«C'est le FMI qui l'a dit !» Les conclusions de la récente mission du Fonds monétaire international (du 2 au 13 novembre à Rabat) tombent à point nommé pour le gouvernement, notamment après les derniers rounds de la loi de finances 2010. Et, n'en déplaise aux détracteurs de tout poil, les appréciations des services de Dominique Strauss-Kahn confortent globalement le discours officiel : bien que le Maroc n'ait pas été épargné par la crise mondiale, celle-ci a eu des effets relativement atténués. Selon les conclusions du FMI, la demande intérieure a grandement contribué à limiter la casse, en stimulant l'activité économique, ce qui a partiellement compensé la chute de la demande au niveau mondial. D'autre part, comme on nous l'a souvent répété, le secteur financier est resté imperméable à la crise financière, vu son exposition limitée aux marchés internationaux. Mais là où le FMI a été élogieux, c'est au niveau de la gestion des deniers publics. «Un niveau d'endettement public en baisse et des finances publiques saines ont donné aux autorités la possibilité de répondre à la crise par des politiques volontaristes». L'augmentation des investissements publics, ainsi qu'une récolte céréalière exceptionnelle ont également contribué à soutenir la croissance en 2009. Des projections optimistes Concernant les perspectives d'avenir, les délégués du FMI estiment que la performance économique du Maroc est restée solide, malgré les affres des pays partenaires. Une croissance de 2,5 du PIB réel (hors agriculture) est escomptée pour 2009. Si l'on intègre la production céréalière, la croissance du PIB total est projetée aux alentours de 5%. Pour sa part, l'indice des prix à la consommation devrait se situer à moins de 2 % en 2009, notamment grâce à la baisse des prix des matières premières sur le plan international. Concernant les réserves internationales brutes, «elles ont diminué à la fin 2008 et en début 2009, mais elles ont retrouvé récemment leur tendance ascendante», selon les conclusions de la mission. Celle-ci estime que ces réserves resteront satisfaisantes jusqu'à la fin de l'année, représentant l'équivalent de 7 mois d'importations. Mais elle prévoit également un déficit budgétaire aux alentours de 2,5 % du PIB pour 2009. «Les recettes vont baisser significativement en pourcentage du PIB, à cause du ralentissement de l'activité non agricole et de la baisse des taux d'imposition, ainsi que de l'absence de certains facteurs exceptionnels qui ont été à l'oeuvre en 2008 ». Qu'en est-il des perspectives pour 2010? Selon les observateurs du FMI, celles-ci devraient évoluer favorablement, mais les performances restent grandement dépendantes de la santé des principaux partenaires commerciaux du royaume. À cet égard, les envoyés de DSK sont optimistes. La zone Euro – principal partenaire commercial du Maroc- est en train de reprendre des couleurs. La croissance escomptée «devrait contribuer à une reprise graduelle des exportations de biens et services, ainsi que des transferts». Feuille de route La mission du FMI a dégagé un certain nombre de recommandations pour les artisans des politiques économiques du pays. Notamment pour le cadre des finances publiques de 2010, qui devrait être inscrit dans une perspective à moyen terme, afin de ramener le déficit sous le niveau de 3% du PIB et, ainsi, garder une marge de manoeuvre additionnelle pour la conduite de la politique monétaire. En outre, la mission exhorte les autorités à simplifier davantage le régime fiscal, via notamment la réforme de la TVA et des tarifs douaniers. Cela pourrait conduire à la refonte des taux de TVA et pourrait également conduire à une baisse du taux normal, avec un impact neutre sur les recettes. La mission a également relevé l'importance d'assurer la cohérence entre les différents accords de libre-échange. Au niveau du système de compensation, «un programme global de réforme devrait être conçu, dans le cadre duquel les subventions actuelles devraient être retirées, parallèlement à l'introduction des nouvelles aides ciblées. Cette approche concentrera l'aide sur les populations défavorisées, tout en évitant d'augmenter le coût budgétaire global ». BAM a reçu de bonnes critiques, dans la mesure où la mission estime qu'elle dispose de « l'indépendance, de l'expertise, des ressources statistiques nécessaires, ainsi que d'un éventail complet d'instruments qu'elle continue de perfectionner et son cadre analytique et opérationnel ressemble beaucoup à celui des banques des pays qui ont adopté des cibles explicites d'inflation». Cette dernière est d'ailleurs maîtrisée, selon les experts du FMI, qui préconisent néanmoins une flexibilité accrue du régime de politique monétaire et de change, afin de mieux s'adapter aux changements de l'environnement international. La mise en oeuvre d'un cadre pour le ciblage explicite de l'inflation, ainsi qu'une souplesse accrue du taux de change, pourrait être opportunes, dans un contexte de faible pression inflationniste.