Hassan Bahej. Président-directeur général d'IBM Maroc IBM soutient la stratégie du Maroc pour le développement de la technologie numérique, et est bien placé pour discuter de la manière avec laquelle le gouvernement, les administrations publiques et les industries locales peuvent exercer leurs fonctions de manière efficace à l'ère de l'intelligence artificielle (AI). Comment se développe l'activité d'IBM Maroc ? IBM est présent au Maroc depuis 1934, notre première activité ayant concerné la fourniture d'ordinateur au ministère des Statistiques de l'époque. Depuis, nous avons pu nous développer dans le royaume à travers plusieurs investissements. D'ailleurs, le Maroc est le pays sur lequel notre maison-mère s'appuie le plus au niveau du continent africain. Le royaume est aujourd'hui le hub régional d'IBM pour l'Afrique francophone. Nous avons donc investi dans un centre d'innovation à Casanearshore, dans lequel nous faisons les démonstrations de toutes les nouvelles technologies comme l'intelligence artificielle, le Cloud, les smart cities, et de toutes les solutions innovantes qu'IBM peut proposer… En même temps, nous avons mis en place un «Global Delivery Center» afin d'accompagner nos clients dans tout ce qui se rapporte à la transformation digitale: consulting, conception, intégration de systèmes, management, outsourcing, etc. Quel est l'intérêt de l'AI dans le secteur d'activité d'IBM Maroc ? Comme vous le savez, la stratégie d'IBM est définie au niveau mondial. IBM investit plus de six milliards de dollars dans la Recherche & Développement. Force est de constater qu'IBM est pour la 25e année consécutive à la tête du classement des brevets dans le monde, avec plus de 9.000 brevets pour 2017. Ce qui fait plus de 30 brevets par jour, et qui montre que nous anticipons le marché au niveau de la recherche et développement dans le secteur des nouvelles technologies. En effet, 30% de ces brevets concernent l'intelligence artificielle et l'analytique. Cela nous permet de mettre à la disposition des marchés marocain et africain des solutions à haute valeur ajoutée. Qu'est-ce que l'intelligence artificielle ? L'informatique est comme un perroquet, il répète ce que l'être humain lui apprend. L'intelligence artificielle est comme un enfant, elle apprend mais développe aussi ses connaissances et donc son intelligence. Aujourd'hui, avec la multitude de données à traiter, analyser, classer et structurer, il n'est pas facile pour l'être humain de gérer et surtout de tirer de la valeur ajoutée de ces données. C'est ici qu'intervient l'intelligence artificielle: pour absorber ces données, les comprendre, les analyser et les interpréter dans l'optique d'aider l'être humain à être plus efficace. Elle pourrait être appliquée dans tous les secteurs: l'agriculture, l'industrie, l'aéronautique, la bancassurance, l'environnement… Comment comptez-vous aider les entreprises et les autorités marocaines à prendre conscience de l'intérêt de l'AI ? En octobre dernier, nous avons annoncé la création d'une joint-venture entre IBM Maroc et l'OCP. Elle porte sur des services innovants pour accélérer la transformation digitale de l'office et en faire profiter ses partenaires africains. La JV concerne des technologies de pointe telles que l'analytique, l'informatique cognitive et les objets connectés (IOT, Internet of things). Aujourd'hui, nous aidons l'OCP à mettre en place des solutions adaptées au marché international. D'un autre côté, nous sommes en partenariat avec d'autres institutions, notamment l'Agence de développement numérique, sur un ensemble de sujets, l'intelligence artificielle entre autres. Ceci, pour accompagner justement le développement des services e-gouvernementaux. Nous accompagnons également les agences gouvernementales, les banques et plusieurs entreprises. Cela témoigne de l'ouverture du gouvernement marocain, qui est prêt à adopter ce type de technologie ultra-développée. Ceci, sans oublier les grandes entreprises, qui sont également preneuses de ce type de technologie et qui s'orientent de plus en plus vers le développement de l'intelligence artificielle. À noter que le secteur bancaire marocain est le plus actif dans ce sens. Que pensez-vous de la transformation digitale au Maroc ? La transformation digitale au Maroc peut avoir un grand impact sur la compétitivité des entreprises et l'amélioration des services publics. C'est une occasion pour le Maroc de rattraper les pays développés sur le plan économique et technologique. IBM est convaincu de l'importance de la transformation «digivices» pour les citoyens. C'est ainsi qu'IBM collabore avec des gouvernements à travers le monde pour trouver des solutions intelligentes, et voir comment l'intelligence artificielle pourrait les aider à améliorer leurs. À titre d'exemple, en 2016, IBM a lancé, en partenariat avec les départements de Gouvernement électronique et du Développement économique de Dubaï, «Rashid», le premier service gouvernemental utilisant l'intelligence artificielle, optimisé par IBM Watson et qui contribue à la transformation de Dubaï en ville intelligente. Ce projet a été lancé pour permettre aux entrepreneurs et aux investisseurs de poser des questions sur la création d'une entreprise à Dubaï et d'obtenir des réponses en temps réel sur divers sujets, notamment les exigences en matière de licences commerciales et les processus d'enregistrement. En effet, l'IA est un outil puissant capable de transformer les services aux citoyens et à toutes les industries.