Mohamed Saad Président de la zone Afrique et Caraïbes, Schneider Electric Schneider Electric vient de remporter la palme du meilleur employeur d'Afrique pour l'année 2014. Mohamed Saad, président de la zone Afrique et Caraïbes de la multinationale française, revient ici sur les projets de Schneider Electric en Afrique, ses résultats ainsi que sur les nombreux défis du continent. Entretien. Les ECO : Comment qualifiez-vous votre présence en Afrique ? Mohamed Saad : Il s'agit d'une présence historique, depuis plusieurs années déjà, dans 54 pays. Notre présence est industrielle et logistique. Elle se matérialise aussi par des centres d'engineering. L'Afrique est un continent qui nous passionne. L'Afrique, c'est plus de 1 milliard d'habitants majoritairement jeunes. Cependant, cette population a le leadership le moins important au monde. Et c'est sur ce point que nous pensons pouvoir jouer un rôle important dans le développement de ce leadership, à travers, entre autres volets, la formation des jeunes. D'ailleurs, à titre d'exemple, nous avons au Maroc un partenariat avec l'OCP pour la formation de plus de 3.000 jeunes électriciens. Nous avons aussi des centres de formation pour amener le savoir aux populations africaines qui en auront besoin. Quel type de positionnement privilégiez-vous ? Certes, il y a des pays plus lancés que d'autres, en termes de croissance, mais ces derniers finiront par suivre. Cela étant, nous avons des hubs dans de grands pays et nous couvrons directement ou indirectement l'ensemble du continent. Nous optimisons notre présence via des hubs avec une présence légère dans les pays qui ont un potentiel de développement dans le futur. La force de notre présence dépend de la vitesse du développement du pays. Nous travaillons énormément sur notre réseau (intégrateurs, distributeurs tabletiers, partenaires, etc.). Sur le continent, nous réalisons un chiffre d'affaires de plus d'un milliard de dollars. Subissez-vous les contrecoups des différents foyers de tensions ? Pour travailler en Afrique, il faut savoir gérer l'incertitude. Celle-ci peut être d'ordre politique, sécuritaire, économique ou encore sanitaire. Il est important de trouver la manière et la souplesse nécessaires pour traverser ce genre de moment difficiles sans se désengager des pays concernés. En Egypte par exemple, nous avons aujourd'hui une présence très importante. Nous avons encore un bureau en Libye, et nous présents dans toute l'Afrique de l'Ouest. Cela étant, nous ne mettons jamais en danger l'intégrité physique de nos collaborateurs. Nous mettons en place des plans sécuritaires et d'évacuation. Quel a été l'impact des évènements sur votre activité ? Il a été négatif, mais nous arrivons à compenser par d'autres pays. Par exemple, le Maroc fait une croissance à deux chiffres. D'ailleurs, c'est l'une des caractéristiques de l'Afrique: des pays performants compensent la mauvaise performance d'autres pays. En dépit de ces évènements, le continent contribue positivement aux résultats du groupe. L'année dernière, l'Afrique connaissait une croissance à deux chiffres. Où en est le programme «BipBop» ? C'est un programme très important, qui se décline en deux axes: l'accès à l'énergie et l'accès à l'éducation. En Afrique, 48% de la population n'a pas encore accès à l'énergie. Nous essayons de connecter le plus de personnes à l'énergie. Cela pourrait avoir un impact positif sur ces populations. Nous avons aussi un programme baptisé «Schneider Electric Teachers». Il consiste à former des jeunes aux connaissances techniques. Récemment, nous avons ouvert à Grenoble un centre de formation pour des jeunes filles nigérianes. Plus d'une soixante de filles ont été formées pendant un an. Quid du projet Smart Cities en Afrique ? Aujourd'hui, il faut connecter les populations à l'énergie. Nous ciblons certains projets dans les grandes villes développées. À mon avis, dans un futur proche, toutes les grandes villes devraient être connectées (énergie, eau, technologie de l'information, etc.). Nous essayons actuellement d'en assoir les bases. Nous avons un projet en Afrique de Sud. Le concept comprend plusieurs volets et plusieurs activités et métiers (paiement électronique, trafic routier, etc.). Vous avez testé une mini-centrale en France pour produire, en Afrique, de l'énergie électrique et pour l'alimentation en eau potable. Où en est ce projet ? Cette année, nous réalisons en Afrique de l'Ouest sept mini-centrales pour produire de l'électricité, de l'eau chaude et potable ou encore du chauffage. L'investissement avoisine 2 millions d'euros par projet. Nous venons de signer l'accord pour la réalisation de ces centrales et nous en somme à la phase de conception. Ces projets vont être lancés vers la fin de l'année 2015.