Le Maroc et la Banque africaine de développement (BAD) se sont engagés à renforcer leur partenariat au-delà de leurs relations bilatérales pour contribuer efficacement au développement du pays. Les visions des deux parties pour l'essor du continent convergent à plusieurs niveaux, et l'expérience marocaine dans différents domaines peut servir de modèle à plusieurs pays. Le Maroc et la BAD réfléchissent ainsi au lancement prochain de plusieurs initiatives en faveur du continent. La Banque africaine de développement (BAD) ne tarit pas d'éloges sur l'efficacité et la densité de ses relations avec le Maroc, un modèle de partenariat qui a été dernièrement mis en relief à l'occasion de la visite qu'a effectuée, il y a quelques jours, Akinwumi Adesina, le nouveau président de l'institution, au Maroc. L'occasion pour lui de rencontrer plusieurs personnalités du pays ainsi que les représentants du secteur privé, avec lesquels la BAD et le Maroc ont examiné plusieurs voies et moyens permettant non seulement d'enrichir leur partenariat mais aussi et surtout de l'enrichir en faveur du développement du continent. C'est en tout cas ce qui ressort du compte-rendu de la visite de la délégation de la BAD au Maroc qui a été rendu public par l'institution au lendemain du séjour marocain. À cet égard, le président de la BAD a réitéré, une fois de plus, la qualité de la coopération qui unit la banque au Maroc, l'un des ses membres fondateurs et, surtout, son premier client. «Le Maroc est l'un des portefeuilles de projets de la BAD les plus performants du continent», a rappelé le président, qui n'a pas manqué de mettre en avant le niveau du taux de décaissement, qui est de 52%. Akinwumi Adesina n'a pas manqué de saluer, également, les performances du Maroc sur le plan économique et de ses stratégies de développement. Priorités africaines L'un des aspects les plus importants sur lesquels les échanges ont porté entre les officiels marocains et la délégation de la BAD concerne la vision commune aux deux parties sur l'intensification de la coopération Sud-Sud comme socle du développement africain. Le président de la BAD a ainsi souligné l'importance du Maroc sur le continent puisque «85% des investissements directs étrangers marocains sont dirigés vers l'Afrique». Le président nigérian de la BAD n'a d'ailleurs pas manqué de surfer sur l'actualité du moment, en se félicitant de la décision du royaume de réintégrer l'Union africaine. Aussi, le Maroc est le troisième exportateur sur le continent, derrière l'Afrique du Sud et l'Egypte. Autant dire une base solide pour le renforcement du partenariat entre le Maroc et la BAD qui va au-delà des relations bilatérales mais va s'étendre au continent en misant sur l'expérience marocaine et les orientations de la vision royale qui constitue le fondement de la diplomatie marocaine en Afrique. «Les nombreux échanges de travail ont mis en lumière la convergence de vues entre la banque et les autorités du Maroc, notamment autour des grandes priorités que la BAD s'est assignées», lit-on ainsi dans le communiqué de la BAD. Il s'agit notamment de l'initiative «Eclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie», qui peut s'enrichir des grands progrès qu'a enregistrés le Maroc ces vingt dernières années en matière de connexion électrique. L'autre grande priorité, «Nourrir l'Afrique», fait écho au Plan Maroc vert, qui vise le développement de l'agriculture et de l'agro-industrie, et grâce auquel, a souligné la BAD, «l'impact de la forte sécheresse de cette année est grandement atténué». Il en va de même pour l'initiative «Industrialiser l'Afrique» à laquelle répond la stratégie industrielle du Maroc. En plus de l'initiative «Intégrer l'Afrique», l'autre grande priorité de la BAD concerne le développement des énergies renouvelables et donc la promotion d'une véritable économie verte, une voie sur laquelle le Maroc est déjà bien avancé avec le soutien de l'institution continentale. À juste titre, le président de la BAD a clairement profité de l'occasion pour souligner le soutien de son institution à l'organisation de la COP 22, qui se tiendra en novembre 2016 à Marrakech. «Vous pouvez compter sur le plein soutien de la banque», a assuré le président Adesina. Il convient de relever que la BAD, qui finance déjà l'extension de l'aéroport de la ville ocre, co-organise le Pavillon Afrique et échange au plus près avec les autorités marocaines tout au long des préparatifs de cet événement d'envergure mondiale et décisif pour la planète «en terre africaine», selon les mots de la BAD. Opportunités de coopération «Je souhaite que l'on travaille ensemble», a ainsi déclaré le président Adesina à l'adresse des autorités marocaines. Les deux parties ont tour à tour échangé sur les enjeux du changement climatique et les financements requis, la nécessité d'une tarification différentiée pour les prêts octroyés aux investissements climatiques dans les pays les plus fragiles, l'agriculture et l'agro-industrie, l'eau et l'assainissement ou l'intégration financière. Sur ce dernier point, la BAD et l'ASEA viennent de signer, mi-juillet, un protocole d'accord qui implique notamment la place boursière de Casablanca. Autant dire que les opportunités de collaboration sont riches de promesses avec aussi l'installation du «Fonds Africa 50» à la place financière de Casablanca (CFC). Entre autres pistes pour une collaboration renforcée, le président Adesina a émis une première proposition concrète, celle de «créer avec le Maroc un fonds de private equity» pour doper les investissements dans l'agriculture en Afrique et, selon la BAD, «loin d'exprimer un refus, les autorités marocaines ont promis d'y réfléchir».