Narrimane Yamna Faqir Actrice et réalisatrice Narrimane Yamna Faqir est une jeune femme marocaine, qui après des études de cinéma à Paris, décide de retourner au pays pour participer à la mouvance artistique du royaume. Des petits boulots pendant des tournages en tant qu' assistante de réalisation en passant par actrice, la jeune femme a scruté le terrain pour construire la réalisatrice qui a toujours sommeillée en elle...Aujourd'hui, elle présente son court-métrage «Leur nuit» lors de la manifestation «Ana Huna» en tant que femme marocaine et arabe qui souhaite faire passer un message sur le thème de la femme et du travail. Son message à elle, elle le transmet grâce à l'image...Rencontre. Les ECO : Comment avez-vous atterri dans le projet «Ana Huna» ? Narrimane Yamna Faqir : Ce n'est pas spécialement un projet qui abrite beaucoup d'artistes dans le sens où ils prennent des supports pour faire passer le message et que le cinéma en fait partie. Comme je suis dans le cinéma et que j'ai toujours voulu faire du cinéma puisque c'est une passion, j'étais assise en train de boire un verre dans un restaurant et j'ai vu cet appel d'offres qui m'a tout de suite interpellé et qui me semblait intéressant pour moi. Je me suis dit, pourquoi pas déposer mon scénario, je me suis mise à l'écriture car le thème était intéressant : la femme et le travail. Pourquoi avoir choisi le travail de gardienne de nuit et quel a été le processus de travail ? J'ai toujours été fascinée par les femmes gardiennes de voitures la nuit. Surtout parce qu'il s'agit de femmes de caractère ! Ce qui m'intéressait, c'était de parler d'une femme de caractère dans la rue, parler d'une femme à forte personnalité derrière un bureau ne m'intéresse pas. J'avais envie de faire quelque chose de «chaâbi», de populaire où j'allais à la rencontre de mon pays parce que je suis très fière d'être marocaine. La difficulté résidait dans le travail de recherche puisqu'il fallait que je trouve des femmes susceptibles de me répondre. Souvent elles ne veulent pas s'ouvrir, raconter leur vie, répondre à des questions trop intimistes. Je suis entrée en contact avec 4 gardiennes avec qui je suis restée en immersion pendant 3 jours, chez elles. On a pleuré, rigolé, on a créé un rapport réel, de femmes à femmes en fait. Comme dans un hammam où on peut parler à une femme dans une nudité psychologique qui me paraît intéressante à traiter. C'est votre premier court-métrage au Maroc, comment s'est passé le tournage et la direction des acteurs ? Premièrement, il s'agissait de voir si je devais décider entre prendre une gardienne de voitures et la mettre en scène. Malheureusement, au Maroc sortir une caméra dans la rue et suivre quelqu'un dans sa vie peut poser problème. On ne sort pas une caméra facilement et il fallait former cette personne pour pouvoir la mettre à l'image. Je me suis dit, pourquoi pas prendre tout cela de l'autre côté et en faire une fiction documentaire, où je mets la fiction au service du documentaire en prenant une actrice du comique qui sont souvent très dramatiques. Cet angle me paraissait intéressant pour en sortir quelque chose qui ressemble à du cinéma...je crois ! (rires). Vous avez fait les cours Florent, vous avez fait une apparition dans «Rock the Casbah» de Leila Marrackchi, dans «Zero» de Nourreddine Lakhmari et vous avez tourné dans le dernier film de Othman Naciri qui sort en février 2014. Pourquoi passer de l'autre côté de la caméra ? Pour vous parler honnêtement, devenir actrice pour devenir actrice ne m'intéresse pas. C'est un métier véritable; un univers pour moi qui est aujourd'hui très critiqué et très mal interprété parce que tout le monde veut devenir acteur. D'ailleurs tout le monde veut devenir réalisateur. Je me suis rendue compte que j'étais un peu trop sensible. Être rejeté lors d'un casting sans savoir pourquoi, se voir refuser un rôle, être constamment dans un côté subjectif ne me va pas. Je me suis dit qu'être derrière l'image me ressemblait plus, la où je peux être en jean, en baskets et sans maquillage ! Je suis sur un plateau sans être en représentation, mettre son égo au service de l'image un peu. Le cinéma n'est pas une thérapie pour moi, je ne fais pas un film pour régler un problème personnel mais je parle d'un sujet qui m'émeut à un moment précis. Quelles ont été les difficultés rencontrées ? D'être dans un milieu artistique que ce soit la sculpture, la musique ou le cinéma dépend du pays où on est. Lorsque je suis arrivée au Maroc, j'ai été surprise et fière de voir qu'il y avait un champ possible énorme. De venir et de savoir ce qu'on veut devenir réellement dès le départ. J'ai été assistante de réalisation, dans la production, figurante, actrice, aujourd'hui je suis réalisatrice. Tout est encore à faire au Maroc, mais une des difficultés principales est le manque de soutien financier et à quel point il est difficile de trouver des fonds pour faire un film ! Vos projets ? J'aimerai travailler sur 2 ou 3 autres courts-métrages avant de m'attaquer aux choses plus sérieuses : un long-métrage !