La CGEM Centre Nord a piloté, le 19 février, un forum régional sur la compétitivité et le progrès social à Fès. Elle met le coup de projecteur sur les problématiques saillantes que connaissent les entreprises de la région et propose des pistes de relance. Le point avec Driss Belkhayat, président de la CGEM Centre Nord. Driss Belkhayat Président de la CGEM Centre Nord Les ECO : La rencontre s'est articulée autour de la «Compétitivité des entreprises et progrès social, ou comment créer les conditions de la croissance durable». Pourquoi cette thématique ? Driss Belkhayat : Je rappelle que ce forum est initié par la CGEM et il est organisé en même temps au niveau de plusieurs régions. La CGEM Centre Nord l'organise au profit des opérateurs économiques. Et vise à mettre en exergue les problématiques saillantes que connaissent les entreprises et leur proposer des pistes pour rehausser leur compétitivité. Cette rencontre intervient suite à une étude pilotée par la CGEM et qui révèle des résultats forts inquiétants pour la compétitivité du pays. Il y a une forte concurrence sur le prix, qui tire vers le bas la qualité. Autre point négatif, la part de l'informel dans l'économie nationale. La moyenne est de l'ordre de 33% et elle peut atteindre 50% au niveau de certaines régions avec toutes les conséquences néfastes, la concurrence déloyale et le manque à gagner énorme pour le pays. Le forum est l'occasion pour lancer un appel à l'encadrement et restructuration de toutes les entreprises qui sont dans l'informel. Cette problématique de l'informel est ancienne et je me rappelle que lors de ma première intervention médiatique à la tête de la CGEM Centre Nord, j'ai précisé que c'est le premier concurrent des entreprises structurées. Aujourd'hui, l'ampleur prise par l'informel est très importante et elle est à l'origine des difficultés rencontrées par plusieurs entreprises. Les entreprises exportatrices ne sont d'ailleurs pas épargnées à cause des entreprises qui pratiquent l'informel à un certain pourcentage. Ces dernières proposent un prix qui devient le prix de référence pour les clients étrangers. Et de fait, tire vers le bas et accentue la compétitivité régionale. Il est aussi question lors de cette rencontre de débattre du coût de la main d'œuvre au Maroc relativement élevé par rapport à d'autres pays du bassin méditerranéen et aussi des pays qui ont intégrés l'Union européenne. Par exemple dans le textile, les donneurs d'ordre s'orientent davantage vers la Roumanie et la Bulgarie parce que la main d'œuvre y est moins coûteuse ainsi que les frais de cheminement des produits finis. Quelles sont les pistes d'amélioration de compétitivité ? Le forum se décline en deux axes. Le premier axe est sur la compétitivité et le second sur le volet progrès social. La compétitivité favorise la croissance et de fait, draine plus d'investissement, plus de création d'emplois et plus de confort dans la vie quotidienne des ménages. Avec les opérateurs, nous espérons débattre des meilleures solutions pour renforcer l'attractivité de la région et sa compétitivité. Il est question entre autres de renforcer le tissu économique régional, la lutte contre la concurrence déloyale et l'informel qui plombe l'économie régionale. Qu'attendez-vous concrètement ? La région devrait renforcer son attractivité et améliorer sa part dans l'économie nationale. Le wali de Fès-Boulemane a annoncé lors de la signature du CREA que la majorité des grands chantiers en instance à Fès vont être relancé en 2015. Il s'agit notamment de la zone industrielle de Ras El Ma P2I avec la création de la zone franche et l'installation de la station de traitement des eaux usées. Je pense que c'est une aubaine pour la région de Fès qui souffre de son enclavement. Nous avons attendu suffisamment de temps et il est temps pour que la région passé à une vitesse supérieure notamment en perspective de la régionalisation avancée et de la concurrence entre les régions qui va devenir encore plus rude. Est-ce que l'existence d'une zone franche est suffisante pour réduire les coûts des facteurs ? Les coûts des facteurs restent relativement plus élevés par rapport à des entreprises à Tanger ou à Casablanca près des ports. Mais la zone franche constitue un grand coup de pouce pour relancer la région de Fès. Nous tablons aussi sur le projet de l'autoroute reliant Fès-Tanger Med pour rendre nos entreprises plus compétitives. Il y a un budget a été alloué à une étude sur ce projet dans la loi des Finances 2014 et nous attendons les résultats. Il y a aussi un projet sur l'installation d'une ligne directe de transport de marchandises par train entre Fès et Tanger Med. Les autorités locales de Fès tablent plus sur l'immobilier pour relancer la région que sur des projets industriels. Qu'en pensez-vous ? Je suis d'accord. Il y a plus en plus de chantiers immobiliers et qui sont, pour la plupart, à l'arrêt actuellement. Les projets industriels se font rares pour la simple raison que les coûts des facteurs sont relativement élevés par rapport aux autres régions. La région doit-elle se spécialiser pour attirer des investissements ? Fès est resté une plate forme généraliste et vu la crise que nous traversons, je pense que ce n'est pas une mauvaise chose. Ceci étant, la ville peine à attirer aussi les investisseurs à cause du manque des infrastructures industrielles. Il n' y a pas de terrain industriel à Fès qui dépasse les 5.000 m2 et cela est handicapant. Il y a eu des demandes des investisseurs dans ce sens mais par manque de disponibilité de grands terrains industriels, ils se sont installés à Meknès.