Peut-on réellement parler d'adéquation entre la formatoon et l'emploi au Maroc ? C'est pour répondre à cette question que le Haut commissariat au plan a encore une fois fait parler les chiffres pour conclure à une donnée des plus édifiantes : Neuf actifs occupés sur dix sont aujourd'hui en en situation d'adéquation entre la formation et la profession exercée ou en situation de surclassement. C'est en effet l'une des conclusions phares de l'étude du HCP dont les résultats ont été dévoils hier mardi à Rabat. Selon cette étude, la correspondance entre les catégories selon le diplôme et celles selon la profession exercée montre que 45,7% de la population active occupée est en situation d'adéquation, 7,6% en situation de déclassement et 46,7% en situation de surclassement. Elaborée sur la base des données du recensement général de la population et de l'habitat (RGPH), cette étude analyse la situation de l'emploi des actifs diplômés respectivement de l'enseignement général et de la formation professionnelle, sous l'angle de l'adéquation de leurs diplômes à l'offre du marché du travail. Maintenant, il faut savoir qu'une personne active est considérée selon l'étude comme déclassée lorsque son niveau de formation ou d'éducation est supérieur au niveau de qualification théoriquement requis pour la profession exercée. Toujours selon le HCP, sont considérés les cas de surclassement si le diplôme est en deçà des exigences, et d'adéquation si le niveau du diplôme est en conformité avec le niveau de qualification exigé. Par ailleurs, l'étude révèle que le surclassement croit avec l'âge des actifs occupés et l'adéquation baisse d'une façon continue. Et d'ajouter que le déclassement n'entame une décroissance qu'après l'âge de 30 ans, montrant les difficultés d'insertion des jeunes générations dans le marché de l'emploi avant cet âge. En ce qui concerne l'adéquation par secteurs d'activités économiques, le secteur des autres services marchands emploie 19,6% des déclassés au niveau national, suivi par le secteur de l'administration publique, l'enseignement, la santé humaine et l'action sociale avec 17,8% des déclassés, tandis que 17,3% des déclassés se trouvent dans le secteur du « commerce et réparation d'automobiles et de motocycles » et 14% dans les industries extractives et manufacturières. S'agissant de l'adéquation par diplôme, celle-ci baisse avec les diplômes d'enseignement général du niveau fondamental et son taux passe de 70,8% au niveau secondaire collégial à 64,1% au niveau du secondaire qualifiant. Par contre au-delà du diplôme du premier cycle de l'enseignement supérieur (DEUG), plus on se spécialise plus l'adéquation est meilleure, d'après l'étude. Pour les diplômes de formation professionnelle, plus on se spécialise moins l'adéquation est meilleure et leurs taux d'adéquation passent de 79,6% pour la spécialisation professionnelle à 74,3% pour la qualification professionnelle, à 49,9% pour les techniciens/cadres moyens et à 44,2% pour les techniciens spécialisés. A ce sujet, le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi, a indiqué que le contexte économique actuel est marqué par "une double contrainte, celle d'une croissance en ralentissement, passant en moyenne annuelle de 5% entre 2000 et 2008 à 3,7% en 2009-2017 et une baisse de son contenu en emplois de 30.000 postes en moyenne par unité de croissance à 10.500 entre les deux périodes, portant ainsi les taux de chômage et de sous-emploi à des niveaux chroniquement élevés". Dans ce contexte, cette étude revêt "un caractère structurel de portée nationale et régionale" dû à sa couverture géo-démographique, puisque elle procède d'un module du RGPH de 2014, et à "la robustesse du champs thématique", a estimé Lahlimi. "L'étude pourra offrir une source d'inspiration utile pour une politique publique de développement s'inscrivant dans la durée, et une approche globale du modèle de croissance économique et sociale", a-t-il ajouté. L'étude repose sur la correspondance entre le niveau de formation et le niveau de qualification qu'exige la profession suite à une catégorisation de la population active occupée selon la nomenclature analytique des professions 2014 et la nomenclature nationale des diplômes 2014, lesquelles ont été révisées en se référant à la classification internationale type des professions (CITP) et la classification internationale type de l'éducation (CITE).