est donc de prendre dans chaque pays ce qu'il sait faire le mieux et de le développer chez soi. C'est d'ailleurs l'un des objectifs des débats organisés dans le cadre des NAPEO et qui pourrait transformer le marché du Maghreb en une force d'avenir, dans la mesure où il inclut plus de 80 millions d'habitants. D'ailleurs, le transfert de l'expertise et des bonnes pratiques sont clairement les meilleures exemples dont peuvent profiter les pays du Maghreb par rapport aux Etats-Unis. Aujourd'hui, le PNB-NAPEO de chaque pays tente d'aider les jeunes à développer leur côté pratique, ce qu'ils savent faire, les aider à mieux se vendre, afin de les aider à trouver un emploi.