À l'issue d'un débat sans langue de bois qui a duré plusieurs heures, plusieurs recommandations et propositions ont émergé pour donner un élan économique à la région. Tour d'horizon. Rompre avec l'assistanat Pour le président du Conseil de région, la politique publique de l'assistanat est à l'origine de tous les maux de la région. «Pendant longtemps, Guelmim-Oued Noun a vécu grâce aux aides de l'Etat. Ceci a tué l'esprit d'initiative chez les habitants», analyse Abderrahim Ben Bouaida. Yahya Iferdane, président du Conseil provincial de Guelmim, abonde dans le même sens : «on a toujours cet esprit de l'assistanat, il faut des années pour changer les mentalités». À en croire les deux responsables, cet esprit là serait derrière l'achoppement de plusieurs projets. Débloquer le projet du barrage Fask C'est un projet qui devrait renforcer les ouvrages hydrauliques de la région et sécuriser l'accès à l'eau potable. La convention de partenariat avec l'Etat du Qatar qui finance la réalisation du barrage Fask sur l'oued Sayad a été signée en février dernier. Seulement, à cause de bras de fer politique au niveau du Conseil régional, le projet n'a pas été validé. «Cette région souffre des calculs politiques qui font capoter tous les projets», dénonce Abderrahim Ben Bouaida. Et de rassurer : «ce projet est suivi de très près par le roi et son financement est assuré. Donc il n'y aura aucun problème pour le réaliser ». D'un coût estimé à 150 millions de dollars, le barrage Fask sera doté d'une capacité de 78 millions de m3 et permettra, à terme, la régularisation de 19 millions de m3 d'eau. Réactiver le CREA Plusieurs acteurs économiques ont insisté sur la nécessité de réactiver le comité régional de l'environnement des affaires (CREA). «Plusieurs problèmes rencontrés par les investisseurs peuvent être réglés au niveau de cette instance », estime Houssein Alioua, président de la Chambre de commerce et d'industrie. «Les autres régions ont mis en place ce Comité, pourquoi cela traîne chez nous », se demande Yahya Iferdane. Le premier concerné, le directeur du CRI, répond : «Le CREA a été créé en juin 2015 dans le cadre d'un partenariat public-privé. Les résultats ne vont pas tarder à venir». Valoriser les énergies renouvelables La conférence-débat a connu la présence d'investisseurs chinois intéressés par le secteur des énergies renouvelables. En prospection, ils ont profité de l'événement pour connaitre davantage le potentiel de la région et rencontrer ses acteurs. «Dans l'éolien, la vitesse du vent dépasse 10 mètres par seconde dans certaines parties de la région. D'autres parties, comme Assa, sont plutôt propice à l'énergie solaire», explique Youssef Atarguine. «Les investisseurs chinois portent un dossier solide. On a étudié leur projet et on est prêts à leur accorder des facilités, notamment au niveau du foncier. Masen devrait aussi les accompagner». Création d'une bourse des figues de barbarie La proposition émane de Houssein Alioua. Les figues de barbarie sont en effet l'un des produits agricoles phares de la région. Guelmim-Oued Noun est leader national dans la production de cactus avec plus de 50.000 ha et une production annuelle dépassant les 280.000 tonnes. Sauf que ce potentiel est sous-exploité. «Ce produit est vendu à 20 DH la caisse au niveau de la région alors que son prix atteint 200 DH à Casablanca ou à Rabat. Ce sont les intermédiaires qui en profitent au détriment de l'agriculteur. Une bourse est de nature à valoriser ce produit et barrer la route aux intermédiaires », estime le président de la Chambre de Commerce et d'industrie. Faire sauter les barrières à l'export La route vers l'export est semée d'embûches. D'abord, les producteurs et industriels sont obligés de passer par Lâayoune ou Agadir, ce qui se traduit par un coût de transport élevé et réduit la compétitivité. Le président de la Chambre de commerce et d'industrie soulève un autre obstacle : les certificats des laboratoires d'analyse. «Ce document est une condition sine qua non. Seulement, on rencontre beaucoup de difficultés pour obtenir ce sésame», déplore-t-il. Redonner vie au port de Tan Tan Autrefois l'un des premiers ports d'export des conserves, le port de Tan Tan est aujourd'hui à l'agonie. En cause, «un arrêt biologique décrété depuis 2013 et qui continue jusqu'à aujourd'hui », explique Mohamed Mae Elainine Bouh, président du Pôle compétitivité au port de Tan Tan qui regroupe les acteurs économiques opérat dans la pêche maritime et l'industrie de conserve. Selon lui, l'arrêt biologique a été décidé suite à l'apparition de sardines de petite taille. «Aujourd'hui la donne a changé. Et on a contacté le ministère de tutelle pour revoir cette décision à la lumière de ces changements, en vain», poursuit-il. Plus de promotion pour la région «Les Marocains ne connaissent pas le potentiel touristique de la région, comment alors espérons-nous attirer des touristes étrangers ?», demande le président du Conseil régional. En effet, la région offre un produit touristique spécifique basé sur le balnéaire en complément avec l'écologique, le culturel, l'aventure et le thermalisme. Seulement, Guelmim-Oued Noun est pratiquement inexistante dans les radars des tours opérateurs et les efforts de promotion de ses atouts demeurent insuffisants.