Le dernier Bond joue aux équilibristes. La saga britannique qui a su attirer beaucoup de néophytes depuis son «reboot» avec Casino Royal, tente de revenir vers ses fans de premières heures, sans trop vexer ses nouveaux admirateurs. Dure gymnastique à laquelle s'est prêté l'agent secret du MI6 pour sa 24e aventure sur grand écran. Faire plaisir tout autant aux néophytes, qu'aux fans de la première heure de l'œuvre d'Ian Fleming n'a pas été une tâche aisée pour le réalisateur britannique, Sam Mendes. Le risque de perdre tout le monde au passage était bien présent. Au final, le «Spectre» de l'agent 007 a su jouer les équilibristes, puisant tout autant dans les versions «Roger Moore» des aventures de l'agent secret, tout en gardant l'âme du «Reboot» de la quadrilogie avec Daniel Craig. Présenté en avant-première au Mégarama de Casablanca mercredi dernier, en présence du secrétaire d'Etat aux affaires MENA de la Grande-Bretagne ainsi que de l'ambassadrice britannique, le nouveau Bond a séduit. Peut-être est-ce l'ambiance «british» qui planait sur cet évènement organisé par la Smeia et Jaguar, qui a fini par convaincre les plus sceptiques car cette quadrilogie avec Daniel Craig avait démontré jusqu'ici un rythme en zigzag déconcertant. Après le retour endiablé de l'agent secret dans Casino Royal, il fallait composer avec l'ambiance soporifique et brouillonne de Quantum Of Solace. Certains craignaient qu'après le succès phénoménal de Skyfall, la saga ne fasse encore une fois un faux pas. Il n'en est rien. Le film nous prend aux tripes dès les premiers instants, avec une scène d'ouverture mémorable démarrant par un long plan-séquence techniquement et cinématographiquement irréprochable. Tout de suite, l'inconditionnel clip musical d'introduction, assuré cette fois par la star anglaise Sam Smith, donne le ton : Cet épisode sera plus posé, plus correct, voire plus académique que ses prédécesseurs. Ce 24e épisode évite ainsi certaines erreurs du passé et se dote d'un scénario rompant avec les intrigues tentaculaires si caractéristiques de la saga. Sans être transcendant, ledit scénario de cet épisode fait l'essentiel, se permettant même le luxe de forger un lien entre l'ensemble des films de ladite quadrilogie. Le film enchaîne efficacement les scènes d'action et d'enquête tout en préservant une grande clarté dans son intrigue. Le dernier quart du film opte toutefois pour des choix scénaristiques discutables qui contrastent forcément avec le reste du film et avec le twist final de Skyfall qui a tant marqué les esprits. Reste un film agréable à regarder grâce à une filmographie d'une esthétique épurée et de plans maîtrisés. Le casting est excellent avec notamment un Daniel Craig qui crève l'écran dans ce qui est sans aucun doute l'un des meilleurs rôles de sa carrière. Christoph Waltz interprète magistralement le vilain de ce dernier James Bond, bien que son temps de présence à l'écran soit légèrement en dessous des attentes. Il est à noter qu'une grande partie du film a été tournée au Maroc, notamment à Tanger et dans la région d'Erfoud. Une belle promotion pour le royaume, le film ayant également enregistré le record Guiness de la plus grande explosion de l'histoire du cinéma tournée dans la région d'Erfoud. La performance a nécessité pas moins de 8.418 litres de fuel et 33 kg d'explosifs... De quoi faire grincer des dents quelques écologistes.