Pour la première fois de son histoire, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) vient d'autoriser l'élargissement de ses activités aux économies de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Si l'Egypte est inscrite en haut de l'échelle des priorités de la banque, le Maroc, qui a manifesté son «vif intérêt» de bénéficier de l'expertise d'un tel organisme, n'est pas en reste. En mai dernier, cette initiative avait reçu le soutien des actionnaires, et les institutionnels de la Banque réfléchissaient déjà aux moyens de «commencer (au plus vite) à investir en Egypte et au Maroc, sans attendre qu'ils intègrent formellement la zone d'activité de la Banque, ce qui aurait nécessité une révision des statuts», disait alors Thomas Mirow, président de la BERD. Alors que la validation du vote ne nécessitait que 80% des voix, ce ne sont pas moins de 62 actionnaires sur les 63 qui constituent le conseil des gouverneurs de la banque (99,85%), qui ont affirmé leur soutien à ce projet tant géostratégique qu'économique. Concrètement, cette coopération technique devrait aujourd'hui mobiliser une première enveloppe de subventions de 100 millions d'euros, dont 20 millions provenant des fonds propres de la banque. Au niveau opérationnel, la BERD est en phase d'élaborer un cadre de financement adapté aux besoins des pays cibles, et penche, selon les premières informations disponibles, pour l'instauration d'un partenariat public - privé (PPP). Notons à cet effet, que la banque a lancé les jalons d'une étude d'évaluation du secteur des transports au Maroc, et prévoit le lancement des premiers projets pour la première moitié de l'année 2012. Créée en 1991, la BERD s'était donné pour mission principale de participer activement à la transition des ex-pays de l'Union soviétique vers l'économie de marché. Dans le cas de l'Afrique du Nord, et face à l'actuelle recomposition politique de la région, Thomas Mirow expliquait, en mai dernier, qu'«une telle évolution serait une contribution majeure à la réponse de la communauté internationale au printemps arabe». Ainsi, dans l'esprit des actionnaires de la BERD (généralement les ministres des Finances ou les gouverneurs des banques centrales des pays membres), l'intégration politique des économies méditerranéennes passe nécessairement par le marché. S'inscrivant entièrement dans cette logique, l'initiative de la BERD, qui supplée ainsi aux interventions antérieures de la Banque européenne d'investissement (BEI), peut être considérée comme un énième et ultime préalable indispensable pour accélérer la préparation de notre économie au jeu de la concurrence caractéristique du marché mondial, et une étape essentielle, s'il en fallait encore une, pour nous convertir davantage aux vertus de l'économie de marché.