Amine Bensaïd, Président de l'Université Mundiapolis Plus de 20 ans après sa création, l'Université Mundiapolis s'impose au Maroc et s'ouvre désormais sur le continent. En plus de ses 24% d'étudiants africains, l'établissement fait partie du réseau continental Honoris, censé créer des synergies entre grandes universités africaines. Interview avec Amine Bensaïd, président de Mundiapolis. Les Inspirations ECO : Comment évolue Mundiapolis depuis sa création il y a plus de 20 ans ? Amine Bensaïd : Globalement, nous avons une organisation structurée, à l'image de ce qui se passe dans les grands établissements d'enseignement supérieur. Mundiapolis dispose d'une Business School, une faculté des sciences de la santé, une école d'ingénieur et un institut de sciences politiques et sociales, avec différentes formations et dans 38 filières accréditées. Nous avons, durant ces 20 dernières années, évolué vers le modèle de campus universitaire avec vie intégrée, pluridisciplinaires. Depuis environ 5 ans, nous avons aussi évolué pour «apprendre» à être accompagnateur. C'est-à-dire que les académiques sont désormais formés pour être des enseignants, experts dans des domaines précis, des chercheurs scientifiques et pour être dans une démarche de transfert de connaissances. Quelles sont les formations les plus sollicitées dans votre université ? En ingénierie, c'est le génie industriel. Nous nous sommes orientés vers le génie industriel appliqué à l'aéronautique. Au niveau de la faculté de la santé, c'est la kinésithérapie, notamment les métiers de la rééducation. Cette faculté est nouvelle et vient de lancer cette année les programmes en psychologie. Nous mettons cette faculté sur une orbite internationale, via des partenariats avec des acteurs étrangers. Notre ambition par rapport à cette faculté, au regard des besoins dans le marché, c'est de former des compétences qui pourront se lancer, en tant qu'entrepreneurs, dans le métier libéral. L'entrepreneuriat est enseigné en tronc commun, en mode classe inversée. Il consiste à ce que les étudiants eux-mêmes fasse le cours en traitant leurs propres cas. Parlez-nous du réseau Honoris dont Mundiapolis fait partie... Nous avons lancé le réseau Honoris le 11 juillet dernier, après un an de travail sur ce dossier. Il est constitué d'établissements de 9 pays, dont la plupart sont en Afrique Australe, en plus de la Tunisie et du Maroc. D'autres pays pourront également nous rejoindre et des négociations sont en cours dans ce sens. Les critères d'admission portent principalement sur la valeur ajoutée que les établissements candidats pourront apporter en termes d'intelligence collaborative. C'est-à-dire les établissements qui ont réussi à apporter des solutions concrètes en termes d'employabilité par exemple dans leur pays et qui peuvent les partager avec les membres du réseau. Quels sont vos objectifs à travers ce réseau ? Notre objectif est de trouver les meilleures manières d'aider nos étudiants et lauréats à saisir les opportunités du «junior leadership» qui s'offrent dans le développement de l'Afrique. Si nous arrivons à nous mettre sur les standards internationaux de qualité de la formation, nous devrions avoir plus d'intelligence culturelle que nous trouvons en Europe ou ailleurs. Nous avons plus de chance de saisir les opportunités de «junior leadership» en Afrique. Le Fonds Actis en est à 4 milliards de dollars d'investissements sur le continent, et par conséquent, ils voient un certain nombre de défis au niveau du capital humain. Si, à travers ce réseau, nous arriverons à répondre à ces préoccupations, cela rendrait service à leurs entreprises, ainsi qu'aux autres grands groupes qui s'intéressent à l'Afrique. Le modèle Honoris repose sur trois piliers : agilité culturelle, intelligence collaborative et mobilité internationale. Est-ce que la complémentarité dans le réseau Honoris ne freinera pas les ambitions africaines de Mundiapolis ? Honnêtement, le réseau Honoris nous permet d'aller plus vite que si nous étions seuls. L'objectif, ce n'est pas seulement d'aller en Afrique, mais plutôt positionner nos lauréats afin qu'ils contribuent à construire les liens que le Maroc tisse avec le continent. Mundiapolis n'envisage pas d'aller s'installer en Afrique, mais plutôt profiter de l'expertise des établissements partenaires africains.