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Enseignement privé, le libéralisme sauvage
Publié dans Les ECO le 23 - 11 - 2009

Pour préparer la prochaine session du Conseil supérieur de l'enseignement (CSE), prévue en janvier 2010, le ministère de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique finalise des études d'évaluation dont les premiers résultats donnent froid dans le dos. Les Echos ont pu se procurer en exclusivité le diagnostic des établissements privés, qui drainent 7,8% des effectifs des élèves scolarisés.
Un constat sans appel
L'enseignement privé connaît une forte expansion au Maroc. Ce secteur émergent n'est pas encore véritablement régulé ni contrôlé. Les textes régissant ce domaine sont devenus obsolètes, y compris les dispositions de la loi 06-00 portant statut de l'enseignement privé et promulguée plus récemment en 2002. Au total, ils sont 471 704 élèves à occuper les bancs du primaire, du collège et du secondaire (qualifiant) au niveau national. Le primaire accapare 76% de cet effectif, le reste est réparti entre le collégial et le secondaire qualifiant, avec respectivement 14,5% et 9,7%. Les statistiques ont révélé que 47% de ces établissements scolaires privés, tous cycles confondus, sont concentrés le long du littoral atlantique Kénitra/Casablanca. La seule ville de Casablanca en totalise plus de 500 sur près de 2 500 pour tout le Maroc.
Par ailleurs, force est de constater que l'enseignement privé est quasi absent dans le rural et à peine visible dans des régions reculées. à titre d'exemple, il n'y a que deux établissements privés à Chichaoua et aucun à Imin-Tanoute. Il est à noter aussi que les écoles primaires privées disposent d'un personnel enseignant permanent à hauteur de 99%. Absence donc de vacataires. Et pour cause, la masse horaire des instituteurs ne leur permet pas d'avoir des arrangements avec les établissements privés. «Les enseignants actuels du primaire privé n'ont bénéficié, dans leur ensemble, d'aucune formation initiale, hormis quelques petites expériences limitées avec des ateliers d'encadrement de l'Anapec », soulignent les auteurs de l'étude.
Un diagnotic alarmant
Ces expériences ont été rapidement abandonnées à cause surtout du désengagement des propriétaires des établissements privés. Le premier constat est que le personnel enseignant des écoles primaires du privé apprend le métier sur le tas.
Il paraît donc légitime de s'interroger sur la qualité et sur la pertinence des apprentissages dans ces établissements. Au niveau du collégial et du qualifiant, le recours aux vacataires opérant dans le public est par contre massif.
Le paradoxe est que ces mêmes enseignants sont très productifs et très appliqués dans le privé, ce qui est loin d'être le cas dans le public. Un constat amer qui soulève plusieurs interrogations sur la motivation et les conditions de travail... Face à une demande grandissante, à des exigences de plus en plus croissantes aussi bien des parents que du marché de l'emploi, un enseignement scolaire privé d'un genre particulier s'est développé, drainant les élèves en situation de décrochage. Selon l'étude réalisée par le département d'Ahmed Akhchichine, ces établissements sont au nombre de 450, totalisant près de 19 000 élèves. «Les promoteurs ont investi ce marché, plutôt par mercantilisme que par engagement», constate avec amertume un responsable du ministère.
Une montée du mercantilisme
Les certificats de scolarité de fin de parcours sont délivrés même si l'élève s'absente durant toute l'année, du moment qu'il s'affranchit de ses mensualités. Le certificat de scolarité n'est pas homologué par la délégation du MEN (ministère de l'Education nationale) quand, par exemple, un élève exclu de la première année du collège s'inscrit à la première année d'un lycée privé, est-il expliqué. Autre constat, les locaux ne répondent pas aux standards des établissements scolaires. Les cours ont lieu dans des appartements exigus ou dans des maisons sommairement réaménagées. Il n'empêche que ce secteur joue, dans une certaine mesure, un rôle de «repêchage» des élèves exclus de l'enseignement. Une part minime de ces repêchés arrive quand même à décrocher le baccalauréat. « A la lumière de ces faits, il est urgent de mettre de l'ordre dans ce type d'enseignement, avec un dispositif juridique bien monté pour couvrir ce secteur », a reconnu un responsable. Par ailleurs, des établissements de haut standing appliquent les programmes de la Mission française et utilisent les manuels officiels de l'enseignement français. C'est l'unilinguisme sans aucune autorisation (il faut le signaler) pour en fin de parcours passer le baccalauréat public.
Un semblant de diversité des langues
Tous les établissements privés jouent la carte de la diversité des langues, ce qui n'implique pas ipso facto que la qualité soit au rendez-vous. Pour leur part, les parents sont contents de voir leur progéniture s'exprimer oralement en français.
Majoritairement, ils se soucient très peu de la maîtrise du reste des matières, y compris les mathématiques et la physique. Les nouveaux groupes scolaires se construisent selon les normes, même s'il est relevé l'absence des terrains de sport et des laboratoires scientifiques.
La moitié des 2 500 établissements du Maroc est relativement en conformité, alors que près de 30% sont aménagés dans des villas et le reste dans des appartements et des maisons.
Pour le ministère de tutelle, la solution consiste d'abord à trouver une formule pour l'accès au foncier, au profit des investisseurs du domaine.
Vers des solutions radicales?
Il est qualifié de « très opportun » que les aménagements urbains prévoient des équipements scolaires au profit des promoteurs privés, au même titre que l'Etat. Il s'agira ensuite d'accompagner ces derniers dans le montage du projet du début jusqu'à la fin. Cela permettra de concrétiser l'objectif de scolariser 20% de l'effectif des élèves du Maroc dans le privé. Une perspective qui contribuera énormément à alléger la trésorerie du ministère du MEN.
En chiffres, le coût moyen d'un élève de l'enseignement public est de 6 000 DH par an pour le primaire, 7 500 DH pour le collège et 12 000 DH pour le lycée, un investissement de taille pour l'Etat, qui désespère face au taux d'abandon encore trop élevé.
Ce que dit la Charte
La charte nationale a mis l'accent sur l'importance de développer l'enseignement privé pour prendre le relais du public. Voici quelques points qui ont été relevés :
«Les opérateurs dans ce secteur sont tenus de respecter au minimum, les normes d'équipement, d'encadrement, de programme et de méthodes en vigueur dans l'enseignement public».
«Les autorités chargées de l'éducation-formation sanctionneront toute défaillance».
«Mise en place d'un système fiscal approprié et incitatif, pour une durée de vingt ans, en faveur des établissements privés méritants».
«Octroi de subventions aux établissements privés qualifiés, au niveau de l'éducation préscolaire, en fonction des effectifs des enfants scolarisés et sur la base du respect de normes et de charges précises».
«Formation des cadres pédagogiques et de gestion, selon des conditions fixées par entente de partenariat avec l'Etat et un cahier de charges précis».
«Les établissements privés, bénéficiaires des encouragements et avantages, s'engagent à appliquer des frais d'inscription, de scolarité et d'assurance fixés en accord avec les autorités d'éducation-formation, de manière à rendre ces établissements accessibles au plus grand nombre possible d'élèves et d'étudiants».
Des bénéfices hallucinants
Aucun texte ne régit les prix pratiqués par les établissements privés. Ces derniers ne sont soumis à aucun contrôle émanant des instances de l'Etat. C'est le libéralisme sauvage, a décrit un parent. Les mensualités dépassent parfois les 2000 DH et plus de 4 000 DH dans les établissements de type étranger (voire même 9 000 DH pour l'école américaine, par exemple). Autre fait, des établissements privés exigent des manuels exclusifs, leurs propriétaires se transformant en libraires en début d'année scolaire. Des cartables garnis se vendent sur place, ce qui est totalement illégal, a confié un responsable du ministère du MEN.
Assurément, il faut mettre
de l'ordre dans le secteur,
a-t-il ajouté. A l'évidence, le marché est juteux. Un simple calcul estimatif laisse entrevoir un chiffre d'affaires de plusieurs milliards de DH.
Une problématique à l'quelle s'ettelle le gouvernement en vue de mettre fin à l'anarchie dans les prix pratiqués. La charte nationale stipule clairement que les prix pratiqués et les frais d'inscriptions doivent assurer une accessibilité au plus grand nombre d'élèves et d'étudiants dans le privé.
Un encadrement inadéquat
Dans chaque délégation du MEN, la supervision, le contrôle et les autorisations sont gérés par un seul bureau, dont le personnel se limite le plus souvent à un seul fonctionnaire.
L'état des lieux montre également l'absence de normes de sécurité dans la plupart des établissements privés, sans parler de l'absence de réglementation pour le transport scolaire. Sur le volet sanitaire, les conventions avec les médecins d'hygiène ne sont pas établies pour contrôler les conditions de restauration dans les cantines.


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