Les équipementiers allemands Bosch et Continental présentent leurs travaux en matière de conduite mains libres. Une technologie opérationnelle à l'horizon 2014, pour une plus grande application au-delà de 2025. Il faut s'y attendre, et dans pas trop longtemps : l'automobile deviendra bel et bien autonome un jour ! L'essor considérable accompli en matière d'assistance électronique à la conduite et l'interconnexion de la voiture avec le monde extérieur, avec d'une part la généralisation des capteurs et d'autre part, l'apport de la télématique (l'informatique + l'Internet), tels sont les deux principaux facteurs facilitateurs. D'ores et déjà, l'apparition de nouvelles fonctions d'assistance tels que le freinage automatique ou encore, l'alerte de franchissement involontaire de ligne avec correcteur automatique de trajectoire, constituent des avancées majeures qui, non seulement facilitent la conduite, mais contribuent à la rendre plus sûre. Encore plus fort que la voiture «intelligente», l'automobile autonome fait actuellement l'objet d'intenses recherches de la part des constructeurs automobiles via leur département R&D, comme dans les bureaux d'ingénierie de grands équipementiers ,tels que Bosch et Continental. Bosch et Continental au coude à coude Ces deux équipementiers ont d'ailleurs annoncé leurs travaux respectifs en la matière, avec quelques jours d'intervalle et, au final, des technologies très similaires. Celle de Bosch, ne propose pas encore une conduite 100% autonome, mais intègre un régulateur de vitesses adaptatif, couplé à un radar anticollision avec assistance au freinage, ainsi qu'une alerte de franchissement de ligne. Elle s'appuie sur un ensemble trilogique composé de capteurs, de caméras et de radars qui observe et examine la route non seulement sur un rayon frontal allant jusqu'à 250 mètres, mais aussi dans un périmètre latéral. Actif dans le milieu urbain et jusqu'à une vitesse de 50 km/h, ce système sera opérationnel dès 2014, puis amélioré au fil des ans. À ce titre, Bosch précise qu'ultérieurement, sa technologie sera compatible avec une vitesse plus élevée et intègrera le changement de file automatique, dispensant ainsi le conducteur de toute intervention sur le volant. De son côté, Continental annonce pour 2016 un système partiellement automatisé, permettant au conducteur une assistance très poussée, mais sous la barre des 30 km/h. Très poussée, car elle permet la fonction arrêt et ré-accélération, ce qui est pratique dans des situations de bouchon. À moyen terme et précisément au-delà de 2020, il sera question de rendre l'automatisation de la conduite possible à une vitesse supérieure. Là encore, le contenu technologique s'appuie sur des aides à la conduite de dernière génération (régulateur de vitesse adaptatif, système de freinage d'urgence automatisé...), couplées à un ensemble de capteurs, radars et caméra télescopique pouvant balayer la route sur un vaste champ frontal et détecter les objets en mouvement. D'importantes conséquences Pour le conducteur, l'apport d'une telle technologie est double. Il est d'abord d'ordre sécuritaire. Car, qui dit conduite 100% automatisée dit forcément des chances minimes d'avoir un accident, puisque l'auto autonome sera capable de faire face à des situations de conduite complexes et risquées, comme les changements de file intempestifs des autres conducteurs. L'autre apport concerne les nouvelles possibilités offertes au conducteur (ou plutôt ex-conducteur), comme par exemple, voir un film ou se mettre dos à la route pour partager un repas ou une partie de cartes. Pour le reste, la conduite autonome aura bien des conséquences à moyen et long termes. Outre la baisse considérable du nombre des accidents et avec elle la baisse des revenus des compagnies d'assurances, lesquelles devront inévitablement opérer une totale refonte de leur activité, il faudra aussi s'attendre au chamboulement d'autres aspects ayant trait à la conduite. On pourrait ainsi se demander si le permis de conduire sera toujours obligatoire pour se mettre derrière le volant d'une voiture. Evoluera-t-il vers une forme plus simplifiée ? Qu'en sera-t-il des alcootests ? En effet, la bonne nouvelle sera de savoir que l'on pourra faire aller ou venir sa voiture de la maison, à distance et sans forcément s'y installer. D'où enfin, l'hypothèse d'un important désengorgement des rues, du fait que beaucoup de voitures pourront rester stationnées à la maison, dès lors que le lieu de travail est à proximité. Des obstacles à surmonter Tout cela est beau... Encore faut-il que l'application commerciale d'un système de conduite 100% automatisé aboutisse dans la réalité. Plusieurs obstacles pourraient freiner cet élan technologique. Le premier d'entre eux est d'ordre juridique : la Convention de Vienne de 1968 dispose en effet que tout automobiliste doit rester maître de son véhicule ! Pour surmonter cet écueil, équipementiers et constructeurs devront faire du lobbying auprès de Bruxelles. Ensuite et surtout, il y a l'environnement extérieur. Pour que ces voitures autonomes puissent évoluer en toute sérénité, il faudra des infrastructures routières adéquates (traçage continu de lignes blanches), dûment équipées (feux rouges opérationnels, panneaux de signalisations...) et généralisées partout dans le monde. En attendant - et ce n'est pas un leurre - des systèmes de conduite partiellement automatisés, incluant accélération, freinage et contrebraquage automatiques équiperont les prochaines générations des Mercedes Classe S et Audi A8, attendues d'ici 2015.