Marseille découvre actuellement les merveilles de Volubilis et du patrimoine culturel marocain. C'est ainsi que l'exposition «Splendeurs de Volubilis, bronzes antiques du Maroc et de Méditerranée», au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille a donné le ton à l'automne marocain à Paris. À la recherche des trésors du passé Des bijoux archéologiques marocains ont fait le voyage, histoire de revenir sur un passé glorieux et multiculturel. C'est ainsi que le 11 mars, Marseille a assisté à l'inauguration de l'exposition «Splendeurs de Volubilis, bronzes antiques du Maroc et de Méditerranée», au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem). L'occasion pour des dizaines de milliers de visiteurs de découvrir la collection de bronzes exceptionnels du Musée archéologique de Rabat, dont la majorité n'avait jusque-là jamais quitté le Maroc. Cette exposition a été réalisée par le Mucem en co-production avec la Fondation nationale des musées, dont il s'agit de la première grande manifestation culturelle depuis sa création en 2011. Une initiative pour mettre en avant la richesse du patrimoine archéologique marocain souvent oublié et délaissé. C'est ainsi que tout un travail de restauration d'objets a été mis en place pour permettre à ces merveilles d'être découvertes ou redécouvertes dans le monde. «L'exposition s'inscrit dans une perspective large au Mucem. Nous avons souhaité, parallèlement à elle, témoigner de la vitalité des artistes contemporains marocains. Ainsi deux expositions en co‐commissariat avec des structures casablancaises tenteront‐elles d'interroger le rapport de l'artiste à la cité. Enfin, nous proposerons en mai à nos visiteurs un éclairage supplémentaire, avec un temps fort consacré au Maroc qui rassemblera des écrivains, poètes et musiciens. Cette exposition est une histoire, une aventure plutôt, l'une de celles qui retissent des liens et construisent un nouveau vivre ensemble, ici et là», a déclaré Bruno Suzzarelli, président du Mucem. Vivre ensemble des deux côtés en puisant dans l'histoire et en remontant à la fin de la période républicaine et la période impériale romaine avec les principaux bronzes émanant du site archéologique de Volubilis considérés, à juste titre, comme des chefs‐d'œuvres aussi bien artistiques que de savoir‐faire en Méditerranée. «D'autres consistent en des commandes de notables à l'époque romaine. Tout cela procure une grande importance aux bronzes de ce grand site archéologique qu'est Volubilis». Une richesse du patrimoine qui sera présentée selon trois parties, sur 400m2. La première partie est consacrée au contexte géographique et historique, de la Numidie à la Maurétanie Tingitane, les compositions et origines des familles maures, numides et lagides qui se sont rencontrées sur ce territoire, le site archéologique de Volubilis et son contexte de fouilles et découvertes. Une deuxième partie, qui met en exergue le monde des goûts et les modèles artistiques qui circulent en Méditerranée. La majeure partie des bronzes du Musée archéologique de Rabat, ainsi que les nombreuses œuvres dont les prêts ont été consentis par le Louvre (département AGER), la BnF (département des médailles, monnaies et antiques), le musée départemental Arles antique, le musée de l'Ephèbe d'Agde, y sont présentées selon de grandes catégories de goûts et modèles en usage dans le bassin méditerranéen à l'époque gréco‐romaine. La troisième partie de l'exposition est consacrée aux aspects techniques de la fabrication des bronzes. Ces sculptures illustre le formidable savoir‐faire des bronziers antiques qui ont emporté avec eux leurs secrets de fabrication. Un parcours scénographié et étudié de façon à ce que le public suive l'histoire sans en manquer une miette et sans s'en lasser. Cette exposition est également une occasion pour interroger ce site antique sur son histoire et faire évoquer, à sa façon, le règne glorieux de Juba II. Ce règne qui dura, comme il est établi, une cinquantaine d'années, soit de 25 avant J.‐C., à 23 après J.‐C, et permettra à Juba Il de trôner sur le vaste territoire que couvrait le royaume de Maurétanie et qui s'étendait de l'embouchure de l'Ampsaga (Oued El Kébir) à l'est jusqu'à l'océan Atlantique à l'ouest. Dans ce vaste royaume, Volubilis jouissait d'une place de choix. L'histoire prouve encore une fois que le Maroc a son mot à dire. Les collections de bronzes du musée de Rabat figurent parmi les plus exceptionnelles du monde antique méditerranéen. Bien que découverts, pour la plupart, à Volubilis, ils n'ont pas été produits dans cette région de l'Empire romain. Ils témoignent cependant d'une mode – ou de modes – en vogue en Méditerranée entre le IIe siècle avant J.‐C et le IIe siècle après J.‐C. Les lieux de production n'en sont pas connus mais des localisations sont tout de même révélées comme l'Italie, la Grèce, ou encore en Méditerranée orientale – Turquie, Jordanie – où des ateliers de fabrication ont été découverts à ce jour. Les bronzes de Volubilis se signalent par une esthétique représentative des modèles en cours dans la Méditerranée gréco‐romaine. «L'ensemble des bronzes en provenance de Volubilis est mis en espace sous le regard d'œuvres issues d'autres régions méditerranéennes. Parmi elle, de précieuses collections du Louvre, du cabinet des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France, du musée de l'Ephèbe d'Agde et du musée départemental Arles antique. Elles illustrent magistralement le langage commun des élites méditerranéennes de l'Antiquité. Il s'agit bien là d'un témoignage de ce bassin de civilisation qu'est la Méditerranée à l'époque antique : un vaste espace ouvert où les hommes circulent depuis le premier millénaire avant. J.‐C. de Tyr à Carthage, de l'Asie Mineure aux confins atlantiques en passant par la Mer Noire, de Phocée à Marseille, de Milet à Olbia, de Théra à Cyrène... ». L'exposition est le fruit d'un partenariat plus large et plus profond. La convention entre la fondation nationale des musées et le Mucem porte sur le développement d'autres volets que la FNM considère comme étant prioritaires. Il s'agit de la formation continue du personnel et de l'accompagnement scientifique de certains musées. La formation continue aura le mérite de profiter davantage au personnel scientifique de la FNM. Pour ce qui est de l'accompagnement de certains musées, dans l'élaboration de leurs nouveaux projets scientifiques et culturels (PSCL), le travail escompté portera sur deux musées ethnographiques du nord du royaume du Maroc. Cette manifestation s'inscrit dans un programme riche et varié d'activités culturelles qui seront réalisées au courant de l'année, et ceci en collaboration entre la FNM et d'autres institutions prestigieuses. Ainsi, outre le Mucem, deux autres institutions, à savoir le musée du Louvre et l'Institut du monde arabe, accordent à la FNM le privilège d'exposer, en leur sein, le Maroc dans ses multiples dimensions culturelles et artistiques. Cela va du Maroc antique – avec ce focus sur Volubilis et ses œuvres transméditerranéennes – à ce Maroc médiéval – caractérisé par ses illustres dynasties qui fédéraient harmonieusement de très larges territoires de part et d'autre du détroit de Gibraltar – pour arriver au Maroc contemporain riche par ses talents et ses expressions artistiques. Grâce au prêt exceptionnel d'une partie des trésors nationaux de la collection de bronzes antiques du Maroc découverts à Volubilis, le Mucem présente l'un des aspects majeurs du bassin antique méditerranéen. Des trésors qui rebrousseront chemin puisqu'ils seront rendus au pays et exposés au Maroc après avoir fait rêver le monde... «Splendeurs de Volubilis, bronzes antiques du Maroc et de Méditerranée» se poursuit jusqu'au 25 août au Mucem avant de donner le relai à une autre exposition d'exception : «Le Maroc médiéval : un empire, de l'Afrique à l'Espagne» au Musée du Louvre histoire de réconcilier le passé avec un avenir au «mille et une couleurs»...