Le 5 mars est déjà là, c'est la date annoncée par le directeur du théâtre espagnol pour la fermeture définitive des portes de cet édifice architectural et culturel de Tétouan. Tarik Mounim de l'association Save Cinemas In Morocco (SCIM), commente cette fermeture tragique : «le premier constat, c'est l'absence d'écho de la part du Centre cinématographique marocain. Si la fermeture de l'espace culturel de Tétouan se fait, c'est la preuve que le cinéma marocain souffre d'un cancer qu'est la fermeture des salles.» Les propriétaires expliquent ces fermetures par la chute libre des rentrées de la billetterie. Et ce n'est pas un hasard s'ils pensent à mettre en vente les salles de cinéma, comme c'est le cas du Ciné-théâtre espagnol. D'autres salles se sont vu reconverties en parking ou futur immeuble en stand by. L'Etat pourrait intervenir ? «Oui», nous déclare Mounim : «J'en ai parlé avec monsieur Sbihi, l'actuel ministre de la Culture, il existe une option, celle que le ministère récupère la magnifique salle de cinéma. Il faut à tout prix éviter le sort du cinéma REX à Fès, qui aujourd'hui se prépare pour devenir le garage d'un concessionnaire auto. Va-t-on laisser mourir les salles de cinéma ? Nous sommes aujourd'hui au seuil critique de moins de 37 salles dans tout le royaume». Les indices ne sont pas bons, durant le Festival du film national de Tanger, aucune table ronde ou action n'a été entreprise pour lutter contre ce fléau. Il faut comprendre que c'est un sujet tabou. Le président de SCIM souligne que : «cette fermeture est signe que la vie culturelle du nord est en danger, ce qui laisse un terrain fertile à l'extrémisme». Le cinéma reste un grand moyen de lutte contre l'obscurantisme et un levier de développement que la région devrait exploiter, non abandonner.