La Cour des comptes a réalisé une mission d'évaluation qui met la lumière sur les déficits financiers des régimes de retraites au Maroc, d'où la nécessité de s'assurer une retraite complémentaire. La retraite constitue aujourd'hui une véritable préoccupation pour les personnes actives désireuses de maintenir, voire même d'améliorer leur niveau de vie au terme de leur carrière. Donc, il faut commencer tôt à constituer son capital retraite. Cependant, si on se limite au régime de base, la retraite ne pourra jamais égaler le dernier salaire. Il est à noter qu'au Maroc, seuls les fonctionnaires et les salariés du secteur privé sont assujettis à un système de retraite principale. Ainsi, plusieurs professions ne disposent pas de cette dernière à savoir les artisans, les commerçants et les professions libérales. À cela cela s'ajoutent la fragilité des équilibres financiers et la faible efficacité du système de retraite au Maroc, notamment sur le plan de la couverture de la population active. D'ailleurs, la Cour des comptes a réalisé une mission d'évaluation de la situation des régimes de retraite dont les résultats viennent d'être rendus publics. L'information la plus préoccupante concerne les déficits financiers des régimes de retraites qui sont attendus dès 2014 pour la CMR, 2021 pour la CNSS et 2022 pour le RCAR. Les personnes actives ont donc tout intérêt à constituer une retraite complémentaire en parallèle au régime obligatoire de base. C'est à ce niveau qu'intervient le rôle des produits d'épargne retraite proposés par les banques et compagnies d'assurances de la place. Avantages multiples Le principe de l'épargne retraite porte sur la collecte de cotisations individuelles périodiques (mensuelles, trimestrielles ou annuelles, ces cotisations constituent un fonds qui est capitalisé (fructifié) par l'organisme assureur). Les capitaux sont revalorisés d'année en année, et sont reversés à l'assuré à l'âge convenu de la retraite. Contrairement au régime de base, l'épargne retraite présente des garanties multiples à commencer par une capitalisation continue des fonds épargnés à des taux intéressants. La gestion est, elle, assurée par un organisme spécialisé. Le versement du capital revalorisé à l'âge de la retraite peut être opéré sous forme de capital ou de rente (viagère ou certaine) ou une combinaison de ces deux formules de liquidation (capital ou rente). Ce capital est versé aux bénéficiaires en cas de décès de l'assuré, ou au souscripteur lui-même en cas d'invalidité absolue et définitive. De plus, l'épargne retraite recèle de nombreux avantages fiscaux mis en place par l'Etat pour encourager l'épargne longue, à savoir la déduction fiscale des cotisations à partir du salaire net imposable (jusqu'à 100%) et à hauteur de 6% pour les revenus non salariaux (commerçant, professions libérales, etc.), ainsi que la garantie d'un cadre fiscal avantageux au moment de la liquidation du contrat (abattement sur l'IR). Ismail Douiri directeur général d'Attijariwafa Bank. «L'épargne des ménages est aujourd'hui très limitée» En période de difficulté, les demandeurs et les offreurs de produits d'épargne retraite ont des objectifs contradictoires. Il y a tout d'abord la demande du client qui est dans une période d'inquiétude en ces temps de crise. C'est une inquiétude «psychologique» parce que les personnes physiques n'ont pas été touchées, il n'y a pas eu de licenciement. Les gens préfèrent laisser leur argent en espèce plutôt que de l'investir sur un plan à long terme, qui, s'il est annulé, pénalise l'épargnant. Un deuxième phénomène se situe au niveau de la distribution. Dans un marché des dépôts qui ne croît pas beaucoup, les forces commerciales préfèrent avoir des dépôts pour octroyer des crédits que collecter de l'argent qui sera placé à très long terme. Tous ces phénomènes ralentissent la collecte de l'épargne retraite. Aujourd'hui, même avec le rapport de la Cour des comptes sur le système des retraites au Maroc, un autre problème se pose. Il faut que les ménages aient un niveau d'épargne leur permettant d'accéder à ce genre de produits. Malheureusement, l'épargne des ménages est aujourd'hui très limitée. Il faut ajouter à cela leur niveau d'endettement. Cela fera prendre conscience aux consommateurs qu'ils doivent réfléchir à leur retraite, mais cela ne va pas pour autant créer de l'épargne supplémentaire sur le marché.