La campagne agricole 2015-2016 est marquée par un fort retard des précipitations, touchant l'ensemble des régions du royaume. Pour y faire face, le ministère de tutelle a mis en place un plan de lutte contre les effets de retard des pluies et un registre national pour l'agriculture et a annoncé l'ouverture du marché de l'assurance agricole au privé. Depuis novembre dernier, les agriculteurs attendent la pluie. Les dernières précipitations ne suffiront pas à combler le déficit enregistré sur l'ensemble du territoire national. Une situation qui a particulièrement affecté les cultures en zone bour et le couvert végétal. Rapidement, le ministère de tutelle a adopté une batterie de mesure pour atténuer l'impact du déficit pluviométrique que la campagne agricole 2015-2016. Un plan global de lutte contre les effets de retard des pluies Il va sans dire que l'année 2016 a été une année décisive pour l'agriculture marocaine qui a relevé plusieurs défis durant cette campagne qui est resté, à l'instar des autres, fortement dépendante des conditions climatiques. Ainsi la campagne agricole 2015-2016 est marquée par le retard des précipitations depuis le mois de novembre ayant engendré un déficit pluviométrique de 63% par rapport à une année normale. L'impact de ce déficit s'est fait particulièrement ressentir sur les cultures en zones bour où les emblavements en céréales représentent 62%, soit 3,2 millions ha semés. Le couvert végétal a également connu une dégradation par rapport à l'année précédente. À cet égard, plusieurs mesures ont été prises par le ministère de l'Agriculture et la pêche maritime dont une partie s'inscrit dans le cadre du programme national d'atténuation des impacts du déficit pluviométrique. D'une durée globale de 8 mois, la mise en œuvre de ce programme a nécessité une enveloppe de l'ordre de 4,5 MMDH en plus d'un potentiel d'indemnisation de 1,25 MMDH de DH par la compagnie d'assurance dans le cadre du produit multirisque climatique pour les cultures céréalières et printanières. Il est à signaler que l'activité agricole en périmètre irrigué s'est poursuivie d'une manière normale en maintenant le programme des cultures avec, toutefois, une optimisation de l'utilisation des ressources en eau. Pour la sauvegarde de cheptel, l'approvisionnement en orge sur tout le territoire national a été garanti à un prix cible de 2 DH/kg. La distribution s'est faite via 72 centres relais de proximité. L'Etat a pris également en charge le transport de l'orge subventionné depuis les centres relais. Pour sa part, le Système national d'identification et de traçabilité animales (boucles électroniques) récemment mis en place par le Ministère de tutelle, a appuyé la réussite de cette opération à travers un ciblage des éleveurs bovins. D'autres actions sont au programme pour la sauvegarde du cheptel dont l'abreuvement via l'Aménagement et la construction de points d'eau ainsi que l'encadrement sanitaire du cheptel grâce au programme additionnel de vaccination, la vulnérabilité du cheptel s'accroissant en période de sécheresse. S'agissant de la protection des ressources végétales, l'irrigation des plantations sous régime pluvial entreprise dans le cadre des projets d'agriculture solidaire avec une superficie ciblée de 93000 ha a été assurée. Idem pour la sécurisation des semences en céréales pour la prochaine campagne grâce à un stock de 950.000 quintaux et une production prévisionnelle de 1 million de quintaux. Pour le périmètre irrigué qui permet de protéger la valeur ajoutée agricole et les postes d'emplois en année difficile, il a été procédé à l'encadrement intensif des cultures avec la consigne claire de sauvegarder un volume d'eau suffisant pour le démarrage de la campagne agricole prochaine. Les comités mixtes de l'eau ont rempli leur rôle pour une gestion intégrée des ressources hydriques. À noter que sur le plan des cultures végétales, l'assurance agricole joue cette année un rôle important avec l'indemnisation des agriculteurs sinistrés, souscripteurs aux polices d'assurance céréalière multirisques dans les délais optimisés. L'assurance agricole a couvert cette année plus de 1 million d'hectares avec un capital garanti de plus de 1,1 milliard de DH. Cet axe comprend aussi des actions visant l'encouragement de la reconversion aux cultures de printemps à travers la mobilisation de l'ensemble des partenaires pour définir les programmes à mener et le concours du Crédit Agricole du Maroc qui contribuera avec 1,5 milliard de DH à cette opération. Pour ce qui est maintien des équilibres dans le monde rural la priorité a été donnée à l'approvisionnement en eau potable des populations dans les zones reculées. Une attention particulière sera accordée, par ailleurs, au suivi de l'exécution des projets de l'agriculture solidaire pour tout ce qu'ils représentent comme enjeux en termes de création de revenus et d'emplois. Un registre national pour l'agriculture Dans le cadre de la modernisation du secteur agricole et des dispositifs d'accompagnement du Plan Maroc Vert, le ministère de l'Agriculture et de la pêche Maritime (MAPM) a lance début 2016 le Registre national agricole (RNA). Le but de cette opération est de savoir de manière détaillée les exploitations et les domaines agricoles ainsi que la typologie des produits pour protéger et sécuriser les droits fonciers des terres agricoles et de valoriser le métier d'agriculteur. Cet outil de gestion et d'analyse permet une meilleure connaissance du tissu agricole. Il sert également de base de prise des décisions en matière notamment, de ciblage des aides et des subventions de l'Etat, de renforcement des capacités des acteurs mais également d'amélioration de la gouvernance des projets agricoles. Référentiel de traçabilité et de certification, le RNA est un support pour la gestion des crises, notamment en cas de sécheresse, d'inondations, de maladies contagieuses du cheptel ou encore des produits végétaux. Le RNA sera réglementé par un texte qui institue l'obligation d'utilisation du registre pour tous les programmes et projets de développement agricoles. Le registre consiste en un recensement exhaustif des exploitants et des exploitations agricoles au niveau national, avec leur localisation géographique. Il s'est basé sur le Recensement général de l'agriculture qui s'inscrit dans le cadre du programme quinquennal des enquêtes périodiques, destinées à actualiser les données sur les structures économiques et sociales, annoncées dans le message Royal destiné aux participants à la journée mondiale de la statistique en octobre 2010. Par ailleurs, cette opération statistique s'inscrit dans la lignée du programme mondial des recensements agricoles 2020 piloté par l'Organisation mondiale de l'agriculture et l'alimentation. Assurance agricole : le marché ouvert Le marché de l'assurance a été ouvert aux assureurs privés en vue d'une meilleure maîtrise du risque et pour plus de réduction des coûts. L'entrée de nouveaux opérateurs permettre d'étendre les superficies couvertes puisque la MAMDA couvre actuellement 1 million d'hectares. Cette superficie est jugée insuffisante surtout devant les aléas climatiques. Cette démarche intervient dans le cadre du chantier plus global du développement de l'assurance agricole au Maroc dans l'objectif de réduire la vulnérabilité des petits agriculteurs face aux risques et de promouvoir et sécuriser l'investissement agricole. L'Etat a, en effet, signé depuis 2011 une convention avec la MAMDA afin d'accompagner les agriculteurs en assurance agricole, avec possibilité d'ouverture sur d'autres opérateurs en coassurance, conformément à l'article 13 du cahier des charges préétabli. Ainsi, le marché a été ouvert à toutes les compagnies membres les membres de la FMSAR. Par ailleurs, le rôle des chambres d'agriculture a été renforcé dans le cadre du Plan Maroc Vert grâce à l'importante réforme du cadre juridique qui a élargi les prérogatives et les moyens qui leur sont dédiés. De nouvelles mesures réglementaires seront adoptées afin d'améliorer la gouvernance des chambres d'agriculture.