Sous l'effet des réformes, qui développent un climat des affaires favorable aux investisseurs étrangers, le Maroc accroît et pérennise le volume de ses IDE au fil des ans. D'où viennent-ils ? Quels secteurs visent-ils ? Quelles perspectives de développement laissent-ils entrevoir ? Arrêt sur image... À l'évidence, le Maroc dispose de nombreux atouts pour attirer les investisseurs étrangers sur son territoire. Sa position géographique en fait une plateforme idéale pour toucher les marchés africains, au sud, et relier la zone MENA aux pays du grand continent américain, suivant un axe est-ouest. Le Maroc, est aussi riche de ses ressources humaines, qui montent progressivement en compétences. La stabilité politique du pays en fait également une terre apaisée où les investisseurs peuvent s'engager à moindre risque, d'autant que l'environnement des affaires est en progrès constants sous l'effet de réformes volontaires engagées par le royaume (1).Parmi elles, l'adoption du Code général des impôts en 2007, la création de l'Agence marocaine de développement des investissements en 2009, la promulgation d'une loi sur les partenariats public-privé en 2015 ou encore la mise en œuvre de l'Identifiant commun des entreprises (ICE) participent à cette amélioration du climat des affaires. Le royaume poursuit par ailleurs sa politique d'intégration dans l'économie mondiale, notamment vers les marchés progressifs. L'Afrique y occupe une place privilégiée, comme le montre la croissance annuelle de 11% en moyenne des échanges du Maroc avec le continent sur la période 2005-2015(2). L'ensemble des mutations engagées par le royaume semble aujourd'hui porter ses fruits : le Maroc, 68e au classement global du «Doing Business 2017» de la Banque mondiale vient ainsi de faire une entrée remarquée dans le premier tiers des pays ayant le meilleur environnement des affaires (3). Une performance confirmée par le rapport de compétitivité du Forum économique mondial, qui classe le Maroc à la 70e position, premier du Maghreb et 4e en Afrique, derrière l'Île Maurice, l'Afrique du Sud et le Botswana. Origines et volumes des IDE au Maroc Les réformes mises en œuvre depuis une quinzaine d'années ont-elles réellement un impact sur le montant des IDE entrants au Maroc ? Les statistiques de l'Office des changes nous le confirment ! On observe tout d'abord que le montant annuel moyen de ces IDE est passé de 20,9 MMDH sur la période 2000-2007, à 32,6 MMDH de dirhams entre 2008 et 2015(2). Jusqu'en 2010, les IDE étaient particulièrement irréguliers et fortement liés aux vagues de privatisation qui se sont succédées dans des domaines aussi variés que la téléphonie mobile, la finance, le tabac, la distribution d'eau, l'agro-alimentaire, les matériaux de construction ou encore le textile. Depuis 2010, leurs montants annuels ont dépassé la moyenne régionale et leurs performances n'ont pas été affectées par le Printemps arabe (2). À l'heure actuelle, le royaume capte 0,4% des IDE mondiaux effectués dans les pays en développement et 5% des IDE en Afrique. Qu'en est-il de l'origine des investisseurs au Maroc ? Il apparaît que depuis l'an 2000 le trio de tête est resté inchangé, mais des mutations sont en cours. La France demeure le premier partenaire du royaume, avec une part de 49% des IDE totaux investis sur la période 2000-2007 et 38% entre 2008 et 2015. Cette baisse relative est également visible en Espagne, passée de 21 à 5%. Ceci lui vaut de céder sa seconde position dans le classement des pays investisseurs aux Emirats Arabes Unis, dont la part dans les IDE a évolué de 4 à 13% au cours des mêmes périodes de référence. D'une manière générale, la part des pays issus de l'Union européenne (85 et 60%) a cédé du terrain aux pays arabes, passés de 10 à 41% (2), mais l'annonce récente de projets majeurs menés par des investisseurs asiatiques pourrait bien faire bousculer la donne dans un avenir proche. Domaines d'investissements et perspectives Après une année 2016 marquée par un net recul des IDE dans le monde et au Maroc (qui a perdu 17% de ses IDE entrants l'an dernier (4), les montants investis devraient croître de 10% en 2017 (5). Sur le territoire national, des projets d'envergure sont déjà sur les rails. Au cours des quinze dernières années, les télécommunications et le tourisme ont perdu de leur attrait au profit des services, de l'immobilier, y compris les grands travaux et du secteur de l'énergie et des mines. L'industrie, elle, bénéficie à plein des effets du Plan d'accélération industrielle, qui positionne le Maroc comme base privilégiée de fabrication en Afrique pour les investisseurs étrangers. Parmi les secteurs en fort développement, l'automobile et l'aéronautique se montrent particulièrement dynamiques. Ils sont au cœur de partenariats et de contrats d'investissement qui devraient prochainement entrer dans leurs phases de mise en œuvre (2). La région de Tanger attire à elle seule deux projets phares. Le premier est porté par l'opérateur néerlandais APM Terminals, qui investira quelque 8 MMDH dans le port de Tanger Med d'ici 2019. Non loin de là, c'est toute une ville industrielle qui va sortir de terre. Sa construction initiée par le groupe chinois Haite, nécessitera environ 10 milliards de dirhams. À terme, ce sont 200 industries chinoises qui s'y installeront, créant jusqu'à 100.000 emplois et investissant 100 MMDH au cours de la décennie à venir (6). Aux côtés de PSA, Stelia, Bombardier, Yazaki, Delfingen, elles affichent leur confiance en l'avenir du Maroc et stimulent le développement économique et social du royaume ainsi que ses exportations. La spirale vertueuse des IDE est bel et bien engagée ! Alexandra mouaddine Pour h&f associates business partner rh (1) «Rapport de suivi sur la mise en œuvre de l'examen de la politique d'investissement - Maroc», CNUCED, septembre 2015 (2) «Projet de Loi de Finances pour l'année budgétaire 2017, Rapport économique et financier», ministère de l'Economie et des finances (3) «Doing Business 2017 : résultats encourageants pour les pays du Maghreb», La Banque mondiale, 26/10/16 (4) «Indicateurs mensuels des échanges extérieurs, année 2016», Office des changes, 31/01/17 (5) «World Investment Report 2016», CNUCED, 21/06/16 (6) «Le Maroc accueillera une «ville industrielle» chinoise, Leparisien.fr, 21/03/17