La grippe A dans l'entreprise, y avez-vous déjà pensé? Plutôt que d'attendre que le scénario catastrophe se produise, il vaut mieux prévenir, car les conséquences et les charges d'une telle pandémie en milieu du travail peuvent être fâcheuses. Cela peut même bloquer toute la chaîne de production ou encore handicaper tout un secteur. Nous avons voulu en savoir plus sur le degré de préparation et de sensibilisation des entreprises nationales et des pouvoirs publics quant à cette problématique. Il s'est avéré en effet que le ministère de la Santé a sa petite idée sur la question. Les premières estimations tablent sur un taux d'absentéisme variant entre 30 et 40% et une vague pandémique qui pourrait durer de 8 à 12 semaines dans l'hypothèse d'une pandémie grippale, ce qui aurait des répercussions graves et non mesurées touchant tous les secteurs de production et de services. À cet effet, le ministère a mis en ligne une note informative en 6 points (disponible en arabe uniquement) destinée aux entreprises, leur conseillant vivement de réfléchir à des scénarios de continuité d'activité en veillant à instaurer des conditions de travail propres à garantir la sécurité et la santé des travailleurs dans un contexte aussi difficile. La nécessité d'établir un plan de continuité d'activité Si les secteurs d'activité d'importance vitale à savoir la santé, les transports collectifs, l'alimentation, l'énergie et l'eau seront assurés par l'Etat et les grands opérateurs concernés, les PME sont exposées à une multitude de désagréments, tels que des difficultés d'approvisionnement, une diminution des effectifs, des annulations de commandes... L'élaboration d'un plan de continuité d'activité (PCA) dans les entreprises vise à organiser le maintien de l'activité économique au niveau le plus élevé possible, tout en préservant la santé des employés. Le PCA a pour objectif de prévoir les moyens techniques, contractuels, organisationnels et humains pour préparer l'entreprise à réagir face à une crise : maintenir ses prestations sans à-coup ni rupture de charge et de façon transparente pour sa clientèle, protéger ses données stratégiques ou réglementaires et finalement son image de marque. S'il est assez aisé pour les grandes entreprises de s'appuyer sur leurs services pour préparer un plan de continuité d'activité, ce n'est pas le cas pour les PME/PMI, dont les ressources internes sont limitées. Ainsi faudrait-il un accompagnement spécifique pour les aider à se préparer au mieux à une pandémie grippale, en sollicitant les divers acteurs qui participent à la vie et au développement économique de leur région. La préparation des pouvoirs publics pour aider les entreprises à placer leur action consiste à mobiliser les inspecteurs de travail dans le but de sensibiliser les entreprises, les médecins du travail qui les accompagnent pour la mise en place des mesures de prévention, mais surtout ils doivent mettre au point, réactualiser et diffuser des réponses aux principales interrogations du secteur tertiaire, notamment pour certaines filières prioritaires en cas de crise, comme la filière agroalimentaire. CGEM, accompagnateur des entreprises Les PME marocaines qui fonctionnent à flux tendu essayent surtout de survivre à la crise économique et financière, plutôt que de se préparer à une éventuelle pandémie. L'organisation patronale qui dispose d'un maillage national et international devrait le mettre au service des PME. Elle devrait par ailleurs mobiliser ses relais auprès des groupements professionnels et des chambres de commerce et d'industrie. La CGEM a pour mission d'établir des PCA modèles par secteur d'activité, la plupart des PME n'ayant pas les ressources humaines formées pour de telles situations. Ne dit-on pas «à entraînement difficile guerre facile» ? Conséquences d'une pandémie sur l'économie Les épidémies de grippe jalonnent le XXe siècle (grippe espagnole en 1918, grippe de Hong Kong en 1968, grippe aviaire ou SRAS en 2003). Le monde est aujourd'hui confronté à un nouveau risque majeur : La grippe A/H1N1. Elle peut s'avérer fortement préjudiciable à l'économie mondiale en général et à celle du Maroc en particulier, si le virus parvenait à opérer une mutation qui le rendrait plus virulent ou que la transmission interhumaine du nouveau virus était efficace, provoquant des flambées à l'échelle des populations. A la lumière des derniers échos, les autorités sanitaires norvégiennes annoncent avoir découvert justement samedi une mutation potentiellement importante du virus H1N1 de la grippe A susceptible d'être responsable de symptômes très graves chez les patients touchés. Cette souche du virus pourrait être l'ingrédient catalyseur de la pandémie tant redoutée. Selon la Banque mondiale, le coût de cette pandémie pourrait affecter le PIB mondial de 0,7% (2,3% pour l'Europe) dans un scénario optimiste et de 4,8% dans le cas d'un scénario catastrophe (10 % pour les pays européens). Le ministère de la Santé livre ses consignes Face à une situation éventuelle qui pourrait entraîner la perturbation des échanges commerciaux et donc de tout ce qui dope la vitalité de l'activité économique, le ministère de la Santé a émis des recommandations destinées aux entreprises marocaines. Six phases doivent être respectées : Elaborer un plan de continuité d'activité auprès des fournisseurs et des collaborateurs de l'entreprise, pour éviter une baisse de production. Evaluer l'impact probable de la pandémie sur la situation financière de l'entreprise. Identifier les activités qui doivent être assurées en toutes circonstances et celles qui peuvent être différées. Déterminer les ressources humaines nécessaires au maintien des activités indispensables. Instaurer des mesures pour protéger la santé des salariés : organisation du travail en temps de crise, mesures d'hygiène, port de masques, etc. (prévoir des stocks suffisants de produits d'hygiène et de masques adaptés au risque) pour éviter les risques de contamination. Faire connaître les dispositions prises au sein de l'entreprise (obligation de formation et d'information de vos salariés et de vos clients sur les changements et les perturbations éventuels).