La participation féminine à la vie professionnelle demeure encore très faible en comparaison avec celle des hommes qui consacrent quatre fois plus de temps aux activités professionnelles. Selon les résultats d'un rapport de la DEPF et OCP Policy Center, les femmes marocaines sont essentiellement embauchées dans les secteurs à faible productivité, pour occuper des emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés. Le Maroc n'a décidément pas encore rompu avec l'image de la «femme au foyer». C'est en tout cas l'une des conclusions d'un récent rapport sur l'égalité de genre, politiques publiques et croissance économique au Maroc, réalisé par la DEPF et OCP Policy Center qui dénonce la faible participation féminine à la vie professionnelle en comparaison avec celle des hommes qui consacrent quatre fois plus de temps aux activités professionnelles. Selon ces conclusions, les femmes consacrent sept fois plus de temps aux activités domestiques que les hommes. Le regroupement du travail domestique et du travail professionnel attribue à la femme active une charge de travail plus lourde que celle de la femme au foyer (9h03mn contre 6h02mn). Contrairement à l'homme, dont le temps domestique ne subit pas de changements marquants quel que soit le type d'activité (42mn pour l'homme actif et 48mn pour celui inactif). Selon le rapport de la DEPF et OCP Policy Center, la valorisation du travail domestique des femmes, âgées de 15 ans et plus, a fait ressortir une contribution des femmes à la richesse nationale (PIB en 2012) de 39,7% en valorisant les heures de travail au SMIG et de 49,3% en valorisant les heures de travail par la rémunération salariale moyenne dégagée par la comptabilité nationale. Quand elles sont embauchées, les femmes marocaines le sont essentiellement «dans les secteurs à faible productivité, pour occuper des emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés». Selon la même source, le taux de participation des femmes au marché du travail au Maroc est influencé par le niveau de la transformation structurelle de l'économie nationale qui n'offre pas suffisamment de débouchés en termes d'emplois adaptés aux femmes et ceci parallèlement à la prédominance, en termes d'emplois, de secteurs à forte intensité en main-d'œuvre et faiblement qualifiée, comme l'agriculture et le textile et cuir, ce qui limite l'insertion en milieu professionnel des femmes diplômées. Les femmes urbaines, notamment, celles diplômées de niveau supérieur, sont plus concernées par le chômage avec un taux moyen de 22,8% entre 1999 et 2014 contre 14,9% pour les hommes, soit un écart de près de 8 points, fait savoir l'ouvrage. En milieu rural, les femmes souffrent plutôt d'une discrimination en termes d'accès à un travail rémunéré, précisent les auteurs de l'ouvrage, notant que 73,6% des femmes rurales actives occupées en 2013 ont le statut d'aide familiale et apprentie sans rémunération. «La participation des femmes marocaines à la vie active demeure limitée», selon la même source, qui relève que le taux d'activité pour les femmes est de 25,3% en 2014 (après 30% en 1999) contre 72,4% pour les hommes, soit un écart de plus de 47 points. En outre, l'écart entre l'activité des femmes et des hommes est davantage significatif en milieu urbain, où le taux d'activité des hommes est plus de trois fois supérieur à celui des femmes, contre un écart de plus du double en milieu rural. L'ouvrage met en évidence l'impact négatif d'un certain nombre de facteurs sur la participation des femmes au marché du travail, à l'instar du revenu du ménage, du nombre élevé des enfants par ménage, de l'importance de la dominance masculine, du nombre d'adultes au niveau de la famille, du taux de chômage, de l'importance de la part de l'emploi dans le secteur agricole et du faible niveau de l'éducation des femmes. D'autres facteurs agissent en faveur de l'activité des femmes, en l'occurrence, le niveau élevé de l'éducation de la population au niveau de chaque région administrative, la dominance du sexe féminin au niveau des adultes vivant au sein du même foyer, l'importance de la part des emplois au niveau du secteur des services ainsi que l'accès au réseau routier. Par ailleurs, les résultats font ressortir également un impact négatif de l'urbanisation sur la participation des femmes au marché du travail qui attribue ce constat d'une part à l'inadéquation entre les qualifications des femmes rurales migrant vers les villes et les emplois en milieu urbain et d'autre part à la qualité du processus d'urbanisation qui renvoie probablement à la nécessité de poursuivre les efforts en matière de renforcement de la qualité des infrastructures, des services de transport et de sécurité en milieu urbain, autant de facteurs qui peuvent dissuader les femmes de participer au marché du travail. La femme plus présente dans la fonction publique La présence de la femme dans l'administration a connu «une évolution soutenue» durant ces dernières années. Le taux de féminisation dans l'administration publique est passé de 38,6% en 2012 à 39,5% en 2015. Selon le ministère de l'Emploi et des affaires sociales, ce taux a également augmenté au niveau des postes de responsabilité et de décision en passant de 16% en 2012 à 21,5% en 2015. Selon le département de l'Emploi, la femme occupe de plus en plus de postes importants dans les administrations, les institutions politiques, les instances syndicales et associatives, participant ainsi activement à la chose politique et économique de pays. Il faut rappeler que les femmes parlementaires marocaines ont amélioré leur représentativité (81 femmes sur 395 députés, contre 67 femmes en 2011), soit une augmentation de 20,5%.