Lancée en 1957, la ligne Casablanca-Dakar est l'une des plus anciennes et des plus rentables opérées par Royal Air Maroc (RAM) sur le continent. Le saviez-vous ? RAM a commencé à desservir Dakar bien avant l'indé- pendance du Sénégal. En effet, de- puis 1957, la compa- gnie nationale y atter- rit, cette ville ayant été, à l'époque coloniale, la capitale de l'Afrique occidentale française (AOF). L'accession du Sénégal à la souverai- neté internationale en 1960 n'a pas interrompu cette liaison aérienne historique, mais l'a plutôt renforcée. Aujourd'hui, cette aventure en est à sa 60e année et RAM décide de la célé- brer dans la capitale sénéga- laise. À cette occasion, un dé- placement spécial est organisé ce mercredi 17 mai à Dakar, avec la presse nationale à bord d'un vol opéré par son Boeing B787 Dreamliner. Au niveau de la compagnie, on indique que l'ob- jectif est de «rapprocher la presse nationale des réalisations de la compagnie nationale sur cette ligne historique ainsi que de l'impact du développement du transport aérien sur les rela- tions solides entre les deux pays frères». Flash-back En tout cas, le périple de RAM au Sénégal a traversé plusieurs zones, calmes comme de turbu- lences. Les relations avec Dakar ont atteint leur pic au début des années 2000, avec le lance- ment de la compagnie Air Séné- gal International (ASI), dont le capital majoritaire était détenu par RAM (51%, contre 49% pour le Sénégal). ASI, lancée en 2001, a fait banqueroute dès 2009, après avoir suscité un grand es- poir auprès de la partie sénéga- laise. Cette parenthèse avait mis à mal les affinités et la fraternité tant mises en avant entre le Maroc et le Sénégal. Mais au- jourd'hui, cette page semble tournée, car il est désormais question de lancer, une se- conde fois, une compagnie ma- roco-sénégalaise. En effet, la nouvelle Air Sénégal est censée accompagner la stratégie séné- galaise de développement du transport aérien, dans le sillage de l'ouverture prévue, courant 2017, du nouvel aéroport inter- national Blaise Diagne. Dak'Art Entre-temps, RAM a poursuivi et renforcé sa présence au Séné- gal. Aujourd'hui, avec ses trois vols opérés au départ de Dakar, la compagnie nationale est cer- tainement l'une des plus perfor- mantes sur le marché sénéga- lais. L'absence de concurrence sur l'axe Dakar-Casablanca per- met à RAM de tirer son épingle du jeu. En 2015 par exemple, quelque 180.000 passagers ont emprunté cette ligne, la plus fré- quentée sur le continent pour RAM. Cette rentabilité donne aussi des idées à Royal Air Maroc. Depuis 2014, RAM multiplie les partenariats au Sénégal. Dans ce cadre, la compagnie a signé, le 7 janvier 2014, une convention avec la Biennale de l'art africain contemporain de Dakar (Dak'art). Ce partenariat permet ainsi à RAM d'être le transporteur offi- ciel de cette manifestation cultu- relle et artistique pour les trois éditions (Dak'art 2014- 2016- 2018). De même, des liens so- lides ont été noués avec les fa- milles de la Zawiya Tijania du Sé- négal, dont des milliers de fidèles rallient chaque année la capitale spirituelle du royaume, Fès, pour le pèlerinage au tombeau du fondateur de la confrérie, Cheikh Ahmed Tijane. Concurrence ? D'ailleurs, ces dernières années, il est question de lancer une ligne directe entre Dakar et Fès pour renforcer les flux des visi- teurs sénégalais. Les négocia- tions entre RAM et l'Office natio- nal marocain du tourisme (ONMT) n'ont pas encore donné de fruits. Mais de nombreuses autres compagnies sont intéres- sées. C'est notamment le cas d'Air Arabia, qui devait conclure un accord dans ce sens avec l'Etat sénégalais, avant que le processus ne soit stoppé dans sa dernière phase. Avec l'ambi- tion de l'ONMT de multiplier par deux les 45.000 touristes séné- galais visitant le Maroc par an, tous s'attendent au renforce- ment des lignes entre le Séné- gal et le royaume, mais aussi -et surtout- la baisse des tarifs des billets, jugés exorbitants. Cette deuxième attente, une fois réali- sée, constituerait un puissant le- vier de démocratisation du transport aérien entre les deux pays frères, et améliorerait la no- toriété de Royal Air Maroc sur cette ligne historique.