62% des 581 internautes consultés en ligne par Flm, ont indiqué que la transformation digitale est un danger pour l'emploi. À l'inverse, 38% des sondés pensent que ce n'est pas le cas. En effet, la transformation digitale va de pair avec l'intelligence artificielle qui s'appuie dessus. En particulier, au niveau de l'entreprise, l'intelligence artificielle s'alimente des grandes masses de données collectées grâce à la digitalisation des process notamment dans la logistique, les RH, le marketing ou la gestion des relations avec les clients. Par ailleurs, la transformation digitale est plus profonde que la simple mise en place d'un portail ou de la création de l'intranet. À titre d'exemple, pour une banque, la transformation digitale passe notamment par un impact direct des opérations réalisées sur le net, au niveau du système informatique de la banque. A contrario, quand cette transformation est partielle, les opérations sont enregistrées, traitées et injectées le soir dans le système. Quand c'est le cas, l'intelligence artificielle est difficilement faisable. Au niveau public, l'e-gov va vers la transformation digitale des services publics car après la télé-déclaration de l'IR et de l'IS ainsi que le paiement de la vignette et des taxes en ligne, l'Etat marocain vient de franchir un nouveau pas dans la digitalisation avec la création d'entreprises par voie électronique et leur accompagnement en plus d'un texte qui va permettre à l'OMPIC de gérer pour le compte de l'Etat la plateforme électronique dédiée à la création d'entreprises. Aussi, l'OMPIC va tenir une base de données et garantir son utilisation sécurisée par tous les intervenants. Idem, il sera procédé à la création d'un registre électronique comprenant un registre de commerce central géré par l'OMPIC. C'est ainsi que dans le cas du service public, cette digitalisation va théoriquement dans le sens de l'amélioration du climat d'affaires et du classement du Maroc dans le Doing business. Toutefois, le premier impact tangible sera au niveau de l'emploi. En effet, à titre d'exemple, la multitude de milliers de fiduciaires sera obligée de se séparer des coursiers qui faisaient le lien physique avec les perceptions et les tribunaux. De même, même si la DGI va réaffecter les ressources libérées dans d'autres fonctions, il s'agit d'autant de recrutements en moins. Par ailleurs, l'essor de l'intelligence artificielle comme domaine technologique viable a amené la FMI à se pencher sur le sujet notamment avec la réunion de Christine Lagarde avec plusieurs spécialistes du domaine. Ainsi, cette réunion avait conclu qu'au niveau du marché du travail, il y aura moins d'emplois moyennement qualifiés, notamment dans la finance ou la distribution et le marketing. Ces emplois peuvent disparaître bientôt, à mesure que l'intelligence artificielle s'améliore et que les robots sont plus à même de prendre des décisions fondées sur des situations ambiguës. D'ailleurs, certains chercheurs de l'Université d'Oxford ont estimé que 47% des emplois américains étaient à hauts risques, suite à cette digitalisation de l'économie même au niveau de l'industrie. Pour ceux qui ne pensent pas que la transformation digitale est un danger pour l'emploi, ils se basent certainement sur le fait qu'on ne peut pas désinventer le feu ou la dynamite voire le nucléaire. D'ailleurs, au Maroc, la transformation digitale n'en est qu'à ses débuts. Farid Mezouar DG de FL Market Est-ce que l'intelligence artificielle est une réalité ? Farid Mezouar : Tout à fait, de plus en plus, des outils informatiques ou des robots pourront effectuer des tâches plus rapidement que l'être humain. Ceci devient de plus en plus possible grâce à la transformation digitale des entreprises qui permet de recueillir et de stocker une masse importante de données. Ainsi, les pouvoirs publics doivent anticiper cette évolution vu l'impact certain sur le chômage au niveau de certaines catégories. Qu'en est-il de l'impact sur les marchés financiers ? Dans les grandes banques d'affaires mondiales, les robots ont déjà pris la place des humains au niveau du trading notamment, celui à haute-fréquence. À titre d'exemple, le Bureau de New York de Goldman Sachs, aurait remplacé 598 traders par 200 ingénieurs informaticiens qui gèrent les algorithmes. Par ailleurs, dans la gestion d'actifs, BlackRock, le plus grand gérant au monde, a mis en place à Palo Alto un nouveau centre dédié à la recherche en intelligence artificielle.