En l'espace d'un week-end, l'UGTM a tenu deux congrès extraordinaires qui se sont soldés par la nomination d'un nouveau secrétaire général. De facto, l'UGTM est devenu bicéphale, et le troisième volet d'un scénario visant la mise la mort politique de Hamid Chabat se précise. Les détails. Après le congrès exceptionnel tenu le samedi 29 avril à Rabat, qui a été couronné par le changement des articles 91 et 54 des statuts du parti, qui exigeaient de tout candidat au poste de secrétaire général d'être membre du comité exécutif, la sortie honorable de Hamid Chabat semblait se dérouler sans grand problème. Au contraire, la famille istiqlalienne s'est réunie pour la photo de famille et donner l'impression qu'il n'y a pas péril en la demeure. Or, dans les coulisses, les détracteurs de Chabat, le couteau entre les dents, se préparaient à l'embuscade afin de mettre la main sur l'UGTM, bras syndical du parti et principal arme de frappe du secrétaire du parti, puisque les cadres du syndicat constituent l'ossature du parti. Sentant le coup venir, Hamid Chabat cadenasse le local du syndicat afin d'en interdire l'accès aux membres qui ont rejoint le maquis pour le pousser vers la sortie. Résultat, plusieurs syndicalistes istiqlaliens boycottent le traditionnel défilé du 1er mai. Une première depuis la création de l'UGTM en 1960. Pour les frondeurs, il est impossible de continuer à travailler tant qu'il existe des «dysfonctionnements internes» imputés à la direction de l'UGTM, dirigée depuis 2014 par Mohamed Kafi Cherrat, un des fidèles de Hamid Chabat. La purge est lancée Selon une source auprès de l'UGTM, cela faisait quelques semaines que les refuzniks de la centrale syndicale faisaient le tour des sections locales dans plusieurs régions du Maroc pour les convaincre de lâcher Chabat et préparer son renversement en organisant une Assemblée extraordinaire. Anticipant le coup, le samedi 6 mai, Chabat réunit, à 9h du matin, près de 400 cadres au siège du syndicat pour décider d'un congrès extraordinaire, conformément à l'article 16 du règlement régissant le syndicat. «L'UGTM a réitéré sa confiance en Hamid Chabat en sa qualité de secrétaire général du syndicat. Il aura pour mission de préparer la prochaine AG extraordinaire et surtout le restructuration des sections locales aux échelles régionale et nationale», indique Youssef Allakouch, le porte-parole de l'UGTM, qui poursuit: «Un huissier de justice dressera un PV constatant l'organisation de cette AG, et tout autre rassemblement au nom de l'UGTM sera illégal. Le syndicat se réserve le droit de poursuivre ses auteurs en justice». Une sorte de purge qui ne dit pas son nom, doublée d'une menace d'attaquer en justice les membres qui fomenteraient un autre congrès extraordinaire pour renverser Chabat. Cela sera chose faite le lendemain, dimanche 7 mai, quand plusieurs responsables du syndicat se réunissent dans un hôtel de la capitale pour élire Enâam Mayara, proche de Hamdi Ould Rachid, au poste de secrétaire général de l'UGTM. Pour le moment, l'UGTM est devenue bicéphale, et le courant réformateur mené par Hamdi Ould Rachid semblent remporter une précieuse bataille. Affaire à suivre...