À Marrakech ce 30 septembre, 27 pays du continent se sont mis d'accord pour former une «Coalition en faveur de l'adaptation de l'agriculture africaine». Ce bloc a été constitué en vue des négociations de la COP22 afin de permettre au secteur agricole africain de bénéficier de plus de fonds pour faire face au changement climatique. «L'union fait la force», dit l'adage. Et les responsables africains en charge de l'Agriculture l'ont bien compris. À Marrakech ce 30 septembre, 27 pays du continent se sont mis d'accord pour former une «Coalition en faveur de l'adaptation de l'agriculture africaine». Ce bloc a été constitué en vue des négociations de la COP22, qui doit se tenir dans la même ville à partir du 7 novembre. Ces Etats issus des différents espaces régionaux de l'Afrique s'engagent ainsi, à travers cette Déclaration de Marrakech, à «positionner l'agriculture au centre des négociations climat». Leur champ d'application sera encadré par l'initiative marocaine «Triple A» en faveur de l'adaptation de l'agriculture africaine. Celle-ci est structurée autour de deux volets. 100 milliards de dollars Le premier consiste à porter la voix de l'Afrique aux cœurs des enjeux des COP afin de parvenir à une répartition équitable des fonds destinés aux problèmes causés par le changement climatique. Le second volet vise, quant à lui, à promouvoir et à favoriser la mise en œuvre de projets concrets et innovants en matière de gestion des sols, de maîtrise de l'eau agricole, ainsi que de la gestion des risques climatiques. En plus clair, le «Triple A» est censé attirer le maximum de fonds possibles en faveur de l'agriculture africaine, tout en encourageant la concrétisation de projets agricoles respectueux de l'environnement et résistant au changement climatique. Cet engouement est motivé par l'engagement des pays développés de consacrer au moins 100 milliards de dollars aux pays en développement pour faire face aux problèmes liés aux évolutions climatiques. 4% des fonds publics Cette promesse faite à Paris lors de la COP21 sera au cœur des préoccupations africaines lors de la COP22. Et à ce propos, la partie s'annonce serrée et exige une forte solidarité entre Etats africains. Cela d'autant plus que le continent ne bénéficie que de 5% des fonds climat, que les projets d'adaptation ne captent que 20% des fonds publics climat et que l'agriculture ne reçoit que 4% de ces fonds. La mobilisation et le lobbying doivent alors être de mise. «Si nous, Africains, n'initions pas le mouvement, personne ne le fera à notre place», a alerté le ministre marocain de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, dont le leadership continental dans le secteur agricole se fait de plus en plus sentir. Aziz Akhannouch Ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime Une grande partie des 100 milliards de dollars promis à partir de 2020 pour faire face au changement climatique doit revenir à l'agriculture africaine». Mamadou Sangafowa Coulibaly Ministre ivoirien de l'Agriculture et du développement rural L'initiative Triple A offre à l'Afrique un cadre opérationnel pour respecter ses engagements pris à Paris lors de la COP21. Le Triple A est une solution à la lutte contre le changement climatique». Mostafa Terrab Président du Groupe OCP On ne peut pas adopter des engrais en Europe pour l'Afrique. Il faut que ces engrais soient fabriqués en Afrique, au plus près de l'agriculture africaine». «#WEAAARE» pour promouvoir le «Triple A» Pour mieux vulgariser l'initiative «Triple A», une campagne de communication intitulée «#WEAAARE» a été mise en place. Elle vient d'être lancée à l'occasion de la rencontre de Marrakech. «#WEAAARE» sensibilise la société civile et mobilise la communauté internationale en faveur de l'initiative AAA à l'approche de la COP22. Ce hashtag est désormais accessible aux décideurs, aux personnalités comme au grand public au niveau international. Tous pourront voir leur soutien mis en avant lors de la COP22 sur un «mur des soutiens». Cette campagne sera portée par un dispositif publicitaire digital à l'international, et enrichi d'une visibilité en presse et affichage sur le continent africain. Un film sera également sur le web et mettra en scène des «Agrimakers», ces agriculteurs africains innovants, qui contribuent à développer le potentiel agricole du continent.