La fin programmée du Kangoo monté localement ainsi que la trêve de l'activité de Kia Motors Maroc expliquent en bonne partie le repli qu'a enregistré le marché national en 2013. Les chiffres sont désormais connus de tous : 120.766 véhicules neufs ont été vendus l'an dernier, soit une baisse de 7,33% par rapport au volume enregistré en 2012, où 130.316 nouvelles immatriculations avaient été enregistrées. Bien que négatif, ce bilan ne devrait en rien paraître alarmant. Et pour cause, quelques indicateurs positifs sont là pour nous rappeler que le marché n'est finalement pas en passe de s'effondrer. À commencer par la bonne tenue des ventes de véhicules utilitaires légers, qui se sont maintenues à l'équilibre, avec une variation de 0,72% en glissement annuel. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que 2013 n'était pas une «année Salon», l'Auto expo étant une biennale, dont la prochaine édition se fera en 2014 (mai). Cela étant, une lecture plus approfondie des statistiques des ventes fournies par l'Aivam (Association des importateurs de véhicules au Maroc) démontre clairement que deux faits marquants ont altéré le marché du neuf l'an dernier. Il y a d'abord des ventes en moins occasionnées par la suspension de l'activité commerciale de Kia Motors Maroc. Puis, d'autre part, la baisse de régime du Kangoo monté localement et qui, d'ailleurs, ne l'est plus depuis des mois. L'impact de la parenthèse commerciale de Kia Déjà en forte baisse durant 2012, les ventes de Kia Motors Maroc (KMM) se sont carrément interrompues dès la fin du premier semestre 2013. Résultat : ce sont moins de 700 ventes qui ont été comptabilisées par KMM l'an dernier, contre un peu plus de 3.750 en 2012. Bien que les analystes estiment qu'il y a eu une redistribution de la part de marché au profit de différents autres importateurs, il est bel et bien question d'un vrai manque à gagner pour le marché du neuf, KMM ayant déjà eu une casquette de «major player» et même de numéro 1 du secteur. C'est, en gros, ce qui explique que les ventes totales de micro-citadines ont plongé d'environ -38,6%, puisque la Picanto avait toujours été l'un des piliers commerciaux de KMM, sinon sa colonne vertébrale. À coup sûr, sa rivale directe, la Hyundai i10 en a profité, mais sans pour autant booster ses ventes. Bien au contraire, celles-ci ont fléchi d'environ 11% et ceci du fait que ce modèle est entré dans la dernière phase de son cycle de vie. Autre certitude, celle de croire que la Picanto aurait réalisé au moins 2.000 ventes (voire plus), si toutes les conditions d'une activité saine étaient réunies chez son importateur. La fin programmée du Kangoo CKD Autre fait majeur ayant impacté négativement le marché du neuf, l'arrêt du montage du Renault Kangoo sur les chaînes de la Somaca. Une fin qui était attendue et même suffisamment anticipée par les responsables de Renault Commerce Maroc, certes, mais qui n'a pas empêché ce dernier de voir ses ventes totales se replier d'un peu moins de 20%. Dans les faits chiffrés, on remarque que seuls 5.276 Kangoo CKD (montage local) ont été livrés en 2013, contre 10.330 unités un an auparavant. En lieu et place, RCM aura plus réussi à installer durablement les ventes du cousin roumain, Dacia Dokker, qu'à transférer la demande du Kangoo CKD, sur les versions importées (CBU). La bonne nouvelle dans tout cela, c'est que la disparition progressive du Kangoo CKD aura plus impacté Renault que le segment des ludospaces, lequel n'a enregistré qu'une faible baisse (-1,38%) de ses ventes entre 2013 (21.952 unités) et celles de 2012 (22.260 unités). Au final, il apparaît clairement que ces deux faits marquants ont, à eux seuls, privé le marché du neuf de quelque chose comme 8.000 ventes de voitures neuves. Cela, même si certains s'accordent à dire que ce manque à gagner a été compensé par les autres importateurs, selon le double postulat que le malheur des uns fait le bonheur des autres et que la demande sur le neuf reste stable, surtout dans deux segments populaires et d'accès à l'automobile que sont les micro-citadines et les ludospaces. Une thèse difficile à croire, surtout lorsqu'on contemple ces mêmes statistiques et que l'on voit que la plupart des marques du top-10 ont enregistré des variations annuelles négatives. Après tout cela, peut-être que la vérité est ailleurs...