Si la communication reste une activité pluridisciplinaire -un point de convergence de savoir-faire et de dispositifs parfois complexes-, elle est ancrée dans son acceptation étymologique latine : «communicare» qui signifie «mettre en commun». Cette mise en commun exige des préalables dont un des fondamentaux est le «canal», ce contributeur fort à la création de bases d'entente entre l'émetteur et le récepteur. Si donc le canal est «obstrué», les échanges sont faussés, altérés et plus aucune communication ne subsiste. Son anachronisme ou sa duplicité désinforment ou pire encore, génèrent une mauvaise prise de décision. La force du canal est aussi de diversifier ses moyens de collecte et de diffusion pour parvenir à une exhaustivité de réception, d'intelligence de l'information et de réactions cohérentes par rapport aux logiques d'attente des destinataires. En effet, il s'agit d'un ensemble d'acteurs, de nœuds ou de lieux de communication grâce auxquels les messages circulent et nourrissant «sciemment». Un des principes de force de la communication consiste à conforter une position, à maîtriser une situation, voire à l'anticiper et d'éviter ainsi de la subir. Encore faut-il s'en saisir à bon escient et en maîtriser les processus. Comment alors s'informer et communiquer avec intelligence ? Avoir l'expertise des sources ? Se doter d'une faculté de recul et d'une capacité d'analyse critique sur les faits pour mieux agir ? Il n'y a pas de réponse figée et tributaire d'un quelconque empirisme, mais il s'agit d'avoir une proximité aux réalités et de la pertinence dans leurs approches. L'intelligence de l'information implique une position corrélative de la cible, de l'émetteur et de la relation qui les lie. Les événements qui ont secoué récemment la Tunisie, l'Algérie et l'Egypte ont révélé les décalages entre les citoyens et leurs gouvernants, incapables de gérer les soulèvements survenus. Mêmes les diplomaties internationales résidant en ces régions ont été dépassées par les nouvelles formes de communication et d'échange défiant les outils traditionnels. L'heure de la «e-citoyenneté» À l'ère de Wikileaks, de Facebook et d'autres médias interactifs, enracinés dans l'immédiateté, les modes d'intelligence informationnelle et communicationnelle habituels ne sont plus en mesure de déchiffrer l'état d'un pays ou sa perception de l'extérieur. En effet, le monde où nous vivons surprend par ses évolutions et ses changements constants, impliquant qu'il est crucial d'agir à partir d'un faisceau d'informations incessantes et de ressources de proximité fondues dans la réalité sociopolitique et économique des pays. Ainsi s'unissent les conditions d'une intelligence en mode «processus», qui participe à l'élaboration d'une information à forte valeur. Ce processus débute avec l'accès «multidimensionnel» et non «unique» aux sources de l'information et aboutit à la prise de décision, puis à l'action. Bien entendu, l'information, acquise en amont, doit être transformée et traitée, pour réduire l'incertitude à laquelle doit faire face le décideur. Incontestablement, l'intelligence de l'information ne doit pas faire de la diffusion de l'information ou de la communication une fin en soi. La notion de contenu, la symbolique forte et les visions fédératrices sont des incontournables dans les dynamiques d'adhésion. Un citoyen abusé par la surinformation, la désubstantialisation des institutions qui l'environnent s'en détourne implacablement et s'en «désunit». La notion de lien s'estompe pour prendre plusieurs formes de rejet, parfois dramatiques.Il ne suffit plus de surinformer sur des faits qui à force saturent le canal et aveuglent sur les réalités, mais d'ancrer les préoccupations et les prises de décisions dans celles du terrain. La notion d' «e-citoyen» est en train de reconfigurer nos sociétés modernes par une forte implication, et de nouvelles formes d'influence nourries des évolutions du monde et de ses nouvelles exigences.