L'aviation d'affaires au Maroc peine à se développer. Le royaume ne compte que 13 avions d'affaires répartis sur cinq compagnies. L'ONDA dispose d'un projet de développement pour le secteur. Les détails. Peut-on vraiment parler d'aviation d'affaires au Maroc ? La question a été posée par Chakib Lahrichi, président d'Alfa Air, lors d'une rencontre organisée, mardi dernier, par les étudiants de l'aéro-club de l'Université internationale de Rabat. Cette interrogation est on ne peut plus légitime vu que le Maroc ne dispose que de 13 avions d'affaires répartis sur cinq compagnies : Alfa Air, MBJ, Anfajet, Dalia Air et AOM. Cette situation qui contraste avec le positionnement de l'aviation civile marocaine est expliquée par Lahrichi par plusieurs causes, notamment l'absence d'une culture aéronautique au Maroc, le désintéressement de l'administration, les formalités administratives jugées extrêmement compliquées ainsi que le manque de garantie pour l'investissement. Pour remédier à cette situation, cet opérateur marocain, - qui s'est vu retirer le visa d'exploitation avant de le récupérer pour deux de ses avions sur un total de cinq -, appelle à établir une politique dédiée à l'aviation d'affaires tout en inscrivant le tourisme aérien dans la politique nationale du tourisme (rallyes, manifestations...). Il s'avère aussi nécessaire de privatiser les aéroports, revoir les taxes pour les compagnies nationales et construire des aérodromes non contrôlés à proximité des zones touristiques. La création des conditions favorables pour l'aviation d'affaires est une requête insistante des opérateurs, notamment sur le volet de la relation avec l'administration et celui de la circulation dans les aéroports. À ce titre, l'Office national des aéroports (ONDA) rassure. Il travaille actuellement sur un projet de développement de l'aviation d'affaires qui tend à positionner le Maroc en référence sur le continent africain en repensant le modèle de développement de ce type d'aviation dans les aéroports marocains, installant des opérateurs internationaux et participant à la promotion du Maroc en tant que destination d'affaires. Les objectifs fixés sont ambitieux. Il s'agit notamment de la création d'un environnement propre à l'aviation d'affaires et propice à son développement à travers des services spécifiques, des infrastructures aéroportuaires et des équipements adaptés ainsi que la promotion de la «culture» de cette aviation au niveau de l'ensemble de la chaîne de préparation et de traitement des vols, des passagers, des équipages et des bagages. L'idée est d'offrir aux utilisateurs de l'aviation d'affaires et privée une solution globale et intégrée. Pour réaliser les desseins escomptés, un appel d'offres a été lancé en décembre dernier pour sélectionner un opérateur d'aviation d'affaires, qui sera chargé de la gestion et du développement de l'activité d'accueil des passagers. Une visite des lieux a été effectuée en janvier par des opérateurs internationaux de renom. Une séance publique d'ouverture des plis administratifs sera tenue le 1er mars. La déclaration des offres éligibles et l'ouverture des plis financiers en séance publique sont prévues le 15 mars pour que l'activité démarre le 1er juin. Les opérateurs adjudicataires de l'appel d'offres devront prévoir l'aménagement des structures d'accueil actuelles. L'ONDA va mettre à leur disposition des terrains viabilisés pour concevoir leur propre structure d'accueil aux normes et aux standards requis. L'Office leur assurera l'exclusivité de gestion de la partie «accueil» alors que «l'assistance» sera gérée par des opérateurs commerciaux. Les adjudicataires auront à développer leur politique et stratégie marketing pour promouvoir le Maroc en tant que destination d'affaires. Le périmètre de la concession porte sur les principaux aéroports : Casablanca, Marrakech, Tanger, Fès, Agadir, Rabat, Dakhla et Laâyoune. Les opérateurs seront autorisés à assurer les services pour les vols aviation d'affaires uniquement : assistance en escale, gestion des Salons et services auxiliaires. Dans le cadre de la promotion de la destination Maroc, l'ONDA travaille avec l'Association de l'aviation privée et l'aviation d'affaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord «MEBAA». Le fondateur de cette association Ali Naqbi estime que le Maroc dispose d'importantes potentialités pour être une base solide de l'aviation d'affaires en Afrique. Contexte actuel L'aviation d'affaires au Maroc compte des opérateurs marocains et étrangers. Les services au sol disponibles sont assurés par différents intervenants : superviseurs de vol, handleurs, ONDA, sociétés de catering...Le traitement des passagers est assuré par l'ONDA. La gestion des Salons aviation d'affaires est assurée par l'ONDA. L'aviation d'affaires n'a pas un circuit dédié. La qualité de service doit être améliorée, de l'avis même de l'Office. Celui-ci dispose uniquement de deux structures d'accueil dédiées à l'accueil des passagers de l'aviation d'affaires aux aéroports de Casablanca et Marrakech. À l'aéroport de Rabat, l'ONDA dispose d'une infrastructure se prêtant à l'aviation d'affaires mais qui ne lui est pas complètement dédiée. Les services d'assistance en escale sont opérés par les opérateurs handling chargés de l'assistance des vols commerciaux. L'ONDA présente aux passagers de l'aviation d'affaires des prestations de base, notamment de la restauration, de la presse et une salle dédiée à l'équipage pour la consultation des données de leurs vols. En termes de trafic aérien, l'année 2015 a été marquée par une tendance baissière : 41.710 vols et 9.823 passagers contre 50.470 vols et 11.205 passagers en 2014.