Les premiers mois du plan stratégique du minier national semblent être très concluants. Le groupe qui a déployé son programme de développement 2017-2020, récolte les fruits de son plan d'action. Si certains analystes accueillent favorablement les réalisations du groupe, le spectre de la baisse de la parité USD/EUR pourrait toutefois affecter certaines recommandations. Managem vient de clôturer l'année 2017 avec un chiffre d'affaires dépassant la barre de 5 MMDH, soit une hausse de 19%. Le groupe a ainsi profité d'un effet combiné d'un contexte international favorable, de la hausse des cours de l'ensemble des métaux par rapport à 2016 ainsi que de la consolidation par la société de ses performances opérationnelles. Suivant la même tendance, le résultat net part du groupe de la filiale minière de SNI affiche un bond de 204% à 879 MDH, au moment où le résultat d'exploitation a quasiment doublé à 1,33 MMDH. Une évolution qui a été attribuée à la poursuite par la société de sa stratégie de rationalisation des coûts et à la plus-value réalisée sur la cession de ses participations dans Lamikal en République Démocratique du Congo à Wanbao Mining. Cette opération a porté sur la cession de 61,2% des titres et généré un flux de cash de pratiquement 1 MMDH. Pour sa part, l'excèdent brut d'exploitation (EBE) s'améliore de 28% pour atteindre 1,90 MMDH tiré par la bonne tenue du chiffre d'affaires. L'endettement du groupe a enregistré, de son côté, une baisse conséquente de près de 50% pour s'établir à 2,20 MMDH à fin 2017, affichant ainsi un ratio d'endettement de 39%. Il faut dire que les efforts fournis par le minier pour réduire son niveau d'endettement figure parmi les axes principaux de son plan de développement initié en 2017. En effet, la stratégie de Managem qui s'inscrit dans sa vision 2020 a pour ambition de positionner le groupe comme leader régional dans le secteur minier en maintenant l'amélioration continue de ses performances opérationnelles à travers, entre autres, la croissance organique des sites en exploitation, le développement de nombreux projets de cuivre au Maroc et d'or en Afrique subsaharienne et le renforcement de la structure financière du groupe. De ce fait, le plan d'action du groupe a été soutenu par une enveloppe de 1,2 MMDH répartie équitablement entre les investissements courants dédiés à la maintenance des usines, le renouvellement d'une partie des réserves et la réalisation des travaux d'infrastructure. L'autre moitié serait selon le management destinée à la réalisation des futurs projets. Pour 2018, la société compte poursuivre le déploiement de sa stratégie tout en maintenant l'amélioration continue de ses performances opérationnelles à travers la croissance organique des sites en exploitation dans l'activité de l'or au Soudan, usine de Cobalt de CTT, usine de traitement de la digue à SMI. En effet, le projet pilote du groupe au Soudan semble très prometteur. La production aurifère sur ce site a augmenté de 250 kg en 2016 à 800 kg en 2017, ce qui conforte le plan de Managem qui a lancé ce projet d'aménagement en 2017 en espérant doubler sa capacité en 2018. Par contre, pour la Guinée, le management prévoit un autre scénario. Les travaux de construction relatifs au TRI-K en Guinée sont prévus pour le dernier trimestre 2018. Les premières productions ne seraient aperçues qu'à partir de 2020. Le groupe entend cette année se pencher également sur la finalisation de l'étude de faisabilité du projet cuprifère de Tizert outre la prospection de partenariats stratégiques pour accélérer le développement de l'activité aurifère. Du côté de l'argent, le groupe a investi plus de 200 MDH dans la mine d'Imiter afin de renouveler la quantité d'argent exploitée mais également pour explorer de nouveaux gisements. Dans le cadre de son plan de développement, Managem compte également opérer un virement stratégique cherchant à s'associer avec des opérateurs mondiaux. Si au Maroc, certains analystes (BMCE Capital et Upline) ont anticipé le comportement du marché et les «bonnes réalisations» du groupe -avant la publication des indicateurs financiers - et préconisent de «renforcer» le titre dans les portefeuilles. D'autres, par contre, (CFG Bank) recommandent la vente, pensant que le cours actuel du minier n'a pas pleinement intégré l'impact de la baisse non-négligeable de la parité USD/MAD sur les perspectives de croissance de Managem. Par ailleurs, sur le plan international, certains experts semblent confiants quant à la reprise du secteur minier. «Les premières séances de 2018 ont confirmé le regain d'intérêt des investisseurs pour les métaux précieux après une longue période de désamour». Fatma Haddad Analyste chez AlphaMena En dépit d'un léger ralentissement accusé pendant la dernière semaine, Managem poursuit le momentum extrêmement favorable qui a caractérisé ces deux dernières années, avec une performance de 247% (au 21/03/2018). Le minier marocain a surfé sur des prix mondiaux des métaux élevés pendant les deux dernières années, soutenus par une demande chinoise (la Chine étant le principal consommateur) croissante en 2016 suite à des investissements massifs dans les infrastructures ainsi que des mesures prises par la Chine pour soutenir son économie. En 2017, les cours des métaux ont tiré profit d'un faible US$, monnaie de référence pour les métaux. Malgré les incertitudes opérationnelles qui ont caractérisé le secteur minier mondial, le groupe a réussi à réaliser une performance respectable en 2017, avec un chiffre d'affaires dépassant les 5 MMDH et un résultat net part du groupe de l'ordre de 879 MDH (contre 289 MDH en 2016). Le bottom-line a été, certes, impacté par une plus-value exceptionnelle suite à la cession de 61,2% du capital de Lamikal à Wanbao Mining au Congo, mais reste tout de même considérable. Nous apprécions les efforts permanents de Managem dans la gestion active de son portefeuille «mines» mais nous estimons que ceci ne justifie pas les niveaux de valorisation actuels, qui sont, à nos yeux, excessifs. En effet, avec une performance extraordinaire réalisée pendant les deux dernières années et un PE 2018 s'élevant à 36,2x contre une moyenne de 27,1x pour son secteur, nous pensons que la valeur a épuisé son potentiel. Nous maintenons notre opinion : Vente.