Connu à la télévision, Oscar Sisto rappelle les épisodes tant attendus de la Star Academy. Depuis 3 ans, il donne des masterclass devenues cultes pendant le «Marrakech du rire», des masterclass qui commenceront en amont cette année. Confidences sur les coulisses d'un rendez-vous de partage et de révélations sur le vrai visage d'un comique... «La scène est un muscle que l'on perd si l'on ne joue pas assez...» Les ECO : Quelles sont les nouveautés de vos masterclass cette année ? Oscar Sisto : Nous avons doublé le temps de travail. Comme on joue devant un public, à la fin de la semaine, nous n'avions pas le temps de peaufiner les choses. Ce que nous avons fait, ici, dans le Studio des arts vivants pendant deux jours en plus du casting. Et cette année, j'ai décidé de prendre des gens moins jeunes, 45 ans - 50 ans parce que c'est bien pour les jeunes de ne pas rester qu'entre eux mais de se mélanger. Ensuite, il y a les fidèles qui reviennent comme Keltoum qui décroche maintenant des rôles importants à la télévision. Grace à Jamel et à Karim, ces jeunes se rendent comptent qu'être acteur, c'est une véritable profession. L'ambiguïté du rire, c'est qu'on doit donner l'impression qu'on ne travaille pas alors que c'est une profession à part entière. Le comédien doit d'abord structurer son travail, être structuré mentalement puis se professionnaliser. Un bon humoriste est donc forcément acteur... On n'est pas humoriste sans être acteur ! Un acteur est celui qui passe à l'acte. Depuis la nuit des temps, depuis les grecs, il y a la tragédie et la comédie. Un humoriste est un acteur qui a choisi de faire rire. Si vous analysez bien, les situations comiques sont souvent les plus tragiques. Même un film de Charlie Chaplin peut être drôle et triste à la fois. Mon travail est un travail modeste d'éducateur car l'éducation est primordiale. Les jeunes doivent être curieux, qu'ils apprennent à lire, à regarder des films, à s'ouvrir au monde. Malheureusement, je ne parle pas arabe mais j'adore cette langue, je fais appel à un traducteur pour accompagner les arabophones, mais mon but n'est pas que le MDR, mais d'aller plus loin et créer des microcosmes qui vont continuer à écrire, à écrire... Comment accompagnez-vous ces gens, qu'est-ce qu'il est important de leur transmettre ? À ces jeunes, semi-professionnels, débutants, j'en ai beaucoup, qui n'avaient jamais rien fait auparavant, mon but et mon travail est la technique. Chez les grecs, art veut dire technique, il n'y pas d'art sans technique. Je leur explique que la chute sera plus percutante s'ils s'y prennent de telle manière ou s'ils bougent de telle manière, comment respirer, comment utiliser les bons ingrédients pour un bon couscous et le rendre plus savoureux. Il y a des secrets ! Les formules pour un meilleur timing, des nuances et l'endurance aussi. La scène est un muscle et si on ne joue pas assez, cela se perd... Est-ce que vous avez eu des révélations, de jolies surprises ? Oui, mais je me place plus comme pédagogue. Des gens qui ne sont pas encore prêts aujourd'hui, le seront demain ou dans quelques années. Je ne cherche pas forcément la perle rare ou le futur grand comique. Ce n'est pas mon rôle, il y a la scène ouverte pour cela. Je me concentre sur des gens qui ont envie pour les accompagner, leur donner les techniques et les secrets. Être comique, c'est très compliqué, derrière un Gad Elmaleh ou un Jamel Debbouzze, il y a un énorme travail, même s'ils donnent l'illusion que c'est facile. Dans une étape de casting, qu'est-ce qui va faire la différence entre les candidats ? La disponibilité, un sens innée de la scène et quelqu'un qui a envie de partager. J'ai quelqu'un qui a un physique étrange, qui n'est pas forcément drôle et qui est même timide et il en joue sur scène à la Woody Allen. Il dit «je ne suis pas drôle» et cela fait déjà rire. J'ai trouvé cela intéressant. On dit souvent que les humoristes sont les plus tristes. Est-ce que vous confirmez cela ? Triste non, mais je trouve qu'il y a du tragique, qu'ils utilisent pour rebondir et devenir comique. Il n'existe pas au monde quelqu'un qui rit 24h sur 24. Il faut pouvoir se mouvoir. Les comiques, quand ils donnent des moments d'émotion, c'est là où on applaudit plus fort. Au fond, on aime rire et pleurer, s'amuser et s'émouvoir. C'est important d'être comique, mais pas que cela...