La journée des droits de la femme a résonné de la meilleure des manières à Marrakech. Plus de 100 femmes journalistes du continent se sont donné rendez-vous pour parler du métier et ses préoccupations et des actions à mener pour construire les synergies lors du 1e Forum des femmes journalistes en Afrique. Des centaines de journalistes du continent, des femmes fortes qui ont travaillé deux fois plus dur pour en arriver là où elles sont et qui viennent pour se rencontrer, se connaître, tisser des liens et surtout partager et travailler main dans la main. Les Panafricaines, initiative de 2M et du comité Parité Solidarité, a organisé en deux mois seulement, cette rencontre qui unit, pour la première fois, des femmes journalistes du continent. Né du constat que les journalistes ne se connaissent pas, se croisent mais ne se rencontrent pas, les Panafricaines. Une idée de Fathia El Aouni, responsable antenne et rédactrice en chef Radio 2M qu'elle soumet à Samira Sitail, directrice générale adjointe de l'information, des magazines et du sport de 2M et à Salim Cheikh, DG de 2M, qui la soutiennent tout de suite. Résultat: une idée «folle» à mettre sur pied en deux mois seulement. Partenaires, sponsors, équipes, journalistes et artistes répondent présent pour que cette journée du 8 mars 2017 ait un écho et un impact sur les droits des femmes et sur le quotidien des femmes journalistes d'Afrique. C'est plus de 100 journalistes du continent qui posent leurs pieds, pour la plupart pour la première fois, sur le sol marocain ce dimanche 5 mars. Après avoir visité Rabat et Casablanca, les journalistes du continent se dirigent vers Marrakech pour la première édition des Panafricaines. Matinée d'échange et après-midi de workshops afin de sortir avec des recommandations concrètes, les voix d'Afrique ont pris ce rendez-vous très au sérieux. «Cette première rencontre se veut une brise de changement. L'Afrique a changé. Une métamorphose qui implique toutes les femmes. Nous sommes la plus grande chance pour notre continent, pour sa santé, sa croissance et sa stabilité», commence Khadija Boujanoui, présidente du Comité parité et diversité 2M, qui entame sa présentation avec une affirmation importante : les femmes représentent 9% seulement de l'ensemble des intervenants dans tous les différents médias marocains. «Nous avons tant à partager. Malgré nos diversités, notre richesse culturelle, nous avons un socle de valeurs en commun, nous avons des défis en commun en tant qu'entreprises médiatiques et une double responsabilité : faire progresser la question de la femme dans nos propres organisations et une autre plus grande en tant que média, vecteur de valeurs car c'est à nous de construire les générations futures africaines». Journalistes de plusieurs médias, débutantes ou femmes au parcours impressionnant, la connexion s'est faite ce mercredi 8 mars à Marrakech, mettant en exergue les parcours inspirants de femmes qui se battent chaque jour pour le changement. Une des questions d'ailleurs soulevées lors de cette journée, celle du rôle de ces femmes à la tête de supports de presse dans l'initiation du changement. Des parcours, un combat Femme journaliste, mais journaliste d'abord ! Tel est le premier constat de ces rencontres. Il est vrai que la parité n'est pas toujours respectée, mais ce qui ressort le plus chez les journalistes du continent, ce n'est pas un féminisme exacerbé mais une passion pour un métier qu'il n'est pas facile d'exercer tous les jours. «Votre rôle est indéniablement essentiel à la promotion des droits des femmes et des principes de l'égalité entre les sexes. Vous constituez le lien entre les réalités du terrain, les réalisations achevées dans vos pays respectifs et l'opinion publique. Vous révélez les problématiques que vivent les femmes journalistes au quotidien mais également vous exposez les bonnes pratiques et les histoires d'hommes et de femmes qui défient les stéréotypes et les barrières imposés par nos sociétés», souligne Leila Rhiwi, représentante du bureau multipays d'ONU Femmes pour le Maghreb. Conscientes de ce pouvoir, les journalistes femmes du continent partagent leur expérience et leurs difficultés. Au Niger, on déplore la rareté des femmes aux postes clefs. «Rares sont les femmes rédactrices en chef, rares sont les femmes aux postes de responsabilité. Nous en avons une seule dans une radio-Tv privée, et une autre en presse écrite publique. Au niveau de la presse écrite privée, les femmes sont inexistantes au Niger», informe Amina Niandou, responsable de la cellule communication de l'Assemblée nationale du Niger et présidente de l'Association des professionnelles africaines de la communication section du Niger (APAC). Pour sa part, Afiwa Mata Ahoudjogbé, présidente de l'Association des femmes journalistes de Guinée, commente: «Nous avons des préoccupations économiques, nous avons les salaires les plus bas et nous occupons parfois les postes les moins glorifiques». «Notre seconde préoccupation est la formation ! Ce n'est pas évident pour les femmes de s'orienter vers le journalisme. Il y a également les clichés qui font que la société voie les femmes journalistes comme des femmes aux mœurs légères, qui sortent tôt, rentrent tard», continue Afiwa Mata. «Je pense qu'il est trop tôt pour célébrer le 8 mars. Le 8 mars, c'est l'occasion de faire le point sur les droits des femmes un an après. Et peut-être qu'en 2030, nos filles pourront célébrer ce jour. C'est en 2030 que nous arriverons à la parité 50- 50», a estimé pour sa part Souad El Tayeb, directrice de Radio Monte Carlo Doualiya. C'est dans cette optique que la charte du Réseau des femmes journalistes d'Afrique a été créée, suite aux huit worshops de l'après-midi, base d'une mobilisation autour de valeurs universelles partagées. Un document qui a repris les préoccupations majeurs de ces femmes, qui se sont souvent retrouvées sans se concerter dans l'idée de créer un véritable réseau solide, de créer un véritable échange de compétences sur l'année sous forme de visites de rédactions respectives, de créer un prix de la Panafricaine de l'année mais surtout de se retrouver et de rendre cet événement pérenne. «La charte du Réseau des femmes journalistes d'Afrique permettra de jeter les bases d'un référentiel commun permettant d'améliorer le travail des femmes dans les médias. Elle proposera également des recommandations sur toutes les avancées possibles quant à leur statut et à leur promotion. La charte contribuera par ailleurs à une meilleure représentation dans les professions médiatiques de la femme journaliste, actuellement peu ou mal organisée sur l'ensemble du continent». Un document qui sera présenté aux différents gouvernements des 28 pays présents.