Il s'agit d'un programme financé par la principauté de Monaco, accompagné par le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Association marocaine d'appui à la promotion de la petite entreprise (AMAPPE), qui constitue une première dans la région MENA. La politique migratoire marocaine crée un environnement juridique pour que les immigrés deviennent des acteurs au sein de la société et non uniquement des récipiendaires de l'aide. C'est un projet pilote qui est actuellement en stade de réflexion: L'intégration économique des migrants et réfugiés au Maroc par l'auto-emploi est une approche novatrice qui, il faut l'admettre, ne manquera pas de faire des émules. Déjà, la Tunisie, qui organise une visite interministérielle au Maroc à ce propos, s'y intéresse de près. Pour mieux approcher la problématique et réfléchir aux projets d'avenir, un atelier organisé par le ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration, avec l'appui de la principauté de Monaco, a été tenu, hier mardi, à Rabat. En partenaire de premier plan figure le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et la très dynamique Association marocaine d'appui à la promotion de la petite entreprise (AMAPPE). Cette dernière s'intéresse depuis une dizaine d'années, conjointement avec le Haut-commissariat, aux difficultés d'accès au marché de l'emploi rencontrées généralement par les migrants et les réfugiés. D'entrée de jeu, Habib Nadir, SG du ministère de tutelle, a souligné que les migrants et réfugiés dans le monde sont confrontés à une vulnérabilité multiforme. Il y a d'abord un problème relatif à la langue du pays d'accueil, puis la non-reconnaissance des qualifications et enfin une discrimination à l'embauche, comme c'est le cas dans la plupart des pays occidentaux. Le Maroc a adopté, il y a quatre ans, une politique à visage humain en supprimant, par exemple, la préférence nationale en matière d'accès à l'emploi. Parmi les réalisations phares de la stratégie nationale en matière d'immigration figure l'accès à la formation grâce à l'engagement de l'OFPPT et de l'Entraide nationale ainsi qu'à la recherche d'emploi dans plusieurs agences de l'ANAPEC. Pour Jean-Paul Cavaliéri, représentant du HCR au Maroc, il s'agit d'une expérience unique dans la région. «La politique migratoire marocaine crée un environnement juridique pour que les immigrés deviennent des acteurs au sein de la société et non uniquement des récipiendaires de l'aide», a-t-il indiqué. Et d'ajouter que la meilleure façon d'aider les réfugiés est de les rendre autonomes. Dans le même ordre d'idées, Elodie Martin, représentante de la Direction de la coopération internationale du gouvernement de la principauté de Monaco, a expliqué que le Maroc, devenu terre d'accueil, a aujourd'hui besoin de plus d'accompagnement et d'assistance. C'est dans cet esprit que Monaco apporte à ce programme d'insertion économique, outre son aide financière, son accompagnement humain. Quant à Ahmed Aït Haddout, président de l'AMAPPE, celui-ci a insisté sur le partenariat pour faire aboutir ce genre de projets. «Nous n'avons jamais eu de subventions de l'Etat et nous n'en voulons pas, ce sont les partenariats qui nous intéressent», a-t-il souligné. Lancé en 2007, le projet d'insertion socio-économique des réfugiés urbains au Maroc, piloté par le HCR et financé en partie par le gouvernement de Monaco a d'abord été axé sur les activités génératrices de revenus (AGR) avant de s'ouvrir à la formation professionnelle en 2011. Sur les 428 projets d'AGR accompagnés depuis 2007, 53,7% sont toujours actifs, ce qui constitue une vraie réussite. Il est aujourd'hui recommandé de faire évoluer la politique de sélection des bénéficiaires en systématisant le guichet unique. Ce denier permet d'appréhender de manière globale et intégrée la problématique de chaque bénéficiaire. Il est d'autant plus important de rationaliser les interventions dans le domaine de l'insertion socio-économique que la population des réfugiés, par exemple, a connu une augmentation de 1.275 réfugiés en 2014 puis de 4.329 en 2016 avec l'arrivée massive des Syriens.