Une nouvelle porte d'entrée vers les quelques 300 millions de consommateurs de la sous-région ouest africaine vient de s'ouvrir au Ghana pour le business marocain. Les passerelles sont déjà jetées et devraient passer par les secteurs de la pêche, des services NTIC et des fertilisants de l'OCP, notamment. Hier, dans la capitale ghanéenne, les termes renforcement et redynamisation ont été plusieurs fois entendus dans les allocutions d'usage. Pour le phosphate et ses dérivés, tout semble indiquer que cette première étape de la Caravane de l'Export est venue bétonner le lobbying et la position de fournisseur privilégié sur lesquels travaille MustaphaTerrab depuis quelques mois dèjà. Il se touve en effet que le royaume est déjà l'un des premiers fournisseurs du Ghana en engrais, avec une valeur de 27,29 millions de dollars US en 2009. Ce chiffre, par ailleurs, aurait fortement progressé en 2010 et devrait continuer sur cette lancée au rythme d'une évolution à 2 chiffres attendue en 2011, suite à la récente signature de nouveaux contrats au profit du phosphatier du royaume. Il faut savoir que l'économie ghanéenne, à l'image d'autres pays dans la région ouest-africaine, dépend étroitement des activités agricoles. Ce pays compte aussi augmenter ses récoltes pour les années à venir, pour tenter de contrecarrer les impacts des flambées des produits alimentaires sur les marchés internationaux. À la «pêche» d'opportunités Sur le segment des produits transformés de la pêche, l'occasion a été saisie par les autorités ghanéennes pour exprimer leur souhait de ne plus se limiter à l'importation des marques marocaines, mais de promouvoir plutôt des deux côtés, de réelles actions de partenariat. «Nous cherchons des investisseurs dans ce secteur et des initiatives concrètes de transfert du savoir-faire. Le secteur industriel ghanéen est en pleine expansion, et le secteur marocain de la pêche devrait pouvoir profiter de cette aubaine», explique-t-on auprès des autorités ghanéennes. C'est un message que Abdelatif Maâzouz, ministre du Commerce extérieur, et Saad Benabdellah, le directeur de Maroc Export, semblent avoir bien saisi. Ces derniers souhaitent même aller au-delà de ces acquis. À ces deux grands secteurs, ils veulent en effet en ajouter d'autres. Les pions des BTP, de la métallurigie, de la pharmacie et du secteur bancaire, sont avancés. Pour ce dernier domaine, plus précisément, Maâzouz a profité de l'opportunité pour annoncer les ambitions de la BMCE d'étendre ses opérations au Ghana, à travers le réseau de couverture de la Bank Of Africa. Prospections Pour le reste, les 250 rendez-vous opérés hier à Accra entre les businessmen des deux pays donnent une parfaite idée de l'importance des retombées escomptées. Il faut savoir, par ailleurs, que du côté marocain, la grande majorité de la centaine d'enseignes représentées avaient des objectifs plutôt prospectifs pour l'étape ghanéenne. Pour rappel, une commission économique mixte existe déjà entre les deux économies depuis 2001. Un accord sur la promotion et la protection réciproque des investissements est également en projet. En 2010, le volume global des échanges a frôlé la barre des 76 millions de dollars, soit une progression de 75,25% par rapport à l'année précédente. Les exportations du Maroc vers ce pays d'Afrique du Sud-Ouest enregistrent une croissance constante d'une moyenne annuelle de 34% sur les cinq dernières années. Le Ghana est le troisème client du royaume parmi les pays d'Afrique subsaharienne et le deuxième dans la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Quant aux importations marocaines en provenance du Ghana, elles restent minimes, mais progressent toutefois bien plus vite, avec un rythme annuel estimé à près de 53%. Une étape béninoise prometteuse La Caravane de l'Export fait aujourd'hui escale au Bénin. Nonobstant la petitesse du marché local (9 millions d'habitants), ce pays dispose d'importants potentiels économiques, étant notamment l'un des premiers exportateurs de coton dans la région ouest-africaine. Là, le secteur marocain du textile aurait sans doute beaucoup à faire, dans un contexte de difficulté d'accès à l'or blanc sur les marchés traditionnels du royaume. Par ailleurs, sous un angle bilatéral, la valeur globale des échanges maroco-béninois a atteint près de 30 millions de DH en 2010. Elle enregistre ainsi une progression régulière en dépit de quelques fluctuations conjoncturelles. Force est de constater que la balance des échanges penche considérablement au profit du royaume, sachant que les exportations marocaines connaissent depuis 2010 une forte reprise vers ce pays. Quoi qu'il en soit, là aussi, Maâzouz compte bien jouer la carte de l'accord de libéralisation des échanges et des investissements avec les pays de l'ensemble UEMOA.