Tarik Choho : PDG OCP Africa Le groupe OCP vient d'annoncer officiellement la création de sa filiale : OCP Africa. Cette annonce s'est effectuée à l'occasion de la 7e édition de la conférence internationale «Argus FMB Africa Fertilizer 2016» (leseco.ma). Les Inspirations ECO : Comment se décline la stratégie et les priorités OCP AFRICA ? Tarik Choho : Dans la plupart des pays africains, les agriculteurs ont des difficultés à accéder aux intrants agricoles à proximité de leur exploitation et au bon moment, les privant du potentiel d'accroître leur production. Ils ont également faiblement accès aux services et appuis qui leur permettraient de mieux exploiter leur terre, de manière plus rentable. L'OCP entend contribuer à solutionner ces problématiques et ainsi soutenir le développement agricole du continent. Pour cela, la stratégie de l'OCP Africa s'articule autour de trois axes principaux. D'abord, OCP Africa s'engage dans le développement de la chaîne de valeur et de distribution des intrants, afin d'assurer la disponibilité et l'accessibilité des engrais au plus près des agriculteurs. Au-delà du développement du marché des engrais, OCP Africa contribuera fortement à l'émergence d'un écosystème favorable autour de l'agriculteur, en développant des services d'éducation, d'entretien des exploitations, de technologies, d'accès au financement, d'appui à l'accès au marché, etc. Enfin, OCP Africa investit dans la recherche agronomique et l'innovation pour fournir, en Afrique, les produits les plus adaptés aux sols et aux cultures. Le tout passera par des projets en propre ainsi que par des partenariats avec des acteurs portés par la même vision et ambition pour le développement de l'agriculture africaine, aux métiers et au savoir-faire complémentaires. Quels sont les marchés cibles ? L'approche d'OCP Africa n'exclut aucun pays, mais le déploiement de sa stratégie et de ses actions se fera au cas par cas selon le potentiel agricole par pays, les freins spécifiques à son développement, et le niveau de maturité du marché. Certains pays comme le Kenya sont aujourd'hui pris en exemple en Afrique pour leur niveau de développement agricole, tandis que d'autres disposent encore d'un immense potentiel inexploité, freiné par un accès quasi inexistant aux intrants et aux services agricoles. Certains pays munis d'infrastructures portuaires et routières développées joueront aussi un rôle particulièrement important de hub logistique pour la desserte de leur région. Quel est le business model ou comment fonctionne la nouvelle entité ? OCP Africa est une filiale du groupe OCP S.A, qui fonctionne de manière indépendante, gouvernée par son directeur général et son Conseil d'administration propre. En plus de son siège basé à Casablanca sous statut CFC, l'entité disposera, à fin 2016, de 12 à 14 filiales basées dans différents pays, qui seront porteuses de l'exécution de la stratégie sur le terrain. En effet, OCP Africa croit fermement en le rôle d'équipes locales fortes, qui sont en continu au contact du marché et des besoins des agriculteurs. Quel est le potentiel estimé du marché africain dans le domaine des engrais ? Le potentiel estimé de l'Afrique subsaharienne est d'environ 18 millions de tonnes d'engrais phosphatés, à horizon 2025, soit plus de 6 fois la taille du marché actuel. Ce potentiel ne tient compte que de l'intensification de l'utilisation des engrais à des niveaux similaires à ce que l'on a observé dans le cas de la révolution agricole brésilienne, notamment. Il ne tient pas compte des besoins dus à l'utilisation des terres arables non exploitées, qui est aussi très significative en Afrique.