Le compte à rebours est lancé. L'élève Maroc en développement durable a exactement neuf mois devant lui pour présenter du concret au prochain examen mondial du Rio+20, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable. L'événement est prévu en juin 2012, et le gouvernement vient tout juste de sonner le branle-bas. Un rapport national sur les initiatives en développement durable, autrement nommé Livre blanc du développement durable au Maroc, est en vue d'élaboration; un document à double portée. La première consiste à «positionner le royaume comme un acteur majeur du développement durable au sein des pays émergents», et à «préparer l'élaboration à venir de la Stratégie nationale de développement durable (SNDD)» (voir page ci-contre), en identifiant les principaux axes structurants de la vision que le royaume pourra présenter à Rio en 2012. L'élaboration de ce Livre Blanc devrait ainsi répondre à deux objectifs principaux. Le premier est d'être un véritable document de recherche-action. Il s'agirait en effet d'en faire un outil pour cerner la compréhension du concept de développement durable par les acteurs socioéconomiques et institutionnels marocains, et de mesurer l'intégration de ce concept dans les politiques, activités et pratiques qu'ils mettent en œuvre. En second lieu, l'idée est de répertorier et classer les initiatives les plus remarquables en matière de développement durable au Maroc. Ces initiatives peuvent être celles portées par les entreprises, les collectivités territoriales, notamment les régions, ou des acteurs citoyens indépendants. Ce Livre Blanc devrait aussi servir à identifier les principales opportunités que pourraient saisir ces acteurs pour faire progresser le développement durable, mais aussi pointer les principales contraintes limitant la portée et la multiplication de ces réalisations. D'autre part, le second objectif de ce projet de rapport national sur le développement durable est de dégager les grands défis auxquels la SNDD devra répondre, en dessinant donc les premiers éléments de la vision que projettera cette stratégie. Pour la tutelle, le document constituera aussi un outil de communication institutionnelle, valorisant les réalisations marocaines en matière de développement durable. L'enjeu est d'arriver à présenter, à l'occasion de la conférence Rio+20, un bilan équilibré des projets, des opportunités et des contraintes à l'avènement d'un modèle local de «green growth». Le Livre Blanc constituera ainsi un premier référentiel des bonnes pratiques en matière de développement durable. «L'initiative permettra aux régions de faire connaître à leurs citoyens les grandes réalisations existantes en la matière sur leur propre territoire», nous explique-t-on auprès du département de l'Environnement. Le document en préparation devrait aussi servir à renforcer la sensibilisation du grand public en matière de développement durable. Là, il est certain qu'il reste encore bien à faire, en dépit de l'importance du facteur information. Le gouvernement souhaite ainsi promouvoir ses actions dans le domaine du développement durable, avec leurs déclinaisons régionales et locales. Au final, il paraît clair que le Maroc vise à honorer ses engagements sur le plan international, notamment dans le cadre du processus du Sommet de la terre de Rio de Janeiro de 1992 (Agenda 21, Conventions sur la biodiversité, le changement climatique et la lutte contre la désertification) et du Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg de 2002 (Déclaration et Plan d'action), sans parler des Objectifs du millénaire pour le développement, du statut avancé avec l'Union européenne, ainsi que des accords de libre-échange conclus avec un ensemble de pays dont les Etats-Unis d'Amérique. Autant de facteurs qui mettent le royaume au pied du mur... de 2012. Lire aussi: Enfin le bout du tunnel ? Point de vue: Dr. Mohammed-Saïd Karrouk, Président du Comité national IGBP-IHDP (Global Change) et membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) Ce sera le moment des comptes. Le prochain sommet de Rio+20 sera un évènement d'envergure pendant lequel chaque Etat devra présenter son bilan des deux dernières décennies en termes d'acquis et réalisations dans la sauvegarde du climat et du développement durable. Il faudrait s'attendre à la consécration d'un nouvel ordre mondial, basé sur un fonds économique et social qui a considérablement évolué depuis la tenue de la Conférence historique des Nations unies sur l'environnement et le développement, à Rio de Janeiro en 1992. Nous remarquons aujourd'hui que beaucoup de pays ont pris en main leur économie et sont devenus bien intégrés dans l'échiquier mondial. En face, se trouvent d'autres qui ont refusé les évolutions du monde ou qui jouent dans l'hypocrisie de la tendance «green». Tandis qu'un bon nombre ont fini par se positionner en leaders en croissance verte dans leurs sphères régionales, comme c'est le cas pour le Maroc. Je pense que le royaume aura un grand bilan à présenter lors de ce sommet, en termes d'avancées politiques - à travers les accords et conventions engagés avec des partenaires ou pays tiers - technologique et infrastructurel. Sur ce dernier volet, il serait surtout question des importants projets développés par le gouvernement dans le secteur des énergies renouvelables. Il a fallu un grand courage politique, il est vrai. Il faudrait d'ailleurs inscrire tout cela dans le contexte régional et méditerranéen, notamment vis-à-vis de l'Europe, en pensant aux retombées que ces projets pourraient générer.