La feuille de route de la promotion de l'emploi de l'actuel gouvernement devra bientôt prendre forme. Le comité interministériel chargé de l'emploi s'attelle actuellement à l'élaboration d'un programme d'exécution de son plan d'action qui repose sur cinq axes stratégiques. La nouvelle vision permettra-t-elle au gouvernement d'honorer ses engagements en matière de lutte contre le chômage à l'horizon 2020 ? Le gouvernement est très attendu sur l'épineux dossier de la promotion de l'emploi. Une grande responsabilité incombe à l'Exécutif qui se penche actuellement sur l'élaboration d'un programme d'exécution du plan d'action du comité interministériel chargé de l'emploi composé de quelque 15 secteurs ministériels. Les priorités devront bientôt être transformées en mesures concrètes. Une mission complexe au vu de l'ampleur de la problématique du chômage, notamment celui des jeunes et de la nécessité de réviser les programmes actifs d'emploi qui n'ont pas atteint les objectifs escomptés. Le gouvernement semble conscient de l'ampleur des défis à relever. «Personne ne peut prétendre que la problématique du chômage pourra être résolue du jour au lendemain», a souligné le ministre du Travail et de l'insertion professionnelle, Mohamed Yatim aux parlementaires de la Chambre haute qui viennent de l'interpeller sur la question. La tâche est on ne peut plus ardue. Il faut booster le modèle économique, adopter une approche qualitative, réviser le contenu des politiques sectorielles, impliquer tous les acteurs dont les régions et les entreprises... C'est en gros la recette de Yatim. Sur papier, tout paraît facile. Mais, c'est au niveau de la mise en œuvre des mesures et de la révision des programmes que le problème se pose. Le comité interministériel chargé de l'emploi saura-t-il, cette fois-ci, mettre le train sur les rails ? Le gouvernement d'El Othmani fera-t-il mieux que son prédécesseur dans la lutte contre le chômage en portant son taux à 8,5% en 2020 comme promis dans le programme gouvernemental ? Rien n'est moins sûr. Jusque-là, le doute plane toujours sur la capacité du gouvernement à honorer cet engagement. Il ne suffit pas, en effet, d'afficher la volonté de promouvoir l'emploi. Encore faut-il innover et développer une stratégie agressive de lutte contre le chômage. Les Exécutifs qui se sont succédé ont mis en place des stratégies et des actions pour lutter contre le chômage, mais sans pour autant atteindre les objectifs escomptés. Le défi est de taille, car il faudra créer au moins quelque 200.000 postes d'emploi par an. L'objectif semble difficilement réalisable vu que le Maroc n'atteint même pas la moitié de ce chiffre à l'heure actuelle. En tout cas, le gouvernement affiche son optimisme en dépit des difficultés. Au titre de l'année 2018, le plan d'action du gouvernement dans le domaine de l'emploi est basé principalement sur l'adoption et la mise en œuvre du plan national pour la promotion de l'emploi qui, rappelons-le, repose sur cinq principaux axes : l'appui à la création de l'emploi, le rapprochement du système d'éducation et d'alphabétisation avec le marché de l'emploi, le renforcement des systèmes d'intermédiation dans le marché du travail, l'amélioration du fonctionnement du marché de l'emploi et des conditions de travail et la mise en place des programmes régionaux de promotion de l'emploi. Cinq groupes thématiques, chapeautés par des différents départements, sont chargés de la proposition de nouvelles mesures de promotion de l'emploi ainsi que de l'amélioration des mesures actuelles. Le gouvernement mise, en effet, sur la carte de convergence entre les programmes des différents départements ministériels d'autant plus que la question de l'emploi n'est pas uniquement l'affaire d'un seul département ministériel. Beaucoup de freins sont à dépasser à commencer par celui du faible impact des investissements publics, des investissements étrangers et des plans sectoriels sur l'emploi. À cela s'ajoute la question primordiale de l'adaptation de la formation, -surtout dans les universités-, aux exigences du marché du travail qui est en cours d'étude. L'objectif est de limiter les formations théoriques qui ne favorisent pas l'insertion dans le marché du travail, de veiller à étudier la question d'adaptation permanente des profils formés aux besoins de l'emploi et d'anticiper les besoins en adaptant la formation aux futures exigences en raison de la transformation permanente du marché de l'emploi. Les entreprises devront être associées davantage à la définition des besoins de formation. Il est aussi question de renforcer les stages dans les administrations publiques pour permettre aux jeunes d'acquérir une première expérience. Par ailleurs, la dimension territoriale de la stratégie de l'emploi s'avère de la plus haute importance. Le ministère du Travail et de l'insertion professionnelle a déjà tenu des rencontres avec certains conseils régionaux en partenariat avec le ministère de l'Intérieur. Cet axe est jugé très important par Mohamed Yatim, car l'emploi fait partie des prérogatives des régions. À ce titre, le gouvernement est appelé à accompagner les régions pour réussir le pari de la lutte contre le chômage et à élaborer des programmes de promotion de l'emploi basés sur les spécificités et les potentialités de chaque région.