● Plusieurs réalisateurs ont entamé le tournage de leurs films, notamment Noureddine Lakhmari ● Le film marocain rencontre un grand succès localement, mais peine à s'exporter Le cinéma marocain se porte bien. Les résultats enregistrés en 2010 en sont la preuve. Plus de 16 longs métrages produits, une soixantaine de courts métrages réalisés, la participation à des festivals étrangers, des productions qui drainent de plus en plus de spectateurs... Bref, le bilan de l'année écoulée peut être qualifié de positif. Les cinéastes marocains entament donc 2011 sur les chapeaux de roue. Plusieurs d'entre eux ont déjà commencé le tournage de leurs films. C'est le cas de Noureddine Lakhmari qui a amorcé le tournage de son dernier opus Zéro. Un film qui retrace l'histoire d'un policier, alias Zéro, qui, en quête de rédemption, se transforme en justicier solitaire. C'est sa rencontre avec Ghita qui lui permet de prendre de ses actes, ainsi que de son environnement. «Vous prenez Casanegra et vous multipliez par dix !», avait déclaré Lakhmari en parlant de «Zéro». Côté casting, le réalisateur a fait appel à de jeunes acteurs, peu connus sur la scène. «Il faut bien donner un coup de main aux jeunes», ne cesse de répéter Lakhmari. Outre Zéro dont la date de sortie est prévue pour 2011, plusieurs autres films – ayant reçu l'aide du Centre cinématographique marocain (CCM)- seront tournés cette année. Il s'agit, entre autres, de Ymma de Rachid El Ouali ou encore Le bout du monde de Hakim Noury. Par ailleurs, le public marocain, de plus en plus friand de productions nationales, aura l'occasion de découvrir d'autres films déjà prêts. Alors que Pégase est sorti en salles le 8 janvier, des longs métrages comme La Mosquée de Daoud Oulad Sayed, Miroirs de femmes de Saâd Chraïbi, Majid de Nassim El Abbassi ou encore le documentaire de Hakim Belabes Fragments investiront prochainement les différentes salles de cinéma (de moins en moins rares). D'ailleurs, bon nombre de ces films seront projetés en avant-première lors du Festival national du film de Tanger, prévu du 21 au 29 janvier. En somme, dix-huit longs métrages sont en compétition pour ce rendez-vous cinématographique. Clandestin en tête du box-office Selon les chiffres publiés par le CCM, les films nationaux qui étaient en salles en 2010 ont réussi à drainer un nombre important de spectateurs. C'est le cas du Clandestin de Saïd Naciri qui a été projeté 2.271 fois et réalisé 107.983 entrées. Loin du registre de Naciri, Les gars du bled de Mohamed Ismaïl compte à son actif 4.609 entrées, alors que Allo 15 de Mohamed Lyounssi en a fait 3.552. Les oubliés de l'histoire de Hassan Benjelloun (2.138 entrées), Destins croisés de Driss Chouika (1748), Le Grand voyage de Ismaïl Ferroukhi (1.380 entrées), La Grande villa de Latif Lahlou (1.323 entrées), Les enfants terribles de Casa de Abdelkrim Derkaoui (1.006 entrées), Fissures de Hicham Ayouch (678 entrées) et Ahmed Gassiaux de Ismaïl Saïdi (274 entrées) complètent le Top Ten du box-office des films marocains durant le 3e trimestre de l'année 2010. Certes, les chiffres varient d'un film à un autre, mais prouvent que le film marocain, longtemps boudé par le public, arrive aujourd'hui à attirer des spectateurs. À quand l'exportation ? Seule ombre à l'horizon, malgré son succès local le film marocain peine encore à s'exporter. Certes, nos productions sont de plus en plus présentes dans les festivals étrangers et arrivent même à rafler des prix, mais elles n'ont pas encore trouvé le moyen d'atteindre le public européen ou arabe par exemple. Alors que Mirages de Talal Selhami a été sélectionné pour la compétition officielle du festival du film fantastique Gérardmer, et La Mosquée au festival du film francophone de Namur, Pégase de Mohamed Mouftakir et Dès l'aube de Jilali Ferhati ont déjà été primés au Festival de Dubaï. D'ailleurs, la participation à de nombreux festivals permet aux professionnels du 7e art national de côtoyer leurs homologues étrangers et surtout d'étudier la possibilité de distribuer les productions nationales dans les différentes salles étrangères. «C'est ce que j'ai essayé de faire lorsque j'étais à Dubaï. J'ai rencontré bon nombre de distributeurs étrangers et j'ai vu avec eux la possibilité de voir mon premier long-métrage, Majid, dans les salles européennes. J'espère que mes démarches aboutiront», nous confie le jeune réalisateur Nassim Abassi. Le cinéma national, qui bénéficie de l'aide de l'Etat, vit, certes, à l'heure actuelle, ses plus beaux jours, mais plusieurs questions restent en suspens, notamment celles des salles de cinéma qui ferment les unes après les autres et de la piraterie. Bref, l'installation d'une vraie industrie cinématographique nationale est aujourd'hui, plus que jamais, d'actualité. Fatima-Ezzahra Saâdane