Revue de détail. Après tout, les artistes aiment qu'on les regarde. Grande taille, sourire angélique, silhouette parfaite et chevelure excentrique. «Lorsque j'ai signé mon premier contrat avec ma maison de production, on m'a demandé de changer mon nom et mon look. J'ai totalement refusé, parce que je ne voulais pas perdre mon identité», nous a confie le jeune chanteur marocain Abdelfattah Grini. Timide et taciturne, Grini s'est plutôt illustré lors de la conférence de presse organisée, lundi dernier, à Casablanca. L'artiste était là, il a répondu aux questions des différents représentants de la presse nationale. Il a même clarifié certaines zones d'ombre... Bref, Grini a assuré devant les journalistes marocains. «J'attendais cette rencontre avec la presse marocaine depuis longtemps. C'est très important de se sentir soutenu par les médias de son pays». L'organisation de ce meeting s'inscrit en effet, dans le cadre d'une campagne de communication lancée par Platinium Records (sa boîte de production) à l'occasion de sa nomination au prix MTV Worldwide Act 2011, catégorie du meilleur artiste mondial. «C'est une consécration pour moi d'être nominé à ce prix aux côtés de stars internationales telles que Madonna, Lady Gaga ou Beyoncé», affirme Grini. Seul artiste arabe en lice pour ce prix, Grini n'a cessé de répéter que plusieurs critères sont pris en considération pour nommer tel ou tel artiste. «Le nombre d'albums vendus, le taux de visionnage de mes clips sur Youtube ou encore la fréquence de leur passage à l'antenne, sont entre autres, les critères de sélections des nominés», précise-t-il. Success Story Malgré son succès dans le monde arabe, Abdelfattah Grini n'a pas pris la grosse tête. «Il ne faut pas oublier que cela fait à peine trois ans que je suis sur la scène artistique», a-t-il confirmé devant la presse nationale. Trois années ont été largement suffisantes pour que ce natif de Casablanca s'impose en tant que chanteur hors pair. Tout commence lorsque Grini se présente à l'émission de téléréalité Album. Diffusée sur MBC en 2007, cette émission a permis au jeune marocain de faire montre d'un talent inédit. Sa voix, sa présence sur scène et son charisme ont vite ébloui les milliers de téléspectateurs arabes. «Je suis chanceux, parce que j'ai été vite adopté par le grand artiste Rashed Al Majed, que je considère comme mon père spirituel». Un premier single «Ashouf fik youm» et le succès a été au rendez-vous. Son deuxième single a été bien accueilli par les critiques et le public. Les clips des deux singles passent en boucle sur les chaînes arabes. Le nom de Grini commence alors à se faire connaître. Il se produit dans les différents festivals organisés dans la région. Ambassadeur de la chanson marocaine, il a même ouvert le bal du célèbre festival «Hala Février» aux Emirats arabes unis. «Vous allez certainement me demander pourquoi je ne me suis pas encore produit à Mawazine ? La réponse est toute simple : je ne me suis pas mis d'accord avec les organisateurs qui pensent que je suis toujours ce jeune chanteur méconnu». Et de poursuivre: «Comment peuvent-ils me proposer de faire la première partie de tel ou tel spectacle, alors que tous les autres festivals du monde arabe ne me proposent plus ça ? Je pense qu'il faut donner plus d'importance aux artistes marocains et ne pas toujours les considérer comme des chanteurs de seconde zone». Le chanteur ne s'arrête pas là. Il essaie même de diagnostiquer la scène musicale nationale. «Notre problème est celui de la production. Nous n'avons personne de prêt à prendre le risque pour produire de jeunes artistes. Personnellement, j'essaie depuis un moment déjà de convaincre des producteurs arabes de s'installer au Maroc, afin justement de mettre en place ce marché de production musicale inexistant malheureusement dans notre pays». Ambitieux et aventurier, Abdelfattah Grini prépare actuellement son 4e album, qui verra le jour bientôt. «Je préfère tout arrêter pour le moment et attendre les résultats du prix MTV». Ce n'est pas tout ! Le Casablancais envisage de lancer un album 100% marocain. «L'idée n'est pas nouvelle. J'y pense depuis un an. Je suis toujours à la recherche de paroliers et de compositeurs qui pourraient me proposer quelque chose de nouveau. Je pense tout particulièrement à RedOne qui est en train de cartonner aux Etats-Unis». Abdelfattah Grini qui vient de signer un contrat de 15 ans avec son producteur, joue la prudence: «J'ai pas mal d'idées, mais je préfère ne pas brûler les étapes et surtout ne pas me lancer dans des domaines que je ne maîtrise pas».